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Épisode 1

— Non, non et non, j’y retournerai pas ! ça m’est égal… je m’en fiche… j’y retournerai pas… je les déteste, je les déteste… c’est pas juste… c’est pas juusste…..

Ainsi vociférait Ti-Jean, ivre de colère, huit ans, son gros cartable sur le dos, le pot à lait en aluminium cliquetant sur ses mollets. Les yeux embués, les joues mouillées de grosses larmes, le gamin hoquetait en bredouillant ses menaces. Il avançait droit devant lui, mû par l’énergie du désespoir. Il ne reviendrait pas, c’était sans appel.

Ti-Jean vivait chez ses grands-parents. Ses parents avaient été tués pendant la guerre et c’était miracle que le petit en eût réchappé. On l’avait amené, alors qu’il marchait à peine, chez les parents de son père. Les pauvres gens avaient perdu leurs trois fils dans ce conflit mondial et s’étaient retrouvés investis d’une nouvelle responsabilité en la personne du bébé. Le deuil planait toujours dans la modeste maison. Quelque part, la vie s’était éclipsée et n’avait laissé derrière elle que son vêtement ordinaire pour le labeur quotidien.

Ti-Jean, certes, ne manquait de rien, sauf de l’essentiel : une bonne grosse chaleur familiale qui aide si bien à faire grandir les petits garçons en cette période d’après guerre bien morose.

La vie, pour lui, avait plus de goût depuis son entrée à l’école du village voilà trois ans. Mais il restait malgré tout un enfant un peu solitaire. Il disparaissait souvent dans le petit jardin en espérant que Pépère ou Mamette l’oublieraient pour un grand moment… Là, il se sentait accueilli, il avait sa place. Il observait avec empathie le menu peuple des animaux qui lui semblaient tellement plus intéressants que les grandes personnes… À n’en pas douter, là, il était chez lui.

Pépère et Mamette élevaient aussi quelques poules, des oies, un jars dont il fallait se méfier, et un petit nombre de lapins.

C’est là que les choses avaient commencé. Dans la dernière portée de la lapine il y avait eu un lapereau un peu différent des autres. Différent tout d’abord par sa couleur, beaucoup plus gris, et aussi par son comportement. Il était moins hardi que ses frères, se laissant bousculer quant à la meilleure place pour téter ou sur la botte d’herbe fraîche…

Mémette avait déclaré sans ménagement :

— Pas dégourdi celui-là !

Alors Ti-Jean l’avait pris sous sa protection. Comme il était chargé de s’occuper des lapins, il le faisait manger un peu à part. Il le prenait dans ses bras et le câlinait longuement. C’était si bon de sentir tout contre soi cette petite boule tiède et molle, de laisser glisser les doigts sur le doux pelage. Dans ces moments-là il était vraiment Ti-Jean et se sentait même devenir un peu lapin. Les deux ne faisaient plus qu’un. On était tellement plus fort, invincible dans ce vaste monde. Alors il faisait bon vivre, c’était le goût du bonheur.

Ces derniers temps, le gamin faisait sortir le petit animal dans le jardin, sans le lâcher de vue bien sûr. Ce lapin était maintenant apprivoisé. C’était SON lapin (allez donc savoir qui appartenait à l’autre…) et il répondait au doux nom de PINOU…

Les choses étaient au mieux, mais voilà qu’en rentrant de l’école, aujourd’hui, Mémette avait planté le pot à lait sur la table, essuyé ses vieilles mains rugueuses sur son grand tablier bleu, et avait lâché sans état d’âme :

— Va chercher le lait à la ferme, c’est l’heure de la traite. Ensuite tu viendras m’aider à saigner » le Gris » (bien sûr personne ne savait que « le Gris » s’appelait Pinou) on le mangera dimanche.

Un grand coup dans l’estomac, Ti-Jean eut l’impression de devenir léger comme une plume. Toute la cuisine elle-même avait reçu le choc. Même la grosse pendule continuait d’avancer chaque seconde comme à regret. Le robinet de l’évier avait suspendu sa dernière goutte…

Mémette était déjà repartie vers d’autres occupations. Le petit ne bougeait pas plus que la statue du monument aux morts sur la place de l’église. Puis il reprit une grande inspiration en secouant la tête pour dire non sans qu’aucun son ne sorte de sa gorge nouée.
Alors, sa décision fut prise. Le danger était imminent. Il fallait sauver Pinou. Ces sauvages ne toucheraient pas à un poil de son ami. Il ramassa machinalement le pot à lait, courut jusqu’au clapier, enfourna Pinou dans son grand cartable et partit sans se retourner.

