
Version audio (musique et texte lu par Luluberlu) : ICI
Pas de danse, notes de musique, tableaux et bois sur la partition de la vie…
Venus d’ailleurs, nous n’avions pas de lien, pas d’attache… exubérance végétale sans nom, corps en formation, vers un état, des formes, un avenir…
Les notes de musique rythmaient nos errances, happés par la magie des lieux.
Çà et là, les bois à peine effleurés nous électrisaient, nous énergisaient de leur puissance.
Tressaillants, tels des pantins désarticulés, nous mêlant, démêlants, vibrants.
Emportés, spirale infernale, sans aucun contrôle, elle nous aspirait, projetait dans l’immensité.
Corps qui volent, virevoltent, un air qui trotte, plaisir solitaire ou partagé, couleur de feuilles, couleur d’écorce, couleur de rêve envoûtant.
Écosystème vivant, vibrant, l’arbre prend racines… La vie dans une graine, l’émotion sommeille d’abord, puis, doucement, lentement se révèle.
Mouvement musical, à l’unisson nous formons un tronc commun, modelons de nos bras et de nos mains le feuillage frissonnant d’extase : friselis sur l’onde boisée.
La vie en cadence, enlacés, exaltations, communions, oraisons.
Délicate alchimie de la nostalgie, rendre visible l’invisible : régénérescence… immanence… transcendance… évanescence de l’instant.
Sur quelques pas nous tirons notre révérence.
La musique se tait, le silence s’ébroue… Seul le bruit de nos pas froissés dans les galets, empreints de nos ancêtres, chacun s’efface pour investir l’objet qui lui a prêté vie.
Aux confins de l’art, le monde artistique n’a ni commencement ni fin.
Toute la palette du sculpteur a été convoquée.
Et dans son temple du bonheur, l’œil rond, écarquillé, avec une verve féroce, une jeunesse éternelle, l’artiste sourit d’un pli de malice : Écrin de secrets révélés.

Commentaires
Beaucoup de recherche, poésie et légèreté dans le choix des mots, locutions, images... Courtes phrases qui se lisent un peu comme des aïkus bien en correspondance avec la musique et la chorégraphie de Gauthier.
Le aïku : une forme d'expression qui te convient particulièrement.
Bravo et merci pour ce joli moment de lecture.
Merci Gisèle,
Je me nourris de vos écrits et l'écriture telle une graine sommeille d'abord puis doucement, lentement se révèle grâce à vous tous et Toutes.
La phrase d’introduction annonce parfaitement ce qui se dégage de cette œuvre d'arts multiples.
Chacune d’elle est une petite pépite, ou « un haïku » comme l’a justement dit Manuella ! J’en ai relevé quelques unes :
« la partition de la vie » pourrait en être le titre. Ou bien :
« écrin de secrets révélés » J’aurais voulu toutes les copier…
« Corps qui volent, virevoltant, un air qui trotte »
« La vie dans une graine,
l’émotion sommeille d’abord,
puis doucement lentement, se révèle »
« le feuillage frissonnant d’extase :
friselis sur l’onde boisée »
« La musique se tait, le silence s’ébroue…
Seul le bruit de nos pas froissés dans les galets
empreints de nos ancêtres »
Sylvie, mille bravos !