Instantanés (tranche de vie, billet d'humeur, etc.) - Nouvelle
Moi c’est Jojo. Le baigneur celluloïd de 50 cm. Type européen. Yeux bleus bouche rose grand teint. Du moins c’est ce qui me définissait sur l’emballage lorsque j’ai atterri chez mon amie Lili, après transit dans la sacoche du facteur à vélo. Expéditeur : la marraine de la ville. Je n’en sais guère plus, mais à quoi bon ?
Depuis le temps que dans la malle j’attendais ce moment… Enfin quelqu’un me prend dans ses bras. Euh… ça, c’est ce dont je rêvais. La réalité c’est plutôt : une main me saisit du bout des doigts, tandis qu’une bouche éructe « Beurk ! ça sent le rat fermé ».
Bougre de petit nigaud,
Toi le pionnier du camping sauvage depuis des millénaires,
Au mépris de la motorisation ne te déplaçant qu’à pied (mais quel pied !)
Crinière hérissée mode « Iroquois », rayures crispées sur le front, Grand père Zébrix tape du sabot sur le sol pierreux du paddock. Ça va barder !
Un hennissement tonitruant sonne le rappel :
– Zozo, Zaza. Iciiiii tout de suite !
Les deux galopins n’en mènent pas large. Ils arrivent, traînant les pattes, blottis l’un contre l’autre.

La petite Léa a sommeil. Elle lutte mais ses yeux se ferment tout seuls. On dirait que le marchand de sable est passé dit Papa. Il installe un petit sac de couchage dans un coin de la coulisse, calé bien confortable sur des cartons de costumes d’où s’échappent un pan de velours rouge, un bout de ruban turquoise. Comme ça elle peut dormir quand la soirée se prolonge exagérément.

Pour le Capitano Renato Gianfranco, c’est le jour J. Au lever du soleil, 6 heures 56 minutes et 15 secondes, sera son heure de gloire. Aux commandes de son U boot 33, il sortira le premier du bassin numéro un. Mission de reconnaissance dans l’estuaire. Ne pas se faire repérer par l’ennemi.
Un texte en s'inspirant d'une photographie : ICI.
Tableau : « Montauban sous la pluie »
Musique : Vivaldi : « L'hiver » ( Daniele Orlando, i solisti aquilani )
« Le Moulin de la galette » d’Auguste Renoir