Maintenant il marchait d’un pas décidé, sur le chemin qui sortait du village. Il donnait enfin libre cours à ses larmes de rage. Il prenait conscience de sa solitude. Qui pourrait t’aider, petit d’homme perdu dans ce monde si grand ? L’adversaire était de taille mais il ne voulait rien savoir. La seule chose qui comptait était de fuir, marcher et encore marcher sans jamais s’arrêter. Il arriverait peut-être bien au bout de la terre… Mais dans ses petits poings serrés il y avait la volonté sans faille de sauver Pinou.

Plus rien n’existait autour de lui. Ni le jour qui déclinait, ni les cris apeurés de quelques animaux en quête d’un refuge pur la nuit, ni celui des nocturnes sortant pour commencer leur chasse meurtrière…

Soudain, la réalité tomba sur lui sans crier gare : il était arrivé, juste là, où les enfants du village n’avaient pas la permission de traîner dans ce coin pour aller jouer. Devant lui, au fond d’un jardinet suspect, une petite maison regardait vers le sud et s’adossait au nord contre un petit bois de chênes et de bouleaux. Un homme habitait là. Un homme, seul, en compagnie de sa mauvaise réputation.

Tous les gamins de l’endroit appelaient cette demeure : LA MAISON DE L’OGRE !

 

Épisode 2 : Évasion

Ti-Jean, la peur au ventre, les jambes en coton, le souffle court, était là comme un lapin pris dans les phares d’une voiture. Il n’entendait plus que le battement de ses tempes, quand Pinou, qui n’était plus bercé par la marche du gamin, s’agita furieusement.

— Oui, oui, Pinou, je vais te faire sortir un peu…

Pinou avait la priorité. Pour la peur, on verrait plus tard. Il eut même une petite pensée d’orgueil en évoquant les copains de l’école qui seraient sans doute admiratifs de le voir là, bravant l’interdit, seul devant le danger.

Il s’accroupit, ouvrit le cartable, caressa Pinou pour le rassurer, et se rassurer surtout lui-même…

Posé sur le bord du chemin, le petit animal marqua un temps d’arrêt, puis se faufila parmi les herbes folles et tranquillement traversa la grille du portail de la maison de l’ogre.

— Oh non Pinou, pas là, pas là, reviens ici Pinou, Pinou…

Mais notre petit fugueur, bien secoué dans le cartable, venait enfin de retrouver la liberté. Et comme chacun sait, c’est un bien très convoité pour tous vivants !

Le jour commençait à faiblir sérieusement. Nous étions quand même à la fin octobre et les soirées s’annonçaient de plus en plus fraîches. C’était l’heure où il aurait fait tellement bon de rentrer dans sa maison, commencer à fermer quelques volets pour s’y sentir bien à l’abri, apprécier la danse du feu dans la cheminée et sentir la bonne odeur de la soupe du soir dans la cuisine…

Mais voilà, Ti-Jean avait voulu sauver son ami. Il le voulait toujours bien sûr, et il avait bien fait de partir sans doute. Seulement il prenait maintenant conscience de sa situation catastrophique.

Allons, allons, première des choses à faire : récupérer Pinou !

L’animal avait complètement disparu parmi les touffes d’herbe dans le jardin de la maison maudite. Alors, le môme (il fallait bien avoir l’inconscience d’un enfant !) essaya doucement d’ouvrir le portail qui - Dieu soit loué - n’était pas fermé.

Aussi doucement qu’il put, il appela :

— Pinou, mon Pinou, t’es où ? Reviens, Pinou s’il te plaît…

Il eut le réflexe, comme tous les hommes depuis la nuit des temps, d’appeler instinctivement dans son for intérieur un sauveur imaginaire qui pourrait venir l’aider. Mais qui ? Il y avait bien un Dieu qui dormait là-bas dans l’église du village… Il y était entré, une fois, pour voir. C’était sombre, froid, inquiétant. Il y avait aussi cette odeur de bougies comme les jours de panne d’électricité chez les grands-parents. Ces jours-là, la maison était remplie d’ombres qui s’allongeaient ou rapetissaient sur les murs pour jouer à lui faire peur… Dans l’église, il n’avait vu personne. D’ailleurs, Pépère et Mamette n’en parlaient jamais. Ils devaient être fâchés sans doute, et Ti-Jean n’allait pas au catéchisme comme la plupart des enfants de l’école. Alors qui ?... Il devait bien exister un dieu pour les lapins… L’urgence était d’y croire de toutes ses forces !

