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Cristemarine

 

Au « grantrouvtoû » Pierre échange avec Sonia.

— J’admire ta zénitude !

— Cela ne fait pas un mois que tu m’as rejointe au service réclamations, ne te décourage pas !

— C’est moi ou le service, mais je tombe toujours sur des râleurs ? Tiens en voilà un qui n’a pas l’air commode… C’est l’heure de ma pause café, je te le laisse.

 

Luluberlu (en audio, clic doit, ouvrir dans un nouvel onglet sur ) : Réclamations

Bonjour ! Bienvenue au Granttrouvtoû, le bazar qui trouv'tout ! Nous vous informons que cette communication sera enregistrée. Nous pourrons ainsi vous écouter à nouveau pour notre plus grand plaisir. Le temps d’attente est actuellement de 3 minutes 47 secondes.. Pendant ce laps de temps, veuillez vous munir du numéro de votre compte client, vous remettre en mémoire vos noms, prénoms, date de naissance et ville. Si vous êtes étranger, le n° de votre permis de séjour ainsi que sa date de péremption.

Nous vous informons avec le plus grand plaisir que le temps d’attente s’est réduit d’une minute et 20 secondes. Nous vous laissons le soin de calculer le temps résiduel. Cela devrait vous occuper jusqu’à la prise en compte de votre appel.
Avez-vous évalué le temps résiduel ? Oui ! Alors, aucun doute, vous devriez vous souvenir sans difficulté de vos noms, prénoms, date et ville de naissance.  

Il reste environ une minute avant la prise de votre appel. Ce n’est pas la mer à boire (à consommer avec modération… (la mer, bien sûr !).

Bonjour, bienvenue au bazar Granttrouvtoû, Sonia à votre service ! Veuillez, avant toute chose, me communiquer votre identité, date et ville de naissance, le N° de votre permis de séjour ainsi que sa date de péremption si vous êtes étranger, et enfin, votre numéro de compte client.

 

Clic…

 

— Ah ! pas patient le monsieur, il a raccroché.

 

* Musique d'accompagnement : Titre : Petit pantin au coeur de glace - Auteur: Laei - Source : ICI - Licence : - Téléchargement : ICI

 

Plume bernache

 

Sonia sourit au client renfrogné qui s’avance vers elle :

— Bonjour monsieur puis-je vous aider ?

— Et comment !

— Quel article recherchez-vous monsieur ?

— Je ne recherche rien. J’essaie de vous joindre par téléphone depuis trois heures, sans succès. Rien ne vaut le direct. Alors je rapporte. Et j’attends réparation. Tout de suite !

— De quel achat s’agit-il monsieur ? s’enquiert la jeune hôtesse.

Aussitôt, de son cabas il dégaine une boîte en carton à l’odeur répugnante.

— Euh… balbutie-t-elle j’appelle mon supérieur qui va s’occuper de vous. Pierre, tu peux venir un instant ? Je te laisse avec Monsieur. Et elle tourne les talons (avant de tourner de l’œil).

Sans un mot, l’homme a posé sur le comptoir la boîte verte estampillée « œufs fermiers Bio extra- frais ».  Soulève le couvercle et d’une alvéole jonchée d’éclats de coquille sort… un petit poussin encore humide et tout ébahi.

— C’est ça que vous appelez des œufs extra-frais ? Je réclame remboursement et estimez-vous heureux si je ne porte pas plainte.

Imperturbable, Pierre rétorque :

— À votre place, Monsieur, je réfléchirais à deux fois… C’est vous qui nous devez réparation.

— … ?

— Z’avez pas entendu à la télé ? Le prix du poulet s’envole ! Dix euros quatre vingt-seize le kilo (prix moyen). Tandis que vos œufs atteignent péniblement six euros le kilo. Faites le calcul.

 Allez, le magasin « Grantrouvtoû » va faire un geste commercial. Vous repartez avec votre boîte et votre poulet et vous ne nous devez rien.

Finalement vous faites une bonne affaire !

— Toi alors ! Tu apprends vite, déclare Sonia qui réapparaît hilare et admirative.  

 

Luluberlu (en audio : clic doit, ouvrir dans un nouvel onglet sur ) : La foire

 

Bonjour chers… clients. Bienvenue à la foire annuelle du bazar le Granttrouvtoû, le bazar qui trouv'tout ! Sonia, à votre service. Cette année, fiers de l’expérience acquise à travers vous, nous vous avons réservé de belles surprises.

C’est ainsi que vous pourrez, au stand volailles animé par Pierre, dont certains d’entre-vous ont pu apprécier le professionnalisme, acquérir des œufs fermiers bio garnis de poussins frais, prêts à éclore, au prix exceptionnel de 5 euros 99 le kilo, poussin compris, AU LIEU DE dix euros quatre vingt-seize le kilo de poussins. La boîte anniversaire en carton vous est offerte.

Au stand réparations, d’authentiques masques à gaz 39/45 pour lutter contre les émanations diverses : 1 œuf acheté, une  cartouche filtrante offerte.

Enfin, je vous attends au stand zénitude ; vous pourrez y écouter diverses musiques d’attente et voter pour celle qui vous semblera la plus appropriée. Les commentaires et digressions seront ajoutés ultérieurement. N’oubliez pas, une musique d’attente téléphonique doit attiser la curiosité et donner envie d’en entendre plus et donc de patienter plus longtemps. 76 % des personnes estiment que l’attente semble moins longue lorsqu’il y a de la musique : moins de découragement et d’envie de raccrocher avant la réponse.

 

Musique d'accompagnement : Titre:  Dolling - Auteur: Cybersdf- Source : ICI - Licence : - Téléchargement : ICI

 

olala

 

     —  Allo ? Allo ? allo allooo ? Sapristi ! Qu’est-ce qu’ils peuvent bien fabriquer ? C’est au moins la troisième fois que j’appelle. C’est pas possible ils jouent à la pétanque ou quoi ?

Dix minutes après, Constant, dont la patience mise à rude épreuve s’amenuise sérieusement, réitère son appel pour la énième fois :

     —  Allo ? Allo ? … Ah une voix au bout du fil. Eh bé c’est pas trop tôt.

À l’autre bout du récepteur :

     —  Allo ne quittez pas nous allons prendre votre appel. Musique… Ne quittez pas, nous recherchons votre correspondant. Musique… Merci de patienter, nous nous efforçons d’écourter votre attente. Msiiique… Merci de patienter nous nous eff… Musiiiiiiiiiique

Sentant la moutarde lui monter au nez, Constant raccroche brutalement.

     —  Patientez patientez ils en ont de bonnes ! bon dieu sûr qu’ils n’ont pas un troupeau qui les attend à la ferme. Ras le béret de leurs radotages et irritantes ritournelles musicales. Faudrait pas prendre les gens pour des bœufs tout d’même.

Consultant sa montre :

     —  Et zut ! 18 h passé déjà. Boudiou plus le temps de prendre le risque d’un nouvel appel sans réponse. Là il y a urgence.

Un quart d’heure plus tard notre éleveur arrive au « Grantrouvtout », pénètre dans le bureau des réclamations.

     —  Bonjour à tous. Vous avez le téléphone en panne ou quoi que vous répondez jamais ?

     —  Bonjour Monsieur. Veuillez nous excuser si vous n’avez pu nous joindre. Y a-t-il autre chose pour votre service ?

     —  Eh bien voilà j’ai comme qui dirait un gros souci.

     —  Dites-nous tout, on vous écoute.

     —  J’ai dans mon troupeau une vache qui me cause un grand tracas. Quelque chose de fou, d’énorme que j’avais jamais entendu ! Elle aboie.

Un silence et devant leur air médusé :

     —  Si si je vous assure. Ouah ouah ! Vous imaginez le problème. Elle fait peur au reste du troupeau té.

Sonia, s’interposant discrètement :

     —  Écoute Pierre, je te laisse avec Monsieur. Rappelle-toi. C’est l’heure de ma pause café !!!

Éclipsée juste à temps avant que n’explose son fou rire pendant que notre pauvre Pierre s’efforce avec peine de rester à l’écoute, et ce avec le plus de naturel possible.

     —  J’avoue que j’aurai du mal à vous dépanner pour une réclamation qui dépasse largement nos compétences. Avez-vous consulté un vétérinaire ?

     —  Oui bien sûr, mais il n’a rien pu faire. C’est un voisin qui m’a donné votre adresse. Tu devrais être bien conseillé au « Grantrouvtout » qu’il m’a dit. Et me voilà.

     —  Navré vraiment de ne pouvoir vous aider. À moins peut-être ?

     —  Oui ? Dites, dites. S’il vous plaît.

     —  Je ne suis pas très sûr, mais… vous pourriez déjà isoler cette vache du reste du troupeau ?

     —  Mais oui boudiou. Què « c....... » té ! Même pas pensé. C’est que j’ai la tête un peu à l’envers !

