Un bruit de porte qui s’ouvre et…

— Papounet s’écrie la petite Paloma en se jetant en pleurs dans les bras de son grand-père.

— Que voilà un bien gros chagrin ma petite gazelle. Que se passe-t-il donc ? Dis-moi.

— Ma… ma… ma  man elle a « confixé » Malik. Elle est méchante, elle a pas le droit. C’est mon doudou d’amour, tu sais celui que tu dis : mon « confinent »

— Calinours ton ourson et gentil confident ?

— Voui. Les peluches c’est pour les bébés elle a dit. Calinours d’abord c’est pas une peluche, c’est Calinours et c’est mon ami depuis toujours se plaint la petite fille tandis que deux grosses larmes roulent sur ses joues. Et puis je suis une grande petite hein Papounet ? ajoute-t-elle.

— Bien sûr ma chérie. Pas de souci, j’en parle à ta maman dès son retour.

                 Soupir de Paloma. Esquisse d’un sourire aussi. Son grand-papa est un fin stratège, il saura convaincre sa maman, c’est sûr.

— En attendant, renchérit-il, je pourrais peut-être remplacer Calinours une heure ou deux et toi tu me racontes un peu ta semaine. Qu’est-ce que tu en penses ?

                   Petite moue de la fillette.

— C’est pas pareil. Toi t’es vieux d’abord. Les vieux ça comprend pas et tu vas te moquer.

— Me moquer ? Jamais et surtout pas de ma petite fille croix de bois croix de fer.

                   Hésitation encore de la part de la fillette.

— Et puis je vais pas pouvoir te serrer fort dans mes bras, tu vois.

— Toi non peut-être mais moi je devrais pouvoir dit-il en souriant et en l’installant sur ses genoux.

Alors, blottie contre son grand-père, Paloma, dans un flot de paroles, raconte, raconte… Elle raconte l’école, maîtresse Hélène, la Frique, les autopotames, son amie Élise qui a oublié son sourire au pays des rêves et ne veut plus lui parler, papa qui est parti fâché sans l’embrasser parce qu’elle a cassé le joli cendrier, Christophe son petit frère qui a déchiré tous ses dessins, Sébastien qui a fait deux fois le tour de la cuisine en traînant un rouleau de papier alu tout neuf, maman qui veut que je suis grande et que je surveille mes petits frères… maman d’abord c’est toujours moi qu’elle gronde et punit quand ils font des bêtises et maintenant elle a « confixé » mon doudou ! Les larmes inondent à nouveau son visage et… la belle chemise de son grand-père qui n’y prend garde et la serre un peu plus fort dans ses bras.

                              Un silence et

— Dis Papounet, que tu fais quand tu as du chagrin et que t’as pas un doudou ?

— Je pense très très fort à Mamina et

                               Étonnement de la petite qui ne semble pas comprendre.

— Oui je sais Mamina est morte mais on se parle beaucoup tu sais. C’est comme avec Calinours. Elle ne répond pas mais elle comprend tout et cela m’aide à aller mieux. Je ne suis plus tout seul.

— Moi, quand je suis trop très triste on se serre très fort avec Calinours et on reste comme ça tous les deux en pleine tendresse et ça remet de la musique au fond de moi.

                                 Un bruit de clé dans la serrure. Maman rentre et je vais bientôt retrouver mon doudou d’amour.