Mon cher jardinier,
Sais-tu, mon cher jardinier, que je suis libre d’aller où la rosée me porte… où le vent me pousse…
Je suis libre, libre avec obstination mais avec lenteur.
Je batifole sur l’herbe mouillée, je fais des glissades et parfois même, si la feuille est bien tendre, je la mordille, je la mâchouille, je fais des galipettes…
Elle en frémit la gourgandine !
Celle que je préfère, c’est la « Petite Centaurée » avec ses adorables petites fleurs roses.
Elle m’aide à digérer si je me laisse aller à trop me sustenter dans son vert feuillage.
J’ai bien essayé la « Serratule des teinturiers », mais ses feuilles sont maigrichonnes et surtout, je me suis retrouvé avec les antennes jaunes et clignotantes !
Mes copines m’appelaient « Cordouan »…
Non, non, je vous le dis, restons dans le local.
Ton jardin est idéal pour cela.
Je m’y prélasse comme un chat alangui.
Et je trouve mon plaisir tout en lenteur, je glisse sur mon pied et, vous l’avez remarqué, je ne recule jamais.
Voilà, c’est ma vie, paisible, lente et silencieuse.
Et je rêve…
Alors mon cher jardinier, avant d’avancer, regarde bien où tu mets tes sabots parce que, qui sait, peut-être l’envie m’a-t-elle prise de me prélasser sur leur bois, surtout s’il est en tilleul…
Commentaires
Légèreté et malice dans ton texte. Un sympathique petit limaçon " libre avec lenteur " et content de l'être, d'être aussi l'hôte de ce beau jardin où l'on mange local et sain !
Petit conseil : si tu pouvais seulement épargner un peu les salades, au moins les salades !! elles sont si belles, croquantes et craquantes à souhait ! De notre côté nous ferons en sorte de ne pas écraser ta fragile et rose coquille ! Prudence tout de même petit cagouille ; ta petite taille te rend bien vulnérable.
Bien aimé : - Libre d'aller où la rosée me porte, libre avec obstination et lenteur
- Elle en frémit la gourgandine !
- Je me suis retrouvé avec les antennes jaunes et clignotante.
Une bonne et amusante idée finalement que celle de répondre au jardinier !!