Tout en farfouillant de-ci de-là parmi les sauges, thyms, et autres oseilles sauvages, le gosse s’était rapproché dangereusement de la maison d’où aucune lumière ne filtrait. Toujours pas de Pinou.

Il était là, maintenant, tout contre la porte d’entrée. Il fallait donc recommencer le chemin inverse.

C’est alors, que brusquement, une lumière inonda le jardinet, et que la porte s’ouvrit brutalement.

La fin du monde était arrivée. Un cataclysme. Le loup allait manger l’agneau (il aurait dû le savoir, ça finissait comme ça dans toutes les histoires…). La vie d’un petit garçon de huit ans s’arrêterait donc là ? Déjà ?

— Nom de nom, qu’est-ce qui se passe ici ? Mais qu’est-ce que tu fais là, petit ?

Une haute silhouette noire s’était encadrée dans un rectangle de lumière jaune.

Ti-Jean n’était plus qu’un petit tas de chiffons…

L’homme l’attrapa par la manche et le tira à l’intérieur.

— Allez, rentre !

 

Épisode 3 : Pirate et pantoufles

 

Ti-Jean fut d’abord aveuglé par cette brusque lumière mais aussi par une irrépressible et glaçante panique. Ainsi, il était chez l’ogre. Captivé par l’ogre ! Il n’était plus qu’une petite chose ballotée par le destin…

La tête baissée, le cou rentré dans les épaules, il eut la vision au fond du couloir d’une pièce très éclairée. C’est sans doute là que l’ogre tuait les enfants.

  Ses yeux se portèrent alors sur les pieds du monstre. Mais les choses ne correspondaient à rien : pas de grosses bottes cloutées. Qu’avait donc l’ogre aux pieds ? Des charentaises ! Tout à fait semblables à celles de Pépère. Écossaises, un peu délavées, avachies. Tout à fait celle de son grand-père… ça alors ! Il n’en revenait pas…

  Ti-Jean reprit un peu d’assurance et commença à couler son regard le long du corps de l’adulte, finalement pas aussi grand qu’on l’aurait cru. Quand il arriva à la hauteur du visage, il eut un choc. Celui-ci était pour un quart caché par un masque. Un seul œil était masqué, mais pas vraiment, puisqu’il y avait une ouverture pour y voir. Ça faisait à l’ogre un peu une tête de pirate. Un pirate en charentaises quoi !...

  Et puis, il y eut cette voix, profonde, chaude et grave à la fois.

  — Mais mon pauvre petit, qu’est-ce que tu fais à cette heure dans mon jardin ? Raconte. Tu as l’air terrorisé, je ne vais pas te manger tout de même…

  — Ah… Ah bon ?

  — Comment « Ah bon ? ». Je sais bien tout ce que l’on raconte à mon sujet. Mais tout de même… Alors les enfants aussi ?... Mais dis-moi pourquoi tu es là.

  — M’sieur, c’est Pinou, il faut le sauver, ils veulent le tuer, il est dans le jardin, ils vont le manger, et…

  — Je ne comprends rien à ce que tu dis. Calme-toi. Viens dans la cuisine, au chaud, et raconte-moi ton histoire.

  « L’ogre » emmena Ti-Jean tout au fond, dans la pièce éclairée. Était-ce bien prudent ?...

  C’était la cuisine. La danse d’un feu dans la cheminée. Une bonne odeur de soupe. Tout comme chez Pépère et Mamette.

  Un peu plus rassuré, le gamin étala son histoire d’un bout à l’autre. Le seul œil de son interlocuteur lui semblait tellement bienveillant qu’il n’en oublia pas une miette. Mais à la fin :

  — M’sieur, il faut vite aller chercher Pinou dans le jardin. Vite, vite, je ne vais pas le retrouver dans le noir.

  — Mais si. Nous allons prendre des lampes torches. Tu vas voir. Allez, viens. Il ne faut pas se déclarer perdant avant d’avoir essayé, voyons.