     —  Et puis si je peux me permettre, essayez de consulter un orthophoniste. Ces gens-là peuvent faire des miracles.

     —  Un or...?

     —  Un orthophoniste. Un médecin qui s’occupe des troubles de la voix et du langage.

     —  Ben dites on peut dire que vous m’otez une belle épine de la botte ! Un nom que vous auriez ?

     -  Une minute. Je demande à ma collègue. Elle va vous apporter ça pendant que je m'occupe d'un autre client. Au revoir Monsieur et bonne chance.

 

 

 

cristemarine

Une cliente, intéressée par les propos tenus au service des réclamations, se dirige vers le fermier.

— Je n’ai pas pu m’empêcher de dresser l’oreille quand que je vous ai entendu parler de vos déboires avec votre vache et je compatis.

L’homme remercie, surpris que quelqu’un s’intéresse à ses mésaventures, revient à ses pensées.

— Excusez-moi de vous importuner monsieur,  mais il faut que je vous demande un renseignement.

L’obstination de cette inconnue à vouloir lui parler agace le fermier, il a d’autres préoccupations. Malgré tout la curiosité l’emporte, son regard se pose sur la femme, il attend qu’elle parle.

— Pourriez-vous me donner le nom de l’éleveur qui vous a vendu l’animal en question ?

— Bien sûr,  c’est monsieur Aymé,  à la ferme « Beaupré ».

— J’en étais sûre, encore un tour de force des deux sœurs Aymé ! Depuis qu’elles ont appris à lire, elles jouent les maîtresses d’école dans l’étable de leurs parents.

_ Boudiou, des vaches à l’école ?

— « Quirit », « Milka », » Marguerite », d’où croyez-vous qu’elles viennent toutes ces célébrités ? De la ferme Beaupré ! Grâce aux  nombreuses lectures prodiguées par leurs  institutrices en herbe, les vaches savent que leurs sœurettes indiennes sont traitées comme des déesses. Désormais,  nombre d’entre elles veulent être considérées de la même manière et non plus comme des usines à lait.

— C’est ben beau tout ce que vous me racontez là, mais ma Noiraude dans tout ça ?  

— Votre Noiraude, avec l’aide de Delphine et Marinette grandes défenseuses du droit animal, a mis en place ce stratagème pour quitter la ferme et prendre la poudre d’escampette.

L’homme stupéfié par ce qu’il vient d’entendre n’attend plus le retour de Sonia  et quitte précipitamment le « grantrouvtoû ».

 

Plume bernache

 

Comme tous les matins, après la traite l’éleveur avait lâché le troupeau dans la minuscule prairie qui n’en était plus vraiment une tant l’herbe s’y faisait rare. Noiraude savait que c’était le bon moment pour filer. Moindre vigilance des fermiers, car l’heure du sacro-saint casse-croûte.

La clôture  non plus n’en était plus vraiment une. Depuis que le commis mal réveillé comme d’habitude  avait reculé la remorque de paille pile sur le  portail. Désormais le loquet s’enclenchait mal. D’un coup de corne notre vache très bricoleuse de nature  le souleva et  «  Waouh waouh !” Au revoir messieurs dames, je pars à l’aventure. Personne ne la vit.

Elle ne s’attarda pas, car on allait bien finir par s’apercevoir de son absence et  se lancer à sa poursuite. Elle allongea le trot, “pataclop pataclop pataclop” évita le village, et emprunta le sentier montant vers la colline. Sûre que le fermier ne grimperait pas là-haut. Patte folle et crises de goutte étaient “tarabastels” plus efficaces que celui  accroché à son cou quand elle était jeune brette déjà rebelle. Te souviens-tu fermier ? Juste retour des choses.

La voilà arrivée dans les prairies, les vraies, au sommet du coteau. Elle surplombait le village et les toits du Grantrouvtout ». Elle distingua la camionnette de son maître garé devant l’entrée. Tout petit elle le vit gesticuler en entrant gesticuler en ressortant presque aussitôt. Elle crut entendre ses jurons favoris. “Mi---diou de milo –” et tous les autres… Cela la fit beaucoup rire et lui donna faim. D’ailleurs ici le repas était servi en continu et elle était libre. Waouh !

“Rien qui l’empêchât de gambader, brouter à sa guise. C’est là qu’il y en avait de l’herbe. jusque par-dessus les cornes. Et quelle herbe ! Fine, dentelée faite de mille plantes…”*

Rien à voir avec la ration qui lui était distribuée automatiquement deux fois par jour. De la sciure :  Du moins ça en avait l’aspect et pire, le goût  sur l’emballage  elle avait lu la composition imprimée en tous petits caractères (rappelez-vous, elle avait appris à lire avec Delphine et Marinette à la ferme Beaupré). Soi-disant un mélange nutritif bourré de vitamines, enrichi de graines de lin pour favoriser la lactation et éviter ballonnements et flatulences. Késaco ??? Faudra demander à Marinette.

Dans le bosquet voisin elle alla se reposer car mine de rien elle avait fait du chemin et ses sabots avaient chauffé. Mais avant, un peu de toilette. Avec volupté elle se gratta  les flancs contre les troncs rugueux des chênes et des frênes. Mmmm… ça fait un bien fou ! Attention toutefois : Ne pas se fier à la fragrance enivrante des pins et sapins. La résine vous empègue le poil  et c’est galère pour s’en défaire. Elle dut se rouler longuement dans l’herbe et se glisser sur la mousse humide. Pour un résultat décevant. Faudra trouver un grattoir naturel genre rocher avec incrustations de cristaux. Mais ça court pas les collines…

Elle allait enfin piquer une petite sieste réparatrice quand elle entendit  un froissement de branches dans le taillis voisin. D’où sourdait des effluves musqués qui lui rappelaient… lui rappelaient… quoi déjà ? Elle se dressa sur son séant. Machinalement elle aboya le plus fort possible un «  Waouh Waouh” à réveiller un mort.

La réponse fusa, perçante : : 

— Bêêê ! Pour qui me prends-tu ? Tu crois me faire peur ? Faudrait te lever tôt pour ça. J’ai combattu le loup c’est pas une petite vachette de cirque comme toi qui va m’effrayer… Non mais ?

— Combattu le loup ? Tu te vantes, la biquette. Celles qui ont combattu le loup, la vieille Renaude, la pauvre petite Blanquette de monsieur Seguin… Hélas, ne sont plus de ce monde pour en parler. Tout le monde le sait !

— Et voilà ! Toi aussi donc, tu crois tout ce qu’on te dit.

— Mais je l’ai lu ! Dans Les lettres de mon moulin.

—Hé oui, il manie bien les mots l’ Alphonse, mais il vous fait croire n’importe quoi  !!!   Tu sais, quelquefois les plus faibles gagnent aussi !  Il faut juste oser.

 

A-Nonyme

 

       Et oui, « il faut juste oser » avait dit la Blanquette…

C’est bien ce qu’allait faire le gérant du « Grantrouvtou ». Il avait reçu de la part de la haute direction l’ordre de n’engager, pour un CDI, les nouvelles employées féminines que sous certaines conditions. Sinon, on en resterait au seul CDD.

  Pour cela, il fallait faire preuve d’une fine diplomatie, une imparable psychologie de commerçant chevronné.
 Un soir, peu avant la fermeture, Sonia fut donc invitée à se rendre au bureau du gérant pour une bonne nouvelle.

 

— Mademoiselle, je vous en prie, asseyez-vous donc… J’ai à vous entretenir au sujet de votre futur dans l’entreprise « Grantrouvtou »…

 

Sonia était aux anges ; ça sentait, en effet, la bonne nouvelle…

 

— Voilà : nous avons reçu, de la part de la Direction – qui se veut, vous le savez, très soucieuse du bien-être de ses employés, je dirais presque de ses collaborateurs – des propositions très généreuses…
  Vous avez l’intention de faire votre carrière chez nous, n’est-ce pas ?

— Oh oui, bien sûr, ce travail me convient très bien, et l’ambiance est sympathique…

— Oui, je crois aussi. J’ai vu que vous avez tout de suite sympathisé avec notre employé Pierre…
  Alors, voilà : pour faciliter votre carrière, notre Direction vous propose de vous éviter de la sacrifier par des ruptures regrettables dues à d’éventuels congés de maternité.
  Bien sûr, il n’est pas question de vous priver de la joie d’être mère un jour…
  Alors, notre généreuse Direction propose à ses employées de financer entièrement la congélation de leurs ovules qu’elles pourront, selon leur choix, employer comme bon leur semble au moment de la retraite…
  Ceci, évidemment, faciliterait les bonnes relations avec notre Direction qui serait heureuse de vous octroyer, sans problème et avec effet immédiat, un CDI bien mérité !

 

  Sonia eut soudain l’impression que le ciel venait de lui tomber sur la tête.

