
Au fond du « Big hole »
Elle arpente les échelles
Un colis de pierres sauvages
Sur le crâne
Soucieuse !
De la suie pour talc
Des soupirs comme couronne
Kimberley, ville maudite.
Elle porte des marques
q
r u
Sur son dos a é
Un chantier permanent
De sentiers de plaie
De bitume en croûtons
De sang.
Sur les « Montagnes du lion »
T O
C G
Le cristal O O
N A
L
Miroite le terne
De nuits sans mémoires
De feux
De rapts
De viols...
La vie se conte en bribes
Des chaînons manquants
Oubli pour survie.
Et,
Au clair de lune pourpre
Ses yeux traquent le vide
a
c
c
r r un souvenir...
o e
c h
Oublier l’haleine du maître
Qui rampe
Oublier les cris d’extases
Qui glacent
Rechercher dans le cristal souillé
Les secrets de la non-existence.
Cependant...
Sur la croisette
Elle descend les marches
Un diadème de pierres précieuses
Sur le front............................Majestueuse !
Kimberley est belle
Auréolée de gloire
Fardée de joie.
Elle revêt fièrement
Le trophée des vanités
Le triomphe étalé
Sur tapis rouge
Les hourras fusent
DE BEERS sourit
À peine
Décent !
Au festival du caprice
L’insolente légèreté
Aux bras de magnats
Flâne
Appâte
Consume ...
I
R E
Éclatant le P S
M
De rires d’enfants
D’amants fougueux
D’aventures sans fin...
Sous un ciel de lit
Des ombres fiévreuses
S’entremêlent
Et,
Au seuil du plaisir
Piétinent les éclats
Du collier d’onyx
Au sol gisant.

Commentaires
L'auteur(e) ne fait plus partie du site mais il/elle nous a laissé son texte magnifique.
Le calligramme épouse bien le fond, c'est très bien fait.
Ma lecture n'a pas été parasitée par la forme.
Personnifier la ville Kimberley, son contraste, donne une dimension très forte dans le déroulement de l'histoire.
La force des vers, la tonalité, le rythme, je ne me suis pas ennuyée durant ma lecture.
L'auteur(e) n'est plus là mais j'aime avoir l'occasion de lire des textes variés.
Publication : oui
Des calligrammes et une mise en page qui servent bien le sens. Ici l'effet accentue et met en lumière le fond, au lieu de lui servir de numéro de cirque comme c'est malheureusement parfois le cas.
Le choc, le hiatus entre les deux parties sert également bien l'idée sous-jacente. Le contraste est réussi, et au passage j'ai appris qui était "De Beers", moi qui ne suis pas adepte de bijoux pour deux sous, je ne connaissais même pas...
Il n'y a que la fin, après "prisme", qui me laisse un peu perplexe ; je n'ai pas tout compris à ce collier d'onyx, il doit probablement me manquer des références.
Bon, une fois que l'on sait que Kimberley est une ville et que l'on y extrait des diamants, on comprend (http://fr.wikipedia.org/wiki/Kimberley_(Afrique_du_Sud) ). On a les clefs, on peut y aller de notre modeste commentaire.
Premier point : bien vu les calligrammes. Ils viennent à point nommé illustrer ce poème. Idem les premiers vers en forme d'échelle (c'est là qu'on voit que le commentateur a pris la peine de comprendre, tudjiu !).
J'ai également apprécié la mise en miroir des deux parties du poème. Elle témoigne d'une réflexion (dans les deux sens du terme : "changement de direction des ondes" et "faculté qu'a la pensée de faire retour sur elle-même" poussée et d'un sens critique aiguisé ainsi que d'une connaissance certaine en ce qui concerne cette ville.
Deux vers ont achoppé :
- "De sentiers de plaie" : que je n'ai pas bien compris. je l'aurai exprimé différemment comme par exemple : De sentiers et de plaies, ou bien De sentiers fait de plaies... Enfin, je ne sais, je détourne peut-être le signifiant voulu par l'auteur.
- "Des chaînons manquants" : qui de mon point de vue casse la rythmique.
J'ai trouvé très percutants les vers suivants :
"Oublier l’haleine du maître
Qui rampe
Oublier les cris d’extases
Qui glacent"
Globalement, il y a dans ce poème une espèce de mise en abyme puisque les calligrammes représentent ce que les vers expriment et vice versa.
Publication : oui