Accueil

Inclassable - Nouvelle

Hors saison : Francis Cabrel       

 

C’est le silence qui se remarque le plus.

Coline court sur l’herbe fraîche au bord de l’eau, Sandrine la suit et Mathilde crie. Bernard est essoufflé. Quelques gouttes de sueur perlent sur sa peau noire, autour de son sourire permanent tout blanc.
Ils courent, joyeux, le long des rives du lac.

Marcel connaissait bien ce chemin. C’est celui qu’il empruntait depuis tout petit pour rentrer de l’école avec ses copains. Mais aujourd’hui, le grand Félix avait manqué la classe et les deux sœurs Bruyère étaient parties devant sans l’attendre. Si bien qu’il se retrouvait tout seul au milieu de la forêt déjà bien sombre.

Un matin, alors que je sortais de mon lit, je me suis aperçu, à mon grand effarement, que je ne tenais plus debout. En moi, rien ne tenait plus et je ne tenais plus à rien. Tout se détachait de moi, tout irrémédiablement chutait. Des pans entiers de ma personne, et d’abord de mon corps, lamentablement s’écroulaient. Je me perdais dans un fantastique détachement. Incroyable ! J’existais en pure perte.

        Ce lieu m’avait toujours paru inhospitalier. Peut-être à cause du rempart en partie effondré cernant la bâtisse grise comme la roche. Une vieille femme qui était venue chez nous refaire les matelas avait parlé d’un manoir hanté bâti sur un îlot qu’elle ne pouvait situer avec certitude. On le disait habité par l’Ankou. Ce squelette terrifiant qui personnifie la mort en Bretagne.

Ils sont en retard. On attend un quart d’heure et on commence !

—…

Je suis épuisée de ne rien faire.

Cela fait des mois que vous m’employez à poser pour votre bande d’élèves ricanants et rustres, qui préparent pour votre seule gloire une œuvre qui devrait, disent-ils, être magistrale.

Gustave,

C’est bien connu, le bonheur des uns fait le malheur des autres.