« Histoires de la nuit » de Laurent Mauvignier (Les éditions de minuit)
Six cent trente cinq pages qui se lisent en retenant son souffle…
Dans un hameau isolé au milieu d’une campagne presque désertée, vivent quatre personnes : un couple, une fillette, une voisine peintre et un chien. On va faire leur connaissance en direct, pénétrant dans leurs pensées de façon précise, au cours de très longues phrases sinueuses et fluides. Dans lesquelles on ne se perd à aucun moment…
Une centaine de pages pour planter le décor et faire poindre une menace. Qui s’amplifie peu à peu et donne la chair de poule ! On ne peut plus lâcher le roman : on aurait trop l’impression d’abandonner les personnages auxquels on a eu le temps de s’attacher… (Surtout la petite fille)
Un excellent thriller psychologique. Les caractères des personnages sont complexes, très fouillés, humains. L’écriture étonnante «Une vibration dans l’écriture, à fleur de peau. »
Quelques belles réflexions sur la peinture « on peint un tableau pour connaître le tableau qu’on veut peindre » « il suffit qu’elle soit convaincue qu’un tableau est fini pour qu’elle découvre qu’il ne l’est pas »
Et quelques extraits très « psy »
« On peut recouvrir sa vie pour la faire apparaître, superposer les couches de réalité, de vies différentes pour qu’à la fin une seule soit visible, nourrie des précédentes et les excédant toutes »
«lorsque sa mère laisse échapper dans un souffle qu’elle l’aime plus que tout comment l’amour peut contenir «plus que tout » et ne pas être ce tout lui-même » ?