— Mais Mr le directeur, à la retraite, j’aurais 64 ans ! Et peut-être plus au train où ça va…

— Bien sûr, ma p’tite, bien sûr, mais vous savez bien que nous vivons de plus en plus âgés… Et que la science nous gardera de plus en plus jeunes à l’avenir… D’ailleurs, nous avons en rayon une crème miracle de la marque IKUL, antirides, dont vous pouvez profiter à moitié prix !... Et puis, vous savez, les enfants, il vaut mieux les avoir à un certain âge que trop jeune. Avec la maturité, on fait beaucoup moins d’erreurs… 

 

Luluberlu (en audio : clic doit, ouvrir dans un nouvel onglet sur ) : Le mois de...

 

Bonjour ! Bienvenue au Granttrouvtoû, le bazar qui trouv'tout ! Sonia, pour vous servir… et vous informer. Ce mois-ci, mois de la femme ambitieuse et… combattante. Mesdames, nous vous proposons, en PROMOTION, la congélation À VIE de vos ovules.

 

Cerise sur le gâteau (ciel, quel bonheur), notre congélateur est piloté par une intelligence sans artifice… finis les carrières hachées par des congés maternité préjudiciables à votre avancement. Les journées doubles, autant les faire à votre seul bénéfice. N’oubliez pas : pour une carrière réussie, mieux vaut l’ovation que l’ovulation ! De plus amples renseignements disponibles à l’accueil du Granttrouvtoû… qui vous réserve encore de belles surprises.

 

* Musique d'accompagnement : Titre : Synthwave Vibe - Auteur: Meydän - Source : ICI - Licence : - Téléchargement : ICI

 

Plume bernache

 

Sonia ne décolérait pas. Elle tenait à son boulot au Grantrouvtou. Faut bien gagner sa vie d’une manière ou d’une autre et puis les collègues (surtout Pierre) sont super. Mais là, le gérant la prend pour qui ? Une esclave, une « robote », une intelligence sacrificielle ? Bientôt il allait vendre ses ovules en sachets au rayon surgelé entre les chocolats glacés et le poisson pané. Dans quel monde vivons-nous mes amis !

Miaou Miaou… un frôlement  doux et tiède le long de son mollet interrompit ses idées noires. Elle tendit la main pour caresser la bestiole et… ô surprise, ce n’était pas un chat, mais un chien ! Cette histoire d’ovules congelés lui faisait perdre la raison ? Non. À ses pieds, un jeune chiot miaulait. Après la vache qui aboyait. Folie ou sorcellerie ?

En grande conversation avec Pierre, elle aperçut à l’accueil le fermier gesticulant et tonitruant.

— Noun de diou ! Ma Noiraude qui fout le camp et voilà-t-y pas que sous sa crèche je trouve ce couillon de clébard qui miaule comme un greffier… Encore un coup de la ferme Beaupré. En plus de la vache aboyeuse, ils me fourguent un chien. Ça me porte au ciboulot c-t’affaire ! Qu’est-ce que vous voulez que j’en foute maintenant que j’ai plus de vache ? En plus un clebs miauleur, c’est d’un ridicule… Je voulais lui tordre le cou une fois pour toutes, mais la Gertrude a poussé des cris d’orfraie : On est pas des assassins quand même. Apporte-le au Grantrouvtou. Vont mettre une annonce et ce serait ben l’diable que personne n’en veuille ! De nos jours tout se vend, tout s’achète.

Pierre s’apprêtait à punaiser l’annonce sur le panneau d’affichage de l’accueil. À peine posé au sol, allez savoir pourquoi, le chiot  avait foncé tout droit vers Sonia.  Il arrivait à point nommé : elle avait craqué. Un peu de douceur dans ce monde de brute ! Et pour éviter toute confusion, elle le baptisa illico : « Pacha ».

Loin de ces évènements de bazar, quelques lieues plus haut dans la colline, la Noiraude était en grande discussion avec la chèvre de monsieur Seguin.

— Tu sais Blanquette ce que j’ai entendu dans le transistor que le commis de la ferme tient allumé nuit et  jour ? On va é-li -mi-ner une grande partie de mes frangines « bovines » (c’est comme ça qu’ils nous appellent dans les ministères).

— Mais pourquoi donc ?

— Paraîtrait que nos « émissions de gaz à effet de serre » (en fait le nom savant de nos  «  flatulences ». Nos pets quoi, pas de chichis) produisent quatorze pour cent de la pollution de l’air et que bientôt on pourra plus respirer sur la Terre à cause de nous. Peut-être bien, mais est-ce que je me mêle moi des pets des humains ? Je peux te dire que les fermiers ils se gênent pas… Même que ça sent pas bon. Quatorze pour cent ou chais pas, mais ça sent pas bon, ça c’est sûr.

— Tu as bien raison Noiraude. Et tu sais, monsieur Seguin il est pas en reste lui non plus pour les émissions de… de comme tu dis ! Non, mais.

 

olala

 

—  De flatulences comme dirait Marinette ou de pets. C’est comme tu le sens !

—  Alors pets, un terme plus court et donc des émissions peut-être moins fétides et tenaces !! Simple supposition gratuite de ma part bien sûr.

—  Au moins nos amis de la gent caniculus échappent-ils à l’abattage.

—  ? ?

–  Ben oui. Un pet de lapin, autant dire rien. Aucun risque avec eux de polluer notre couche d’ozone !! Waouh waouh. Chameaux, éléphants, kangourous, chevaux et termites ont du souci à se faire par contre. Les premiers parce que, vu leur nombre, ils émettent quelques deux à deux millions et demi de tonnes de dioxyde de carbone par an et que l’Australie envisage aussi un programme d’abattage. Plus étonnant, les termites : à elles seules elles représenteraient la deuxième plus forte émission de méthane à cause là aussi de leur nombre. Tu imagines un peu ?

—  Bé Bé, tu en connais des choses Noiraude.

—  Attends, ce n’est pas tout. Les dinosaures auraient pu contribuer à leur époque au réchauffement climatique : 520 millions de tonnes de méthane par an.

—  De véritables usines à gaz dis-moi.

—  Pour les caprins on espère réduire vos émissions grâce à une alimentation plus raisonnée. Plus chanceuse donc que moi et mes frangines. En vérité je ne cours pas grand risque. J’aboie, une particularité étonnante, une anomalie assez stupéfiante pour intéresser la science et la recherche. J’y pense. Sais-tu que le méthane libéré par les flatulences et rots de l’ensemble des êtres vivants a la faculté de capter et emprisonner les rayonnements infrarouges émis par le soleil et participe donc au réchauffement climatique. À eux seuls les herbivores ruminants actuels libéreraient chaque année 50 à 100 millions de tonnes de ce puissant GES.

—  Un sujet pas très glamour sans doute, mais peu ou prou, peu ou… prout ! instructif. J’apprends beaucoup à ton contact Noiraude.

—  Et puis péter est peut-être nocif pour la planète, mais c’est aussi, faudrait pas l’occulter, bon pour la santé, vital même au dire de nombreuses éminences médicales. Les pets proviennent en effet de l’activité du macrobiote intestinal qui nous protège d’éventuelles infections.

Et blablabla et blablabla, et patati et patata, ainsi vont les langues de nos deux gentilles commères ! Couchées dans l’herbe fraîche et fleurie, elles blablatent et dissertent à l’envi. Rien ne les presse, elles ont tout leur temps.

—  Tu sais quoi Blanchette ? Je réfléchis et pense à quelque chose : On croiserait lapins et teckels et l’on aurait un vrai… développement du râble !!! C’est aussi simple que ça. Mais on ne nous demande jamais notre avis. Alors tiens qu’ils se débrouillent donc ces humains  « péteux » et de petite jugeote. Waouh !

–  Superbe idée. A exploiter. Bé Bé.

 

A-Nonyme

 
Le Grandtrouvtou était tout juste ouvert ce matin-là, qu’une femme, plus toute jeune et mal peignée, habillée d’un vieux tablier ayant plutôt l’air de faire office de peignoir tout usage, se précipita, portant un gros cabas, au comptoir.

Sonia, un peu surprise :

 — Bonjour madame, que puis-je faire pour vous ?
 
 — Et bé… j’ai entendu l’autre jour votre « pubicité » et me v’là avec mes œufs à congeler.

 — ….. Comment, vos œufs à congeler ?

 — Ben oui, vous avez bien parlé des œufs à congeler ? La Ginette, ma voisine, m’a expliqué que les ovules c’étaient des œufs. Alors, voilà les miens.

Pierre, qui n’était pas loin, tout en finissant de ranger un rayon, avait tendu l’oreille. Il était au courant de l’offre si généreuse de la Haute Direction envers les employées féminines. Il vit tout de suite le rapport et réfréna difficilement une irrésistible envie d’éclater de rire.

