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Aminata se rend dans son village natal accompagnée de sa fille Anaya. Les deux femmes vont assister à l’inauguration du centre polyvalent de Saoundi. Celui-ci servira de salle de réunion et de spectacle.

Pour passer le temps dans le car qui les emmène, Aminata feuillette un magasine d’arts décoratifs. Des couleurs chaudes attirent son regard. Il s’agit d’une impression sur tissu. Des femmes sveltes, élancées, d’une beauté fine et gracieuse évoluent dans un environnement aux teintes argileuses. Séduite par la beauté des formes et des couleurs, elle se tourne vers sa fille et lui tend la revue en lui disant

« Regarde comme ce batik est beau ! »

Malgré l’enthousiasme de sa mère, Anaya reste impassible. Elle n’apprécie guère les retours au village maternel. Elle rêve de vivre en Europe, loin des rites ancestraux.

Anaya observe l’image, un arbre ventru aux racines tentaculaires semble surveiller des femmes au travail, de lourds bracelets enserrent les chevilles et les bras de celles-ci.

« Ne vois-tu pas comme ces bracelets ressemblent à ceux que l’on mettait aux esclaves pour entraver leurs déplacements ? » lance Anaya.

« Non, je ne vois que des bijoux », répond Aminata.

« Et cet arbre mis en valeur c’est l’arbre à palabres autour duquel les hommes se rassemblent. Il représente la tradition qui veut que seuls les hommes participent aux décisions concernant le village. »

« oui, c’est vrai, mais les choses changent tu sais. »

« Le message que je reçois de ce tableau est, sois belle, travaille et obéis ».

Aminata reconnaît le côté frondeur de sa fille. Elle sait qu’elle est déterminée à ne pas plier sous le poids des traditions.

« Tu me fais découvrir ce tableau sous un jour différent du mien et je suis d’accord avec ton point de vue. Les femmes doivent prendre la parole pour décider de l’avenir. C’est une des raisons pour lesquelles le centre où nous nous rendons a été créé ». 

   

 

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Commentaires

luluberlu
Portrait de luluberlu
Je ne savais qu’Épinal était

Je ne savais qu’Épinal était en Afrique ! J’aime bien le baobab, propice à la sieste… masculine (sagesse oblige).devil Le texte aussi.

plume bernache
point de vue

 

 Nous voilà dans la peau d'une jeune femme africaine moderne qui souhaite faire évoluer les mentalités de son pays.

 Se dégager des traditions qui ont toujours "bon dos", et pas seulement en Afrique !

 

Même l'art peut amener à réfléchir. Ce qui explique que celui-ci, tout comme la culture, soit réprimé dans les pays totalitaires .

 

Bien vu ! Merci cristemarine pour cette réflexion.

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