
Elle dort…
Allongée sur son lit de rêves, elle écrit dès que le sommeil l’emporte…
Elle écrit sur chaque page blanche de sa vie. Des mots de lune… Des mots bleus suspendus aux étoiles… Des mots qui brodent des plages autour des îles de désirs… Des mots échevelés de rires qui se souviennent du futur…
Parfois les mots n’ont pas la bonne couleur, elle les pousse jusqu’au bord de sa vie, et ils tombent du lit comme des feuilles mortes, sans bruit…
Parfois les mots chuchotent… Rien qu’une absence de bruit… Le souffle d’un silence…
C’est l’extase d’une œuvre qui grandit, nuit après nuit, au cœur du livre de sa vie.
Page après page… page après page…
Oui, mais l’aurore de ses doigts de velours tire en délicatesse les rideaux de sa nuit. Des orbes de lumière bousculent ses paupières.
Ah ! Une rature sur la page ! Un mot s’est échappé. Un autre s’est figé là ! Les autres s’agglutinent à la suite.
C’est un embouteillage, une montagne de ratage. Un massacre de palabres grotesques qui ne veut plus rien dire.
Une cacophonie. La vie pleure et gémit. La vie a suffoqué. La vie s’est arrêtée…
La plume s’est affolée, commence à gribouiller. Ferme vite le livre, il est déjà taché…
NON ! Non, ouvre une une parenthèse… Et sur la page blanche coule-s-y du silence, de l’encre transparente, des points de suspension… Jusqu’à la nuit suivante…
Alors, quand l’heure sera venue dans un retour hypnagogique, rouvre le livre de ta vie.
Ouvre le bal des mots jolis.
Reprends ta plume ensommeillée.
Reprends ta vie où tu l’avais laissée....


Commentaires
Ah ! le bal des mots jolis : des mots de lune... des mots bleus suspendus aux étoiles... des mots qui brodent des plages autour des îles de désirs... des mots échévelés de rires, des mots qui chuchotent...
Page après page... n'hésite pas, continue à écrire le livre de tes rêves et nous en redonne lecture !
Merci pour tous ces jolis mots.
Le récit est beau et bien imagé. On est subjugué par l’existence agitée et multiple des mots, de ceux que l’on croise seulement dans les songes.
Avec cette belle histoire vous nous faites rêver Mademoiselle Nonyme et nous donnez encore davantage l’envie d’écrire.
Question : combien faut-il de points de suspension pour arriver à la nuit suivante ¿ (certainement hypnagogique).
L’intuition artistique ressemble en effet aux hallucinations hypnagogiques − par son caractère de fugacité, − ça vous passe devant les yeux, − c’est alors qu’il faut se jeter dessus, avidement (Flaub., Corresp., 1866, p. 93).
Merci pour le « gribouillage ». Des parenthèses comme celle-là, on en redemande.
"les mots échevelés de rire qui se souviennent du futur": Serait-ce là
un symptôme de confiance en l'avenir, un signe d'optimisme ?
Quant "aux mots bleus suspendus aux étoiles" j'ai bien l'impression que cette dormeuse de V.K t'en a prêté quelques uns pour écrire ce texte délicat...