Quant à Sonia, elle faisait le rapprochement, mais n’osait encore y croire…

 

 — Vous comprenez, ma p’tite demoiselle, en ce moment tout augmente. Alors si je congèle mes œufs, quand ils deviendront bien plus chers, à ce moment-là, je vendrai mes œufs toujours ultras frais, ultra chers ! Capito ?

 — Mais, madame… oui, je comprends… mais… dans notre proposition il ne s’agit pas exactement des œufs de vos poules… mais… de vos propres œufs… enfin je veux dire vos ovules.

 — Mais qu’est-ce que vous me chantez là ? Qué mes propres œufs ?

 — Et bien, les œufs – ou plutôt les futurs œufs – que toutes les femmes fabriquent dans leur corps.

 — Mais ! Elle est folle celle-là ! Vous avez fini de vous moquer de moi ! Je fabrique des œufs moi ! Et je les ponds peut-être. Ces œufs-là sont sortis du cul de mes poules et pas du mien. Je n’aime pas qu’on se fiche de moi. Où est le service des réclamations ?

 — Vous y êtes madame, c’est ici.

 — Alors, je veux voir le directeur, mal élevée que vous êtes. Et vous aurez de mes nouvelles !

Sonia téléphona au bureau du directeur, mais celui-ci étant occupé délégua Pierre à sa place.
Le jeune homme se mit alors à essayer d’expliquer sans sourciller à la cliente pondeuse la situation.
Celle-ci, apparemment très ignorante n’y comprenait rien de rien et s’énervait de plus en plus. Rouge de colère, elle empoigna son grand cabas d’ovules et s’en alla en criant qu’on ne l’y prendrait plus et que la Ginette allait l’entendre !

Pierre et Sonia purent enfin libérer leur irrépressible envie d’éclater de rire.
 
Ils riaient encore quand le directeur arriva, toujours pressé.

 — Et bien, ça s’est arrangé avec la cliente ? Il s’agissait de quoi au juste ?

 — Oh ! Pas grand-chose, répondit Pierre, qui avait du mal à reprendre son sérieux et continuait à pleurer de rire, c’était juste une poule qui voulait congeler ses ovules pour les vendre plus cher…

 — Quoi ? Vous allez bien Pierre ? Je n’ai pas le temps pour le moment mais venez me voir à l’heure de la pause, nous mettrons ça au clair....

 

Garance

 

La nouvelle fit le tour du pays en un clin d’œil.

Pensez donc, une vache qui aboie, un chien qui miaule et tout ce petit monde parle !

Cela ne passe pas inaperçu…

Leur réputation fit tache d’huile de la sorte que les basses-cours et les étables bruissaient de chuchotements et autres commentaires.

Là, on s’aperçut qu’ils n’étaient pas les seuls à parler.

Bien sûr, le miaulement du chien et l’aboiement de la vache étaient une curiosité de la nature, mais aucun être humain n’aurait pu imaginer qu’en plus ils parlaient !

Et encore, ils ne savaient pas tout…

 

– Tu te rends compte, dit Marguerite la jersiaise – une belle vache fine, élégante et d’une rare beauté avec ses yeux de biche – il est question de réguler les troupeaux au motif que nos profonds soupirs (vache pudique) endommagent la couche d’ozone !

 

Bouclette, la brebis, ne sachant pas trop ce qu’était la couche en question, mais impressionnée par l’inquiétude de Marguerite, l’écoutait avec beaucoup d’attention.

 

– Il faut faire quelque chose, dit-elle, on ne peut pas rester là, plantées dans nos sabots…

 

Ces quadrupèdes-là ne sont pas dépourvus de cerveau, bien au contraire.

Ça cogitait dur entre cornes et oreilles.

Marguerite la jersiaise, dont les neurones bouillonnaient d’activités, eut soudain une idée.

 

– J’ai lu dans une revue spécialisée – parce que, vous le savez, à la ferme Beaupré elle avait appris à lire – que si on limite la fermentation des aliments durant la digestion, on diminue considérablement les flatulences.

Il suffirait de semer avec l’herbe que nous broutons chaque jour, de l’anis, du fenouil, un peu de verveine, de menthe et le tour serait joué !

 

– De la menthe s’écria Bouclette la brebis, super, on aurait la laine fraîche et parfumée béeee !

 

Blanchette écoutait attentivement la conversation.

– Oui, bien sûr, dit-elle, dubitative.

Et comment penses-tu procéder ?

 

– Et bien voilà, répondit Marguerite, les fermiers pourraient s’approvisionner en graines au Grantrouvtoû, et les répandre sur leurs prés, ainsi elles pousseraient avec l’herbe déjà en place.

Et tout le monde serait content.

Les fermiers n’auraient pas à sacrifier une partie de leurs troupeaux, le Grantrouvtoû devrait trouver là un moyen d’augmenter son chiffre d’affaires et… ses bénéfices, et nous, avec la joie de rester ensemble nous nous régalerions de ces merveilleuses plantes croquantes, odorantes et bienfaisantes pour notre digestion !

Qu’en pensez-vous ?

 

– Mais c’est une excellente idée, répondit Bouclette, je vais le dire à Marinette et Delphine, elles sont cousines avec Sonia du Grantrouvtoû.

Elle en parlera à la Direction Générale du magasin.

 

Le soir même, près de la source aux oiseaux, Marguerite, Blanchette, Bouclette, Marinette, et Delphine étaient en grande conversation.

Dès le lendemain, les deux filles rencontrèrent Sonia…

 

 

plume bernache

 

La rencontre se fit juste avant l’ouverture du Grantrouvetoû, sur le parking. Sonia trouva l’idée plutôt séduisante. Elle en parlerait à la prochaine réunion générale avec le responsable du rayon BIO. Pacha qui n’était jamais loin et toujours aux aguets miaula dans sa petite tête de chien ces mots mystérieux : « verveine, anis, fenouil, menthe… » ça  sauve les vaches ? Et ça se vendra au Grantrouvetoû ? Os de gigot, côtelette, gras de jambon… là, oui il comprendrait leur enthousiasme. Enfin que voulez-vous, il faut de tout pour faire un monde ! Il irait quand même là-haut sur la colline se documenter auprès de sa confidente la Noiraude, l’évadée de la ferme. Elle l’avait vu naître voilà bientôt deux ans, d’une chienne de passage. Sur la paille entre ses pattes, dans l’étable des Beaupré. Ça crée des liens vous savez !

Mais pour l’heure, les lumières du Grantrouvetoû s’allument, les haut-parleurs mal réveillés crachouillent des annonces inaudibles, et lentement les portes de verre coulissent en grinçant pour laisser entrer la première vague de clients ennuagés d’effluves de savonnette et d’après rasage.

En étouffant un bâillement, Sonia se glisse derrière son bureau de réclamations.

Déjà l’habituel  râleur pose sur le comptoir un sachet kraft vert froissé estampillé BIO. En extirpe une poignée de cerises qu’il brandit sous le nez de Sonia. 

— Regardez-moi ça ! Les cerises marchent toutes seules vers mon assiette…

Sans ses lunettes, la jeune fille ne voit rien de suspect.

 — Bourrées de vers ! fulmine-t-il. Elle répond :

— Ah ? Mais tout petits-petits alors. Et puis que voulez-vous, elles sont BIO… vivantes quoi… la preuve !

— Oui mais des vers !!! Et je suis végétarien. La chair animale est formellement proscrite par ma philosophie.

— Ben à votre avis de quoi se nourrissent-ils ces vers ? De cerise, exclusivement. Leur chair est cerise. Ce sont des végétaux aux protéines de cerise ! Protéines végétales. Alors où est le problème ?

Pierre, toujours à la rescousse, déballe son raisonnement financier fétiche :

— Écoutez Monsieur : vous avez payé un kilo de cerises 5 euros seulement. Connaissez-vous le prix des protéines animales, le bifteck par exemple ? 30 euros ! Je vous laisse calculer votre bénéfice ! Plus important encore : les bienfaits sanitaires : Vous évitez la survenue de l’anémie sans pour autant risquer la cholestérolémie. Tout cela, ça va de soi, sans entacher la pureté de votre conscience végétarienne ! Que voulez-vous de mieux ?

D’un revers de main rageur, l’homme bouscule le sac en kraft. Qui se déchire, libérant cerises et locataires protéinés en fuite sur le comptoir. Il sort en grommelant et en faisant un geste de la main qu’il vaut mieux ne pas traduire.

Ginette, une cliente fidèle se précipite pour aider. Elle commence à rassembler les drupes en débandade tout en s’expliquant.

— Ça me regarde pas mais sans le vouloir j’ai entendu votre explication. Vos cerises pro-té – … comme vous dites  ça m’intéresserait. Puisque l’Autre ne les veut pas, je peux les récupérer pour le Papé ?

— Mais madame, vous savez bien… elles ont des vers ! sourit Pierre.

