
Costume ajusté
Cravate bien nouée
Souliers cirés
Faux-semblants à l'étal
Ici l'habit semble faire le moine
PARIS !
Et meurent les agneaux
Et vêtir la peau du loup
Et gare au sourire sincère !
Et aux mots qui s'éjectent
Tu es le gibier que vient de flairer la charogne
Paries !
Il te regarde et te snobe
Toi le Nègre,
Lui le Noir blanchi,
Recuré par la coexistence.
Rongé par les mites de l'oubli
Il pue le bois mort
Et parce qu'il vit dans la marre
Il se prend pour un caïman...
A-t-il oublié que même saoule une souris ne danse pas la polka des chats ?
Il parle de stress
Tel on parle de mode
Et essaye de se fondre
Dans ce trop blanc décor.
Il entretient le froid
Afin d'éloigner la chaleur
Ses yeux disent le dédain
De son cœur devenu aveugle
Lui, enfant du sahel, que fera-t-il lorsque la tradition viendra réclamer son tribut ?

Commentaires
C'est un texte très intéressant et dont les mots, les phrases et les images sont révélateurs de cette vision que l'on a des siens quand on arrive en ville...
Mais que les sentiments ressentis dans ce texte n'ont pas le monopole de la couleur... car il est possible de le lire blanc sur blanc.
Les capitales, le système, la vie, l'évolution font de nous ce que l'on ne souhaite pas toujours.
Pour la technique, j'aurai fait 2 ou 3 changements mais, tel quel, il est très bien.
Beau texte, beau sujet
Merci
K
Bien aimé la "polka des chats" :-)
expression imagée qui m'a fait penser à Mozart tué, sans doute, par le manque de soleil (carence en vit. D, lack de résistance aux agressions virales)
si c'était fait exprès, un bravo ! puisque le texte peut échapper, grâce à cet artifice habile et amusant, à l'impitoyable monotonie du politiquement correct
les vers ne sont pas toujours musicaux et leur enchaînement encore moins mais c'est un reproche redondant chez moi, ça :-)
quoique, en l'occurence, on pouvait souhaiter un rythme de tambours, par exemple, ou des variations de clarinette à la Sydney Bechet (un pionnier de l'intégration, de plus)
"Nobody knows all the trouble I've seen
Nobody knows but Jesus !" (gospel, tradition d'introduire un rythme dans toute protestation ou constatation désagréable)
Connaissez-vous Art Tatum ?
Je crois que vos poèmes aux sujets "sérieux" gagneraient beaucoup à son écoute :-)
Publication : oui
Le propos est bien servi par quelques belles originalités, comme le noir blanchi "récuré par la coexistence", qui "se prend pour un caïman" et "qui pue le bois mort".
Cette "polka des chats" assez inattendue dans un sujet passablement grave m'a également fait sourire, c'est assez décalé, ça surprend, c'est bien.
Un texte qui mérite un détour en tout cas.
Je serais assez curieuse de connaître l'interprétation de l'auteur de son dernier vers, mais il s'agit là plus d'une question de fond que de forme, pour le plaisir du débat :-)
Les mots sont bien posés. On imagine assez bien les pensées du "Nègre" et du "Noir blanchi" qui se regardent, s'opposent, se jugent peut-être.
Le rythme est bon bien que le dernier vers de la 2e strophe soit un peu trop long.
Oui pour publier en vers libre.
Le premier des deux longs vers est très sympa, décalé et parlant. J'ai moins aimé le "il pue le bois mort" qui met le racisme sur un pied d'égalité et rend le texte un peu trivial, je trouve. Mais ça reste un bon texte, interpellant, et qui quelque part peut aussi vouloir dire : à raciste, raciste et demi (ou encore : nous sommes tous le "nègre" de quelqu'un).
J'ai trouvé le thème assez dur (qui dirait que les noirs qui entrent dans le système des blancs deviennent donc moins bon - c'est assez peu nuancé, je trouve). Par contre c'est assez bien traité.
Au niveau lecteur, je pense qu'il y a deux ou trois endroits où l'on pourrait fluidifier le propos (comme par exemple ici : tu es le gibier qui vient de flairer la charrogne / tu es le gibier qui flaire la charrogne).
Une lecture déstabilisante, donc intéressante.