« Le beau mystère » de Louise PENNY
C’est un polar.
Mais pas un polar ordinaire…
L’histoire se déroule dans un monastère oublié de tous, niché dans une forêt sauvage perdue au fin fond du Québec.
Le monastère de Saint-Gilbert-entre-les-Loups abrite 24 moines.
Ils vivent en autarcie et ont fait vœux de silence, sauf pour la musique et plus précisément les chants grégoriens qui imprègnent les lieux et les gens.
Cette harmonie est brisée par un meurtre, celui du frère Mathieu, maître de chapelle et prieur du monastère.
L’inspecteur-chef Armand Gamache, cher à Louise Penny qui le met en scène pour la 8ième fois, et son adjoint l’inspecteur Guy Beauvoir mènent l’enquête .
Les moines relevés de leurs vœux de silence sont « passés au crible » par les inspecteurs.
Silences, subtilités de langage, émotions, propos sibyllins, mettent en relief des disparités claniques qui surprennent dans cet univers d’apparence si harmonieuse et amènent chacun à se livrer à une introspection parfois douloureuse…
Le suspense est habilement nourri par l’auteur qui tient le lecteur en haleine et qui ne délivre la solution de l’énigme qu’au dernier moment.
Captivant, un régal.
Je confirme : « la faille en toute chose » est bien la suite, tout aussi passionante. La suite : « Un long retour ».
À coup sûr, ce polar intime vaut plus d’un penny. J’ai cependant été frustré par la fin qui m’a laissé sur ma faim. Il ferait beau voir qu’il n’y ait pas une suite. Après recherches, il semble que ce soit « la faille en toute chose ».
Une illustration cette « rubrique critique » de ce que sera, en partie, le futur « Club littérature » de Cours de Pile. À la fois club et café littéraire.
L’enquête avance très lentement, au rythme des moines qui se déplacent en procession et en silence. Sauf quand ils chantent, en état de rêverie mystique, leurs chants issus des origines du répertoire des « gilbertins ». On retrouve l’ambiance faussement paisible et vraiment inquiétante de « Au nom de la rose » d’Umberto Eco. Les enquêteurs doivent s’imprégner de cette vie monacale pour comprendre la psychologie de ces moines dont un a été assassiné. Par qui et pourquoi ?
D’intéressantes références historiques sur le sort des congrégations persécutées pendant l’Inquisition , sur les origines du chant grégorien et sur les débuts de la notation musicale (les « neumes » ancêtres des notes)
La confrontation entre moines et policiers est particulièrement savoureuse notamment les dialogues toujours un peu décalés et nimbés de sous-entendus. Les uns à la recherche de la vérité policière et les autres à la recherche de Dieu.
Un humour léger tout à fait agréable qui permet de patienter en attendant le dénouement tardant un peu à venir. Et totalement imprévisible ! (pour moi du moins!)
p 299« Ce que je veux savoir c’est s’il est possible qu’il existe une pièce cachée dans l’abbaye.
—Vous ne croyez pas à ce conte de bonne femme, n’est-ce pas ? demanda le frère Raymond
—C’est un conte de vieux moine. Que de toute évidence vous avez déjà entendu.
—J’ai aussi entendu parler de l’Atlantide du père noël et des licornes. Mais je ne m’attends pas à les trouver dans l’abbaye.
—Vous vous attendez à trouver Dieu cependant. »
Dès le premier chapitre, il est fait référence au groupe de chanteurs québécois"Beau Dommage" qui a bercé ma jeunesse avec la complainte du phoque en Alaska. Douce mélancolie, intacte .
Je me suis plongée dans l'enquête au sein du monastère en écoutant les chœurs grégoriens de l'abbaye de Solesmes. Ambiance !
L'action avance lentement mais j'aime bien l'humour de l'inspecteur Beauvoir et ses relations avec son (peut-être) futur beau père.
Je n'ai jamais lu cet auteur, mais j'ai vu qu'il y avait pas mal d'exemplaires à la médiathèque de Périgueux, et ce volume dans une annexe. Je vais essayer. Les coms Babelio sont plutôt bons. Merci.