— Justement ! Vous avez dit que ça évite la « Némie ». Et que ça coûte pas cher.

Voilà : le docteur est venu pour le Papé. Il a dit que la « Némie » le guette et qu’il lui faudrait du bifteck tous les jours. Boudiou ! Au prix que vous avez annoncé, il lui vaut mieux des cerises vous comprenez monsieur Pierre ? Alors si vous n’en faites rien…

— Prenez-les si vous les voulez madame Ginette. C’est cadeau. Le Grantrouvetoû sait se montrer généreux avec ses bonnes clientes. Mais il faudra recommander à votre Papé de faire attention aux noyaux. Qu’il n’aille pas se casse une dent !

— Ah ça alors, ça risque rien, il en a plus depuis longtemps !

Grand éclat de rire partagé avec Pierre et Sonia puis elle ajoute :

— Je vais raconter ça à ma voisine, il faut que je lui explique toujours tout. Vous la connaissez mademoiselle Sonia, c’est celle qui voulait congeler ses ovules… Allez, à demain. Z’êtes bien aimables tous les deux !

 

 

Luluberlu (en audio : clic doit, ouvrir dans un nouvel onglet sur) : La burlat

 

Bonjour ! Bienvenue au Granttrouvtoû, le bazar qui trouv'tout ! Sonia, pour vous servir… et vous informer. Ce mois-ci, après le mois de la femme et de l’ovule, mois de la ferme, histoire de vous mettre ovaire ! Un mois de folies, vous dis-je ! jugez par vous-même :

Des produits français, locaux et BIO avec des cerises protéinées pourvoyeuses de substances non azotées, à un prix défiant toute concurrence ; je vous le donne en mille, la burlat a 5 euros seulement le kilo… Comme vous pouvez le constater, au grand Granttrouvtoû on ne drupe pas nos amis végétariens ; si vous présentez un certificat médical indiquant que vous souffrez d’anémie, une ristourne d’un euro vous sera consentie. Cherry on the cake, ne reculant devant aucun sacrifice et toujours soucieux de la bonne santé de nos clients, avec un certificat de votre médecin et de votre dentiste, ristourne de 2 euros.

Des invités aussi ! Le champion de l’intelligence artificieuse, CHAT GPT, qui répand ses flatulences intellectuelles dans le monde entier… Précisions : Au stand réparations, il nous reste un nombre LIMITÉ d’authentiques masques à gaz 39/45, qui vous seront, je le précise, prêtés gracieusement.

- Deuxième invité, DE MARQUE, Justin Brebiou, récent converti à l’éco du logis.

Enfin, accompagnées de leurs enseignantes Delphine et Marinette :

- Noiraude dont nous connaissons la hauteur de vue, sans son tarabastel, mais accompagnée de son sacro-saint Casse-croûte (St Casse-croûte, priez pour nous), parfumée, m’a-t-on dit, de la fragrance enivrante des pins et sapins. Des échantillons sont disponibles, sous la marque déposée Noiraude, au stand parfums.

- Blanchette la biquette, pas fière pour un sou et toujours aussi rustique.

- Le moulin (sans ses lettres Pivot) qui, malheureusement, ne tourne plus rond et broie depuis du grain.

- La grande Ovule, Ô combien célèbre depuis la grande Zoa, et dont les chiens ne chient plus là.

- Un médecin de campagne célèbre pour des contrepèteries comme : « Pétro-o péto pu ? Chi péto pu co vaî pu ! ».

 

Tout ce beau monde accompagné de Marguerite la jersiaise (ça va jaser) et Bouclette la brebis de Justin Brebiou.

Le débat sera animé par Plume Bernache ; nous espérons qu’il sera vif, car, comme le dit le dicton : lorsque flat* tu lances, ça tombe à plat !

 

* flat : plat

 

* Musique d'accompagnement : Titre : Synthwave Vibe - Auteur: Meydän - Source : ICI - Licence : - Téléchargement : ICI

 

Plume bernache

 

Auréolé d’un béret noir au « cabillou * » bien dressé, un vieil homme sec comme un  «  trougnat » progresse à petits pas rêches, cadencés en binaire par le choc de sa canne sur le carrelage du Grantrouvetoû. Tchick Plak, Tchick Plack, Tchick Plack…

À l’Accueil, Sonia n’a que le temps de planquer sa chocolatine sous le comptoir des Réclamations. Pas le temps d’avaler sa bouchée.

« J’ai deux mots à dire à monsieur Pierre, clame le client.

— C’est à quel sujet ?

— Personnel.

— De la part de qui ?

— Personnel !

Sonia réveille son micro :  « Pierre est attendu aux Réclamations » et s’écarte bien volontiers pour lui laisser place.

Affable et professionnel, Pierre sourit : «  Bonjour monsieur, que puis-je pour vous ? 

— Occupez-vous juste de vos affaires, jeune homme, et non des miennes. Pour ça je suis assez grand vous voyez.

— Mais heu… Monsieur je ne comprends pas. Je ne vous connais même pas.

— C’est bien vous qui conseillez les cerises pro-té-inées non ?

— Parfaitement, Monsieur. Au Grantrouvetoû avant tout nous avons le souci de la bonne santé de nos chers clients. Ça va de soi. Au meilleur prix, comme vous avez entendu dans l’annonce…

— Monsieur « Dequoij’memêle » vous m’avez brisé le cœur !!! martèle le vieux cognant de sa canne le comptoir métallique.

— Mais comment ça… ?

— Vous prétendez empêcher la venue de la Némie ? C’est bien ça ?

— Parfaitement !

— Et bien monsieur du Grantrouv’rien du tout sachez que moi, la Némie je l’attends depuis soixante ans… Son vrai nom c’est Noémie mais ici on l’appelle Némie, c’est ma Némie – Ah c’est si loin tout ça ! 

On avait vingt ans, c’était ma promise et un vendangeur espagnol, un certain Nico Lestérol, me l’a volée. C’est vrai il était plus beau que moi. Ils étaient bien assortis. Et puis cet accent… la pauvrette, il l’a complètement cabiroulée. Mais c’est la vie, j’en avais pris mon parti.

Seulement, lorsqu’il y a quelques mois j’ai su qu’il était rentré dans son pays tout seul, j’ai repris espoir. Et la semaine dernière, quand le docteur Brancard a dit à la Ginette que la Némie me guettait, alors là… mon sang n’a fait qu’un tour : j’allais pas la laisser filer une seconde fois !

Et il a fallu que vous vous en mêliez, vous, avec vos espèces de « burlat » à la chais pas quoi !

Hé bé, vous savez pas ? Vos cerises je les mangerai pas, voilà ! Et la Némie, si elle ne vient pas à moi c’est moi qui irai la « querre »*. Comme Lagardère, vous connaissez ?.

Sur ce, le Papé soulève son béret en marmonnant : «  Lou diablo m’acraso, speço de gran’couilloun, té prouméti qué chira pas invita al maridadje… ah noun ! *

 Puis pivotant autour de sa canne et sans se retourner, il regagne la sortie Tchick Plack tchick plack Tchick plack…

 

I*cabillou : petite queue verticale tissée sur le dessus du béret

* Querre » : « chercher », en patois (subsistance du vieux français)

*  « Que le diable m’écrase, espèce de grand “coui…. n” je te promets que tu seras pas invité au mariage Ah ça non ! »

 

Plume bernache

 

En audio : clic doit, ouvrir dans un nouvel onglet sur : Animation

 

Mandatée par Luluberlu le grand Manitou du Grandtrouvetoù,  Plume bernache, à votre service pour vous informer du projet Nature Écologie Préservation de la Planète en partenariat avec le Grantrouvetoù.

Considérant que NOTRE magasin le Grantrouvetoù  est avant tout VOTRE magasin, car sans vous, chères clientes et clients, il n’existerait pas, nous comptons  sur votre participation à l’ organisation et l’animation de cette fête. Car oui, ce doit être une fête. Une belle fête. D’où l’on repart plus riche qu’à l’arrivée. Riche de sensations d’idées nouvelles et de projets pour le bienfait de Tous.

Quelques détails pratiques peuvent d’ores et déjà vous être révélés. D’abord la date envisagée, Nuit du 4 au 5 juillet, nuit de la saint Antoine (celui qui trouve tout ou aide à tout retrouver) . Nocturne pour ne pas entraver l’activité du magasin.

Pour optimiser le confort de nos invités bovins ovins caprins et « humins » cet évènement se déroulera dans la prairie qui jouxte le parking du magasin.

L’éclairage écologique comme il se doit sera assuré par les nénuphars du ruisseau bornant le terrain, complété par les spots des lucioles cantonnées pour l’occasion sur les tilleuls du parking. Si vous souhaitez une visite rapide personnalisée en 3D un écureuil pourra vous guider en échange de la modique somme de quatre noisettes. Attention : Activité réservée aux personnes dépourvues de troubles cardiaques, sur présentation d’un certificat médical.

