
Le peuple du feu est là, au sommet des flammes. Il ondule sur le courant ascendant et chaque petite tête en turban blanc tressaute au crépitement du bois. Des nuages d’étincelles sont propulsés. Ces petits êtres embrasés se haussent le plus possible comme s’ils voulaient vaincre la gravité. Quelques-uns s’envolent et disparaissent on ne sait où. Je suis assise tout prêt, mais pas trop. Au-delà du feu la pénombre s’installe. Elle tisse avec les derniers rayons de jour un ouvrage de mauve, de gris et de bleu nuit.
Ça claque, ça siffle, ça chouine de l’intérieur. Ça vit. Tout autour des ombres sautillent avec entrain, du pied des arbres aux bosquets de fougères. Je ne suis pas épargnée par cette danse sans fin. Une chaleur insupportable s’insinue et me rôtit le visage. Pourtant je ne bouge pas, hypnotisée par le brasier. Cette chaleur m’enveloppe, m’anesthésie et je glisse dans le sommeil.


Commentaires
C'est troublant: les mots de ton texte animent la peinture de Maryse . On voit bouger ce" petit peuple du feu" et dans un deuxième temps, on a le son . C'est flagrant.
Pour moi, c'est la "Danse du feu" de Manuel de Falla...Je ne sais toujours pas envoyer le lien video (Chut...faut pas le dire à luluberlu qui me l'a expliqué plusieurs fois) Mais je viens de trouver au moins deux interprétations dont un extrait du film "L'amour sorcier" de Carlos Saura