
Assis là,
mon âme de chien battu
le chœur à fleur de peau
contemple la face cachée
de l'orage.
J'ai hérissé des herses
avalé les pieux
mes larmes et les averses
dans le rictus des cieux...
Je hais la compassion le sais-tu ?
Un cœur qui s'est épris jamais n'oublie le goût de la déception, je le comprends maintenant !
Et pourquoi oublier ?
C'était une nuit bancale
où ne brillaient étoiles ni présages.
Ton corps s'est enfiévré,
ta bouche aussi ;
des mots,
des horizons...
Aujourd'hui je sais que tu délirais.

Commentaires
Pas sans intérêt, c'est ça.
Pas sans talent, non plus. Avec de jolies trouvailles et de moins séduisantes maladresses ( voulues, les maladresses ? On dit souvent ça, c'est curieux )
On ne s'ennuie pas à lire. On ne vibre pas, non plus.
Un texte qui, à mon sens, mériterait d'être re-travaillé, peaufiné, limé, lustré et re-présenté tout beau tout neuf dans un écrin de sonorités de velours, souples, douces et qui donnent le frisson.
Un joli texte parfois surprenant, parfois plus conventionnel. Le début m'a accroché, bien que (parce que) le assis-là demande du travail. Interprétations multiples possibles : élision du sujet je, l'âme (mais alors il aurait fallu assise), le coeur (je n'arrive pas à donner sens au choeur). La face cachée de l'orage est une image magnifique (qui sait ce qui se cache derrière nos emportements)...
J'ai moins aimé la deuxième strophe en rime, que je trouve parfois maladroite : hérissé des herses me semble redondant tant au niveau du sens que de l'image, par contre j'ai aimé le rictus des cieux, ainsi que ce petit vers isolé qui jaillit de nulle part : je hais la compassion, le sais-tu ? L'intrusion du "tu" m'interpelle, qui est-il ? Dans ma lecture, il me plonge dans le texte (le tu étant moi, lecteur) alors que jusqu'ici j'en étais spectateur. Par contre le vers suivant, un peu lourd et un peu long m'en éjecte alors que j'entrais à peine... dommage.
En ce qui concerne la dernière strophe, le deuxième vers me semble un peu difficile, marqué par une construction un peu bancale (mais c'est annoncé, la nuit est bancale) sans doute à cause d'un double effet : inversion et élision, c'est beaucoup pour un seul vers.
Le dernier vers entièrement ouvert est très intéressant.
Un texte perfectible donc, mais pas du tout sans intérêt.
Publication : oui
Certaines maladresses ou choix de l'auteur me laissent un peu en retrait, comme cette première strophe où on ne sait pas bien si c'est l'âme ou le "choeur" (étrange, ce choeur, je n'en saisis pas bien le sens, ou bien l'auteur a-t-il voulu dire "coeur" ? Dans ce cas il y a une répétition malheureuse un peu plus loin) qui contemple la face cachée de l'orage (j'ai aimé cette image-ci par contre : la face cachée de l'orage).
De même que ce "assis là", un peu isolé du reste de la strophe, puisque la personne qui s'exprime n'est pas le sujet qui contemple (ou alors il manque un "je" quelque part).
De même que ces deux phrases qui, à mon goût, font un peu retomber la poésie, alors même que l'une d'elle reprend pourtant le titre du poème :
Un cœur qui s'est épris jamais n'oublie le goût de la déception, je le comprend maintenant !
Et pourquoi oublier ?
Par contre, de beaux passages, et il émane de l'ensemble une vraie atmosphère.
J'aime beaucoup ce "je hais la compassion, le sais-tu ?" jeté là au milieu, et toute la dernière strophe, que je trouve forte, surtout ces "horizons" évoqués tout en points de suspensions, et ces délires qui n'ont pas tenu leurs promesses.