Le fond sonore sera  assuré bien entendu par le célèbre chœur  des grenouilles et reinettes.    Pour les amateurs d’opéra, quelques solos d’ oiseaux nocturnes émailleront la soirée.

Pour préserver votre bien-être, un escadron de chauves-souris assurera la protection anti-moustiques.

En ce qui concerne les différentes animations que vous pourriez mettre en œuvre selon vos goûts et compétences que nous savons multiples et de qualité, quelques pistes :

Cours d’apprentissage rapide des langues étrangères inter- espèces : aux manettes, Delphine et Marinette.

Méditation philosophico poétique au bord de la source aux oiseaux avec la Noiraude et ses amies, animée par les philosophes et poètes dont nous respectons l’A.Nonimat.

Escalade guidée par Blanchette* et ses fins sabots vernis qui jamais ne trébuchent..

Ecologie et santé avec la belle jersiaise et ses colocataires.

 Causeries comparatives sur les voyages lointains avec les clients grands voyageurs de notre magasin et les hirondelles des avant-toits.

Sans oublier les conseils diététiques à la demande. Nous attendons la réponse du docteur Brancard que nous avons sollicité pour une intervention en direct.

Scoop : Vous en rêviez mesdames ?  Bouclette livrera les secrets de son indéfrisable. Bê oui mesdames des échantillons du produit miracle* délicieusement parfumé aux herbes des prés seront distribués aux premières arrivées.

 

Maintenant chères clientes et clients c’est à vous de jouer ! Nous comptons sur vos idées pour la réussite de cette nuit fantastique au Grantrouvetoù.

Proposez vos idées, sans honte et sans tabou.

Vive saint Antoine de Padoue

 et du Grantrouvetoù !

 

* à l’exception des chauves – même souriants – car les miracles ont quand même leurs limites.

* Blanchette a obtenu la modification de son nom d’origine (Blanquette) car, a-t-elle plaidé auprès d’Alphonse, elle n’a nullement l’intention d’être dévorée comme une sauce blanche !

 

 

Cristemarine

    

Bonjour Plume, j’aimerais venir, mais ma copine cigogne revient d’Afrique du Nord et je sais que ceux à l’entrée ne sont pas du genre cool. Elle n’a pas encore sa carte de séjour.

Est-ce qu’il y aura des contrôles ?

 

Est-ce que mon grand frère pourra venir ? Il s’y connaît le fréro, il a des herbes qui sentent bon et qui font rire.

 

Est-ce qu’il y aura une buvette où on pourra prendre des vers ?

 

J’ai averti la préfète Chevêche de la rave party organisée par le PNEPP.

C’est une atteinte à ma tranquillité de riverain.  

                                                                          (un équidé anonyme)

 

Est-ce que Hubert Reeves sera invité pour la nuit des étoiles et des comètes ?

Je vous adore Plume, vous savez que je vous adore ? Vous avez tellement de talent…, le truc avec l’écureuil, c’est génial !, et aussi toutes ces idées pour cette soirée. Comment faites-vous pour avoir toutes ces idées ? Oui oui oui, je vais venir. Dites, on fera un selfie, je ferai bien un selfie avec vous, dites, hein, on se fera un selfie ?

Ouais, je vais venir à votre truc, là, comment déjà ? La nuit bidule que vous faites, là. J’aime pas l’autre rouquin et j’espère qu’on sera pas non plus emmerdé par les moustiques, mais ma copine me les casse depuis 2 jours alors je vais venir, je m’occuperai du barbeuc. A+

Y aura du réseau ? J’attends un message et je viens si y a du réseau, la dernière fois pas moyen de liker la vidéo de mes copines sur Tik Tok. Nan, y’ a pas moyen si y a pas de réseau !

Bonsoir chère Plume, ce petit mot pour vous dire que Marc-André et moi sommes mortifiés car nous ne pourrons pas venir à votre délicieuse partie, hélas. Les Montoriol nous ont fait parvenir une invitation la semaine passée et nous avons confirmé par retour de courrier.  Je crois d’ailleurs ne pas éventer un secret, mais Anne-Laure m’a laissé entendre que la sous-préfète sera présente. Quelle désolation ma chère Plume que vous ne soyez pas là avec nous, mais bon…  Tchao tchao.

Moi je veux bien venir, mais c’est où le champ ? Y en a plein. Faudrait le dire !

 

(Histoire écrite à 4 mains…)

 

 

 

 

olala

                                               

Beaucoup de questions et, j’imagine, de grands drilles ou de petits « minots » (Hum ? !) en attente de réponses.  Et notre aimable et efficace Plume qui vole à droite, à gauche, ici, là, un peu dans tous les sens, tellement prise et sollicitée par tous les préparatifs de cette grande fête.
 Pas de problèmes, si, pour la libérer un peu, je réponds à sa place ?

1 – Ta copine cigogne sera bien sûr la bienvenue, même sans carte de séjour. Pas de contrôle ni discrimination. Au grantrouvtoû on accepte tout le monde, tous les âges et toutes les espèces à la condition bien sûr d’être respectueux de tout et de tous ! Rassuré ?

2 – Ton grand frère peut venir aussi, mais… plutôt sans ses herbes : elles risqueraient de souffrir un peu et surtout d’être mises à mal par tous nos gentils mammifères !! Avec la sécheresse, la verdure manque et je pense qu’un peu d’herbe fraîche ne serait pas pour leur déplaire !!! Alors pour cette fois-ci on oublie les herbes, d’accord ? !! Ton frérot les retrouvera chez lui ! et ne m’en voudra pas trop, j’espère. Tiens, pour me faire pardonner, dis-lui de m’en apporter une prochaine fois. J’adore les infusions !!!

3 – Il y aura une buvette, c’est certain ; indispensable même et l’on pourra prendre des verres : cocas, bières, jus de fruits, breizh colas, panachés et monacos, diabolos, ginis, jacquelines, smoothies, glaces, café, thé, j’en passe et des meilleures !  Des verres et pourquoi pas des vers si tu en as envie !! Pêche, barbecue ?  Ou plaisir simplement de régaler nos volatiles qui ne manqueraient pas de te remercier pour cette manne inattendue !!

4 – Monsieux l’équidé grincheux devra faire avec vu que nous détenons une approbation signée de la main de Mme Chevêche pour cette rave festive, gentiment, très gentiment festive, croyez en mes sources et soyez rassurés. Le Grantrouvtoû ne fait rien au hasard.

5 – Hubert Reeves, malgré son âge, sera présent en effet. Au programme : « Quelles menaces pour notre système ? : – les systèmes solaires – la sixième extinction »

Concernant Plume, je suis d’accord avec toi. Elle est géniale ; un puits, voire un gouffre de créativité et d’imagination. Je reste persuadée qu’elle acceptera sans problème et avec le sourire de faire un selfie avec toi.

6 – Non, non on ne sera pas « emmerdé » (?) par les moustiques dans notre « truc !! ». Un escadron de chauves-souris et autres insectivores gloutons leur feront une chasse redoutable !! C’est précisé dans l’exposé de Plume. Faut lire avec plus d’attention. Bonne idée par contre pour le barbeuc ; je t’inscris avec quelques autres. Un conseil ? Peut-être que si tu invitais ta copine à t’accompagner elle ne te les « casserait » plus, se contenterait seulement de t’ennuyer un peu !!!

7 – Oui, il y aura du réseau. Un peu capricieux le réseau en Dordogne, je te le concède, mais tu devrais tout de même pouvoir liker la vidéo de tes copines sans problème majeur sur TikTok. Pas très férue en la matière, j’en parle à Plume ou Marinette. Au pire tu pourras toujours liker une fois rentré à la maison. Liker ne relève pas forcément de l’urgence  ; et puis je trouve dommage de venir nous voir pour rester le nez collé sur son smartphone. Une soirée comme celle-là c’est pour se détendre, s’amuser, danser, faire de jolies rencontres… sans quoi Grantrouvtoû aurait raté son but.

8 – Quel champ ? Relis avec un peu plus d’attention le rapport de Plume et tu auras ta réponse. Mais peut-être ignores-tu le sens de jouxter ? Cela veut dire : près de.

Voilà. Je pense avoir répondu à toutes vos interrogations ? Non ? Ah oui, restent les excuses de Marc-André et Anne-Laure. Je  préviens Plume. Mais franchement est-ce si difficile que cela de déroger à une invitation de Madame de Montoriol ? Pointilleuse et chatouilleuse à ce point la gente dame ? Bouh!!  Ceci dit, excusés vous le serez. Enfin je pense.

Ouf ! Au secours ! je demande une trêve !

Plus de réponse  par lettre : trop fastidieux et long. Pour tout renseignement, s’adresser à Sonia ou Patrick.

