
Têtes basses ils vont comme deux portefaix,
Les âmes en sanglots qui de chagrins inondent
Leurs cœurs inconsolés qui ne trouvent la paix
Qu’aux échos de leurs voix quand d’aucuns y répondent.
La honte sur la croix et leurs fois aux tombeaux
Ils craignent que leur langue aille taire aux calvaires
Leurs mots d’amour féconds aux souvenirs des eaux
D’où déclot un vieux râle ornant les ossuaires.
Du givre des caveaux pétrifié sur leurs doigts
S’écoule un long soupir qu’une plume dérange,
Des bottes embourbées aux ornières sans voix
Hurlent des châtiments à leurs grimaces d’ange.
Les vieux poètes fous se tenant par la main
Déchiquètent la rime où le quatrain sublime
Embaume les jardins où crève un pauvre nain
Qui croyait qu’en l'onction la fin nous les supprime.

Commentaires
Merci d'avoir permis cette publication.
Il est vrai que je poste souvent à regret en néoclassique quand je n'ai vraiment pas trouvé pour le classique. Pourtant le néoclassique n'est pas une sous-catégorie, c'est un genre à part entière.
Pour les 2 derniers vers, disons que le nain représente "la gouvernance" sous toutes ses formes: l'ordre, l'efficacité etc. Celle-ci n'a que faire de la poésie et elle croyait que la fin du dernier quatrain supprimerait les poètes dans l'extrême-onction (tout de même !)
Une belle maîtrise de la prosodie.
Des tonalités bien choisies pour valoriser le sujet.
La métaphore du dernier quatrain est un poil mystérieuse.
Bon pour publication
C'est un bon texte. Il aurait "presque" sa place en classique. C'est dommage de ne pas avoir pu éviter les deux toutes petites erreurs qui l'empêchent d'y entrer (pétrifié et embourbées).
Oui pour publier en néo-classique.