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Ma porte...

 

 

Elle est belle ma porte… Elle a le bleu d’un ciel d’été, même quand des nuages noirs roulent à l’horizon.

Mais, qui frappe à ma porte ?

Ah ! c’est toi…

N’entre pas dans mon âme avec tes gros sabots. Ferme la porte, il y a des courants d’air…

La porte est une frontière. Deux mondes s’y opposent. Dehors, la liberté avec tous ses dangers. Dedans, la solitude prisonnière en toute sécurité. Entr’ouverte, c’est l’aventure… L’aventure de l’ambivalence… L’équilibre du funambule…

Le secret, c’est de garder la clef pour savoir dessiner sa vie.

Entre, mais entre donc. Mets-toi tout à ton aise.

Tu peux de mon âme écouter la musique… Tu peux te reposer, lire ou bien rêver… Tu peux te restaurer ou faire ta gymnastique… Tu peux ne rien y faire, être là, simplement.

Sentir l’esprit du lieu en toute plénitude…

Mais quand tu partiras, ne laisse rien traîner. Ne laisse pas ton ombre et tes sabots crottés.

Ne te retourne pas et ferme bien la porte. N’emporte pas la clef, elle est ma survivance…

Dehors, il fera gris, peut être un ouragan… Les vitres pleureront… Je fermerai la porte, je rangerai, laverai, secouerai la poussière, allumerai la lumière, ferai parler ma musique, chasserai les moustiques…

J’irai revoir mes roses, tendre chair parfumée… On se dit tant de choses et tant de beaux secrets… Leur donnerai à boire… écouter leurs histoires….

On est bien dans mon âme, derrière la porte close où fleurissent les choses…

 

Derrière l'image...

 


 

Il est d’étranges heures où la vie nous surprend et nous laisse fragiles.

Elle emporte d’un coup nos solides croyances, toute notre assurance…

Depuis toujours, elle était là, à la fenêtre, oubliée de tous, à regarder passer le monde. Le monde qui ne voulait pas d’elle. Le monde qui la méprisait… Qu’elle effrayait aussi.

Pauvre chose insignifiante d’une teinte vert bleuâtre avec les cicatrices du temps… Le soleil parfois trop brûlant… Les morsures de la grêle… Le gel implacable de l’hiver…

Elle était là, malgré tout, résistante, sans une plainte, bardée de ses piquants qui repoussaient le monde.

Le plus difficile à supporter était sans doute le passage des hommes et leur indifférence…

Quand on veut nier l’autre, il suffit de le rendre transparent. C’est aussi simple que çà. On passe à côté sans le voir. C’est une évidence.

Elle était donc devenue transparente pour tous les autres. Elle avait fini par le devenir pour elle-même… Depuis si longtemps…

Mais voilà qu’un beau matin, le miracle s’est accompli. Sur son corps côtelé, dur et épineux, le bourgeon qu’elle portait depuis si longtemps s’était ouvert enfin…

Une fleur était née. Dans le vert sombre d’où dardaient ses piquants, une merveilleuse créature offrait sa chair rose tendre. Une lumière salvatrice… Venue d’ailleurs, on ne sait d’où…

Ce monstre d’égoïsme et de méchanceté, qui refusait toute relation proche, portait donc en lui un secret d’innocence et d’amour. Une espérance de vie. Une fragilité, tout un bonheur naïf et bien caché.

Ceux qui l'on vu en restaient bouleversés, n'en croyaient pas leurs yeux.

- Vous avez vu ? Cette horrible méchante cachait un trésor de tendresse au plus profond de ses dards menaçants… çà, alors !...

Mais d'autres savaient déjà !... D'autres… Ces bien heureux qui savent voir en leurs paupières closes, à l'intime de soi, les fleurs au plus creux des épines…

Ainsi va le monde….

 

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Commentaires

plume bernache
la clef

 

 Que l'on soit d'un côté ou de l'autre de la porte, surtout ne pas perdre la clef !

plume bernache
  "Voir les fleurs "

 

 "Voir les fleurs au plus creux des épines"

Quellle belle philosophie pour bien vivre en société !

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