 

Plume bernache

Quelques couacs (extrait de la Gazette locale parue le 6 juillet)

Selon un témoin généralement bien informé, quelques couacs se seraient produits la nuit de la saint Antoine lors de la fête nocturne du Grantrouvetoù.

L’escadrille des chauve-souris n’aurait pas été à la hauteur.

Convoquée pour chasser les moustiques, elle aurait effectué sa mission avec un peu trop de zèle. S’attaquant directement aux mouches tournoyant autour des oreilles de l’équidé irascible venu justement  faire une vidéo  accusatrice destinée à la gendarmerie.   

N’ayant pas apprécié cette brutale intervention insecticide, l’animal avait protesté d’une ruade magistrale et destructrice :

Renversée, la table des apéros : Dans l’herbe méli mélo "breitz colas panachés monacos diabolos ginis jacquelines smoothies"… Transformés in petto en cocktails improbables… « jacqueginis, diamocolas, breizquelines smoobolos » et autres créations de hasard dont profitèrent séance tenante les fourmis que l’on avait pourtant omis d’inviter. Elles s’en pourlèchent encore les mandibules et il semblerait que plusieurs d’entre elles eurent les plus grandes difficultés à retrouver le chemin de leur colonie…

Retourné le  barbeuc : En cours d’allumage laborieux : le « mec » spécialiste ayant dû  craquer une bonne dizaine d’allumettes mouillées qui produirent à peine quelques étincelles. Suffisamment toutefois pour affoler Marguerite la vache. Flairant l’âcre odeur de soufre brûlé, elle s’est mise à crier « Au feu ! » immédiatement imitée par la voix fluette de Bouclette et les chevrotements de Blanchette. Les pompiers accourus dare-dare  calmèrent un début de panique en arrosant abondamment le chantier. Ce qui défrisa complètement Bouclette et ne facilita pas l’allumage du « barbeuc » .

Merguez et saucisses en déroute dans la prairie, immédiatement attaquées par piafs merles et  corbeaux. Une mouette rieuse venue de loin a été surprise brochette en bec ! *(document joint)

 

 

Répandue l’huile de la friteuse sur la robe rose dragée de la préfète. (Finalement elle avait fait l’effort de participer à cette soirée populaire car bientôt les élections n’est-ce pas.)

Beaucoup de canards dans le chœur des grenouilles ! (Avec toutes ces perturbations, la cheffe avait égaré son diapason).

Pas mal de plumes endommagées dans l’escadre des canards affolés s’ envolant en rase motte de la mare voisine.

Tout crotté le chapeau d’Anne-Laure Montoriol … que la préfète Chevêche avait  vivement incité à venir parce que les élections bientôt et qu’il ne faut rien négliger  !  Être vue.  Partout où il y a du monde. Pour être vue, elle a été vue. Ça, oui !

Et la cigogne dans tout ça ? Elle devait pourtant participer à la soirée.  A-t-elle eu un problème administratif ?

— Mais non avait miaulé Pacha le chien de Sonia qui sait tout. Hubert Reeves l’a aperçue dans sa lunette astronomique installée sur la colline pour l’occasion à l’écart des illuminations du Grantrouvetoù. Elle semblait très pressée,  « livraison urgente d’un bébé à Perpète les Oies » a-t-elle juste eu le temps de crier…

Que voulez-vous depuis qu’elle a trouvé ce boulot chez Uber, elle n’a plus une minute à elle !

 

 

olala

Retours de la Gazette locale ce lundi :

 

Quelques " ri  dules " au cours de la nuit " bi  dule " du Grantrouvtoû ! Mais des couacs, vous en conviendrez, plutôt sympathiques et plaisants et le tout dans une joyeuse et amusante confusion : la cheffe de choeur perd son diapason, la chorale des grenouilles et oiseaux en perd son " la ", les chauves-souris en oublient un peu leur office...mais ni blessés ni râleurs intempestifs.

 

Une soirée que l'on pourra dire animée et joyeuse  et, de l'animation, c'est ce que réclament les gens en cette période troublée et maussade.

 

Avec sa robe dragée Madame la Préfète aura fait une entrée colorée et très remarquée. Une présence bien ressentie par la majeure partie des personnes présentes qui l'ont décrite comme une femme intelligente, particulièrement séduisante avec sa robe berlingot ( ! ), affable et souriante. Apprécié surtout son humour naturel et bon enfant ; c'est d'ailleurs elle qui a gratifié sa robe de robe berlingot

après le retournement inopiné du barbecue ! Aucune mauvaise humeur ni rancoeur apparente mais un sourire malicieux.

 

En bref une soirée bon enfant, joviale et vivante, bien arrosée aussi ; sinon par toutes les boissons prévues  en... déroute, au moins  par nos amis les pompiers !

 

Une réjouissance et des activités variées  appréciées de tous ( sauf, on s'en serait douté, de notre irascible équidé ! ) et donc à renouveler peut-être une prochaine fois...

 

Pour ma part de bons échos aussi dans l'ensemble. Un petit fronçage de nez de la part de  la " Montoriol " mais sans insistance majeure. L'arrosage des pompiers, rafraîchissement gratuit et fort bien venu, aura remplacé avec un certain succès les boissons et coktails baignant le sol ! Pour le grand plaisir des fourmis qui, un peu à leur dépens il est vrai, ont su  apprécier de ces breuvages  le partage et la nouveauté ! Partage et solidarité, le nec plus ultra donc ! Merci à  monsieur Uber pour l' embauche surprise et réjouissante de notre amie la cigogne. !

 

Concernant Madame la Préfète et les élections à venir, je pense qu'elle aura gagné un bon nombre de points !

 

Autre chose dont je voulais  parler  : un homme, tout à fait sain d'esprit en apparence, m'a abordée en fin de soirée et m'a entretenue d'un fait pour le moins étrange et...oui un fait plutôt étrange. Sa brosse à dents, m'a t-il affirmé - vous allez sourire j'imagine - sa brosse à dents roucoulerait ! Improbable ? C'est aussi votre avis n'est-ce pas ? Des animaux qui parlent, parlent même une autre langue que la leur, la  ferme Beaupré s'y emploie avec succès; mais des objets ? Oui bien sûr, l'électronique, la robotique, la 3D et le

progrés galopant nous réservent encore bien des surprises mais...

 

Ceci dit, en y repensant, une idée à exploiter, une nouvelle opportunité pour le Grantrouvetoû peut-être ; pas plus insensé après tout que la montre ou le chapelet connectés ! Le brossage des dents, d'après des statistiques et émissions médicales, ne semble pas coutume installée chez tout le monde. Alors, une brosse qui vous casse les oreilles tant que vous n'êtes pas passé à l'acte, pourquoi pas ?  Je lui ai conseillé de passer au Grantrouvetoû dans la semaine, le temps pour nous d'en discuter tranquillement avec le grand patron et toute l'équipe. Dès demain je mets au courant Delphine et Marinette  dont, avec Plume,  les " idées de génie " fleurissent en abondance. ( comme... à GIFI !! )

 

 

CRISTEMARINE

Malgré le chœur des grenouilles couvrant leurs voix, l’homme avait réussi à se faire entendre. L’éclairage luciolique aidant, il put observer les yeux de la journaliste, il n’y vit aucun signe de surprise ou d’inquiétude. Au contraire, il y distingua comme une jubilation intérieure chez son interlocutrice. Les yeux de la reporter pétillaient effectivement d’excitation. Elle entrevoyait déjà le Pulitzer, en tout cas au minimum le très recherché prix du landernau !!

L’homme se présenta quelques jours plus tard à l’accueil du Grantrouvetoû.

— Bonjour, je suis monsieur Dubois-L’amourette. Je viens sur les conseils de la correspondante de la gazette « Olala quelle histoire ». Je l’ai rencontré et elle m’a dit de passer vous voir.

— Oui, oui, bonjour, nous vous attendions !  s’écrièrent à l’unisson Sonia et Pierre impatients de discuter avec l’homme. Delphine et Marinette leur avaient déjà conté 1000 histoires abracadabrantes, mais aucune jusqu’à présent ne les avait intrigués comme cette histoire de brosse à dents roucoulante.

— Avez-vous lu l’article de la gazette vous concernant, demandèrent-ils en chœur ?

— Non répondit le visiteur surpris.

— Cela a fait du bruit, vous savez. Il y a eu des réactions à l’article paru et certains ont envoyé des messages. Je peux vous en lire quelques-uns si vous voulez.

— Heu – oui si vous voulez, dit l’homme surpris.

— Ourasi a écrit : « Celui là il a mangé trop de pommes pourries, il délire complètement ».
Pour Esquirol « Moi qui vais un peu partout de branche en branche, je peux vous dire qu’il y a des roucoulades assourdissantes, je plains ce pauvre homme ».
Pour Noiraude et pour le groupe des hirondelles, voyageuses au long court, il s’agit sans doute d’un cas très banal et sans grand intérêt de métempsychose.

