C’est la rentrée ce lundi matin.

    « Préparez-vous les enfants, dit Mademoiselle Pointu la maîtresse, aujourd’hui nous allons poser pour la photo de classe. »

    « J’aime pas les photos, grommelle Isidore le mulet, les trois poils qui lui servent de frange hérissés, le regard courroucé.

En plus je ne vais pas me coincer les zygomatiques à côté de ce bellâtre emplumé. »

Le bellâtre en question, Julio el Gallo, se pavanait dans la cour de récréation, jouant du plumage, frissonnant des ailerons devant ces dames juponnées sous le charme.

    « Moi j’aime, moi j’aime s’écria de sa petite voix aiguë Presto l’écureuil qui, sautillant comme monté sur ressort, alla se réfugier sur une des branches du seul arbre de la cour de l’école. »

Gribouille le lapin, toujours à moitié endormi, une oreille encore froissée, sortit de son cartable attiré par l’excitation ambiante.

    « Je n’ai pas fini ma nuit, dit-il d’une voix pâteuse. »

Il faut dire que la « rave » de ces jours derniers avait été éprouvante…

C’est alors que, toutes cornes en avant, surgit Tonio le bélier.

    « Mais c’est pas fini ce raffut, dit-il très en colère.

Je vais vous mettre d’accord, moi, si vous ne savez pas le faire ! »

Foxy, le renard, museau affûté, oreilles dressées, regardait Nuggets la poule rousse d’un œil aiguisé.

    « N’y pense même pas, lui dit Gabby le perroquet, ou j’ameute tout le voisinage ! »

Placides, de l’herbe fraîche entre les dents, Bella la vache et Berlioz le cheval, observaient cette révolution de cour d’école d’un œil amusé.

    « Laisse-les, dit Berlioz, ils finiront bien par s’accorder !

    « Allons, allons, dit Mademoiselle Pointu, placez-vous, le photographe est prêt »

    « On se détend, un petit sourire et clic, dit ce dernier, c’est terminé.

Bonne journée à tous ! »