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Je m’en souviens. Il portait un parfum très poivré, presque lourd, un truc d’homme. Comment voulez-vous que je n’y pense pas chaque jour que fait la terre ?

 

Dans ma jupe noire à petites fleurs chinoises bordée de dentelle italienne, dans mes petits souliers qui claquent sur le sol, que je sois là ou ailleurs puisqu’il faut en passer par les étagères, je marche dans le magasin de jouets pour hommes. Il y a des femmes frémissantes au bras de leurs maris, j’ai semé celui qui imagine être le mien entre le carrelage bleu et les listels chocolat.

Petite automate, eau tomate (aqua e pomodoro) au chignon de danseuse, aux membres quasi désarticulés, je déambule au milieu des diables à roulettes que poussent les pantins en chemises vertes et pantalons noirs.

L’oublié du secteur baignoire et robinetterie a retrouvé ma trace, tant pis. Pour ma part j’ai jeté la boussole, c’est pratique, et faut dire que je ne savais pas m’en servir.

Il parle avec un gars au tissu vert. Un académicien ? Ne serait-ce l’absence de ruban, on aurait pu y croire.

Et c’est à ce moment-là.

Je vous jure que depuis 14h40 je faisais tout pour n’y pas penser. Je vous jure que j’ai essayé. Un bonhomme est passé, post-it griffonné coincé entre deux doigts. Il portait ce parfum très poivré, un peu lourd, ce truc d’homme. J’ai respiré à plein nez comme si avant j’avais manqué d’air. Je n’ai même pas eu la rabia d’avoir échoué dans ma tentative d’éloignement. L’homme au post-it a remarqué ma surprise, s’il a pensé qu’il me plaisait, tant mieux pour lui. J’ai failli lui demander le nom du parfum.

Mais désormais.

Io lo so. Non dimentichero.

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Commentaires

Piroys (manquant)
Très belle écriture, mais au

Très belle écriture, mais au service de presque rien . Dommage, car cette ébauche de début d'histoire méritait d'être développée autrement que ces 2 ou 3 lignes distraitement jetées .
J'arrête ici car mon commentaire risquerait de s'avérer plus long que le texte...
Mais il est vrai que je n'ai jamais trop aimé les micros.

luluberlu
Portrait de luluberlu
Le magasin de jouets pour

Le magasin de jouets pour hommes… j'ai semé celui qui s'imagine être le mien : grand éclat de rire.

J'ai bien aimé l'humour très subtil de ce texte mais également la poésie qu'il dégage. Dans une grande surface de bricolage, faut le faire ! Un récit poivré.

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