À l’énoncé de ces commentaires, l’homme demeura bouche bée.

Il allait falloir en savoir davantage pensa Sonia qui se lança dans un interrogatoire en règle.

— Vivait-il seul ? Avait-il des voisins ou un animal de compagnie ? Mangeait-il du sucre ? Des troubles de l’audition, mal aux dents…

— Non, non et non, décidément rien n’expliquait le phénomène.

Pierre suggéra alors que monsieur Dubois-L’amourette décrive l’objet en question.

L’homme sortit un pochon de son sac en bandoulière d’où il extirpa un bout de bois dont l’extrémité présentait un bouquet de fibres propices au brossage.

Fier, il offrit un large sourire (qui révéla que l’homme possédait les dents du bonheur), et dit « Je fabrique moi-même beaucoup de choses, et même mes brosses à dents. Je les fabrique toujours avec des bois nobles, et d’ailleurs celle-ci a été faite avec un nouveau bois exotique que j’ai trouvé chez vous récemment dans votre magasin ».
 

Pierre venait de faire l’inventaire du stock de bois exotique, il tressaillit. Ne s’agirait-il pas de cette commande que personne n’a jamais réclamée et qu’il a mise en vente il y a 2 semaines…
 
 

 

Plume bernache

Sonia se souvenait de l’homme qui avait passé commande de « salvadore persica ». Cela l’avait frappée car elle avait posé la question :

— Salvadore c’est votre nom ou votre prénom ? 

Le visage lisse et juvénile de son interlocuteur en longue tunique brune avait eu un léger frémissement de sourire :

— Non madame, salvadore est le nom du bois. Un arbre qui pousse chez nous en Inde, bien loin d’ici. Et dont nous prélevons la racine pour fabriquer des objets d’hygiène buccale, plus communément appelés « siwak » ou « miswak ». Efficaces et écologiques. Nos stagiaires apprécient énormément cet objet.

 Elle était restée bouche bée et s’était sentie un peu ridicule. Néanmoins elle avait pris la commande. Depuis, plus aucune nouvelle de ce client  dont hélas elle n’avait pas noté le nom. Il avait simplement spécifié que la communauté « Chamanes des Bois » réglerait la facture. Aucune adresse aucun téléphone ! Pour sa négligence elle avait essuyé une « volée de bois vert » par le patron du Grantrouvetoù, la menaçant de retenir sur son salaire la somme impayée par ce client anonyme et indélicat.

Monsieur Dubois-Lamourette avait écouté attentivement et avec un petit air moqueur le récit de Sonia. Curieux de nature, il dégaina son téléphone à qui il susurra comme à un confident érudit :  «  OK Google… Chamanes des bois ». Aussitôt l’appareil déversa l’information. Le visage de l’homme s’éclaira une nouvelle fois, super dents blanches bien espacées laissant s’exprimer tout l’optimisme de son être… Pierre et Sonia prêtèrent l’oreille mais ne comprirent pas grand-chose.

L’homme leur fit signe de patienter. Il allait tout leur expliquer en détail.

« Chamanes des bois » est une communauté  établie en pleine forêt à quelques kilomètres d’ici. On y pratique en cœur à cœur spirituel, bouddhisme et chamanisme. Du monde entier on vient s’y ressourcer. Stages  de méditation de pleine conscience alternent avec  des expériences de chamanisme et autres pratiques moins connues. Toujours en lien étroit avec la nature. Monde animal végétal humain ou minéral en parfaite synergie… Communication vibratoire…

Sonia qui avait lu plusieurs articles sensationnels sur le sujet eut une illumination.

— Dites-moi, monsieur Dubois, votre brosse à dents, où et quand a-t-elle commencé à  chantonner ?

— Euh… le soir de la fête du Grantrouvetou ! Au bord de l’étang aux grenouilles. Juste après le fameux  concert un peu calamiteux…

— Vous vous brossez les dents en public ?

— Oh non, non madame ! Mais mon « siwak » me suit partout. Je voyage beaucoup et j’en ai toujours un dans mon  pochon au cas où… Vous voulez le voir ? Le voici ! dit-il en présentant fièrement le bâtonnet de bois et sa petite tignasse raide. D’ailleurs ce serait une  « idée de génie » d’en vendre au Grantrouvetou. Rayon Bio. Je peux vous en fabriquer autant que vous voudrez. Et votre stock invendu de « salvado… chépaquoi » sera vite amorti !

Mais à mon tour de vous poser une question : regardez ce que j’ai trouvé près de l’étang le soir de la saint Antoine ! Il piocha dans l’outre-fond du profond pochon et extirpa…

— Un DIAPASON ! s’écria Sonia. Le diapason de la cheffe de chœur des grenouilles ! Attendez. Prêtez-le-moi. La jeune femme toqua l’objet sur le rebord du comptoir et instantanément on entendit la voix râpeuse de la brosse à dents qui répondit   « Waaaak…waaaaak…waaak »

 

Monsieur Dubois-Lamourette resta sans voix.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires

olala
réclamations

Des réactions, oui. Voilà ce que jespérais, ce que j'attendais suite à ce chapître foldingue de brosse à dents roucoulante !

Merci à toi Cristemarine d'avoir repris le flambeau et bravo pour ton texte qui laisse beaucoup d'ouverture et de liberté... Une commande que personne n'a jamais réclamée ? Ouah ! on a hâte de savoir quoi ; un boulevard ouvert à qui prendra la suite !!!

plume bernache
berlingot

 

 Ah oui, j'imagine bien la robe "berlingot" sûrement "déperlante" après traitement à l'huile de friteuse. Faudra breveter l'invention ! J'ai déjà remarqué quelques modèles de polos "pointillistes" surtout après repas.

 

 Bonne idée la brosse à dents (gentille) qui roucoule ! Chut...Colgate va piquer l'idée.

plume bernache
illustration

 Je transmets donc l'illustration de mon texte par courriel. Merci de l'insérer au bon endroit.

plume bernache
poussières d'étoiles

 

 Me voilà bien marrie...Persuadée que Hubert Reeves était déjà parti dans les étoiles corps et âme. Certes son âme y a toujours été. Mais pour son beau regard bleu et le reste, j'ai hâté le processus puisqu'il est bien vivant. Et j'en suis ravie !

Mais je suis honteuse de m'être laissée piéger par une fausse nécrologie. C'est semble-t-il un jeu à la mode. Détestable .

 

Donc il sera bien à la nuit du Grantrouvetoù. Chouette ! Avec le programme annoncé par olala qui est bien renseignée.

 

Juste un détail : Qui est ce Patrick ? Un remplaçant de Pierre ? Ou une nouvelle recrue du magasin ?

 

Hey les amis ! Arrêtez de faire les éloges de cette pauvre Plume. Elle va avoir la grosse tête...et c'est très gênant pour voler !

plume bernache
Hubert Reeves

 

 Pour la nuit des étoiles, pas besoin d'inviter Hubert Reeves. C'est lui qui nous invite.

 Il voyage désormais sur la queue d'une comète et nul doute qu'il nous permettra de l'accompagner dans son tour du propriétaire. En visuel bien sûr.

 Pour le présentiel il y a beaucoup d'attente...Nous patienterons volontiersangel.

plume bernache
chouette

 

Chevêche, un chouette nom pour une préfète !

 

Voilà une soirée qui s'annonce mouvementée.

Je ne sais si les écolos Noiraude Marguerite et Blanchette connaissent les fameuses herbes du fréro...Ne serait-ce pas celles que sniffait la fameuse "Vache qui rit" avec ses célèbres boucles d'oreille d'un goût délicieux ?crazy

 

Hey, mec, pour le barbeuc, faudra pas tout laisser faire par ta copine, cette fois-ci !diablo

luluberlu
Portrait de luluberlu
On ne peut pas sur un texte

On ne peut pas sur un texte en commun. Je transfère sur le site dans un dossier spécifique et je crée le lien en tête de la partie concernée par l’audio ; c’est un peu délicat.

Si je permettais le transfert comme pour un texte ordinaire, les « audios » se retrouveraient en fin de document. Il n’y a pas d’insertion possible dans le texte comme pour les documents JPG (photos).

Il faut donc me faire parvenir l'enregistrement par courriel.

plume bernache
  Boudiou ! Pas réussi à

 

Boudiou ! Pas réussi à envoyer la version audio...

olala
Réclamations

Merci pour les malentendants !!! smileyPersonnellement j'apprécie d'avoir et l'écoute et la lecture et de ne rien perdre de tes  jeux de mots et " follebistouilles " !

 

plume bernache
les idées fusent au galop

 

 Voilà un texte bien rafraîchissant...On rêve déjà de la laine fraîche parfumée à la menthe que l'on ne manquera pas de trouver bientôt dans les rayons du "Grantrouvetoû" où l 'on n'a pas les quatre pattes dans le même cerveau euh ...le même  sabot !

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