Coucou Tintin, c’est moi, c’est Bonzo.

Tu ne me connais pas, mais moi, de là-haut, je te vois.

Tu as de la chance d’être caché dans une vieille malle au fond de ce grenier.

Moi, je ne sais pas vraiment où je suis, je crois que je suis mort…

Mais non, je ne suis pas mort puisque je te vois et je te parle.

Pourtant je ne vis pas comme elle le voudrait.

Elle aimerait me serrer dans ses bras, m’asseoir sur ses genoux, me parler comme avant.

Mais avant, tu sais c’est loin, tellement loin.

J’étais son bijou, son ami, son amour, son nounours.

Et moi, moi qui n’étais qu’un ours en peluche, le front marqué par une pièce en métal blanc, moi je me coulais dans ce délicieux bien-être, cette chaleur, cette douceur de coton.

Le temps a passé et il est souvent destructeur.

Relégué dans un grenier je touchais le fond du désespoir.

Des enfants m’ont sorti de cette poussière.

Ils ont joué avec moi comme avec une balle, sans respect, sans amour.

Elle ne l’a pas vu, ne l’a pas su.

Puis vint ce jour néfaste où la maison si chère à son cœur a été vendue.

C’est là que je disparais pour errer quelque part parmi ces nuages inconnus.

Oui, tu as de la chance mon Tintin, parce que même si une main  t’a saisi du bout des doigts, même si tu sens le rat renfermé, ta Lili t’a retrouvé.

La mienne ne sait pas où je suis…

Mais je la connais bien, elle si rationnelle – tu vois mon Tintin j’emploie même des mots compliqués – elle continue de me chercher.

Dans ces vide-greniers qui fleurissent un peu partout, elle furète dans les vieux landaus, les vieilles malles… On ne sait jamais !

Elle ne m’a pas oublié, tu vois mon Tintin, je suis là tout au fond de son cœur, et j’y suis bien.