  En un rien de temps, évidemment, Pinou fut retrouvé sous un pied de thym. Il avait l’air très satisfait de son escapade.

  — Maintenant, dit « l’ogre », nous allons le mettre dans une grande cage qui ne me sert plus. Si tu veux, demain, je lui construirai un grand clapier. Ici, il est en sécurité. Tu pourras venir le voir autant que tu voudras… Si tu n’as plus peur de l’ogre, bien sûr… Dit-il avec un petit sourire moqueur.

  Ti-Jean était sur un petit nuage. Il venait de passer de la plus grande frayeur à une immense joie. N’importe qui en serait un peu déboussolé, il faut bien dire.

  — Maintenant rentrons. Il est trop tard pour aller à la ferme, la nuit tombe. Justement j’ai trop de lait en ce moment. Je vais remplir ton pot, et tu vas me faire le plaisir de rentrer chez toi bien sagement. Mais tu comptais aller jusqu’où comme çà ?

  — Je ne sais pas… Jusqu’au bout de la terre et j’aurais fait bien attention à ne pas tomber au bord.

  L’homme repartit d’un franc rire joyeux.

  — Ah ! Ah ! Tu crois donc que la terre est plate comme une assiette ? Remarque, beaucoup d’autres l’ont cru avant… Ainsi, en marchant toujours tout droit, on arrive au bord de l’assiette ?

  — Ben, oui…

  — Mais tu n’as pas entendu dire à l’école que nous habitons sur une énorme boule ? Oui, comme de minuscules moucherons sur un ballon géant. Et une boule qui tourne, en plus !

  — C’est vrai ? (Alors c’était peut-être pour ça que Mamette avait quelquefois des vertiges…) mais quand elle tourne, alors, on a la tête en bas et on devrait tomber ?

  Un autre rire joyeux, et :

  — Mais non. Écoute, ce soir il est trop tard, mais reviens demain et je t’expliquerai tout çà.
 
   C’est comme ça que, plusieurs années plus tard, Ti-Jean (devenu monsieur Jean) s’entendra dire à ses petits-enfants auxquels il racontera cette histoire  : « Peut-être savait-il que la terre est ronde, mais moi je l’ignorais, pour que nous ne puissions pas voir de l’autre côté. »  

  Maintenant, dit « l’ogre », tu vas rentrer chez toi. Je suppose que tu vas avoir une belle punition. Peut-être iras-tu au lit sans manger. Alors il prit une grosse miche dans la huche à pain, en coupa une bonne tranche et y ajouta trois barres de chocolat.

  — Tiens, mange çà en route, et ne raconte pas de mensonge à tes grands-parents. Pour être en paix avec soi, il faut toujours affronter ses ennuis loyalement. Faire face, petit, souviens-toi. Ne pas tourner le dos, regarder l’ennemi droit dans les yeux. Allez, maintenant, file. Je m’occupe de ton lapin.

  Sur le chemin du retour, tout semblait avoir changé. C’était le même chemin et un autre à la fois. L’air n’avait pas la même odeur. Il y avait quelque chose de doux et de chaud qui se sentait à l’étroit dans la poitrine. Peut-être un cabri par une matinée de printemps. On était là, et partout à la fois. On était riche du monde entier, du ciel et des étoiles. C’était la vie bien au-delà de la vie…

  Alors il marchait d’un pas assuré le petit d’homme. Il marchait, la fleur au fusil, vers sa punition. Mais quelle importance !
  Il avait désormais deux amis : un lapin et un pirate en charentaise.

 

Épisode 4 : Masques et marcarades

 

  Le lendemain, tant attendu, à peine sorti de l’école, Ti-Jean courut chez l’ogre-pirate. Il avait été loyal envers les grands-parents en leur annonçant qu’il avait volontairement participé à l’évasion du « gris ». Ce lapin était son ami et il n’était pas question qu’on le mangeât. Par contre, il avait jugé bon de ne rien dire au sujet de la maisonnette à l’orée de la forêt. Un mensonge par omission, ce n’était pas tout à fait un mensonge n’est-ce pas ? Et ça pouvait éviter une guerre… Ce n’était que de la politique après tout.

  Son nouvel ami, c’était SON secret. Un secret ça peut être délicieux ou terrible. Mais un secret ça pèse lourd. Ça vous met des semelles de plomb, et ça peut s’échapper aussi facilement qu’une libellule dans un courant d’air. Il faut toujours être très attentif, on ne sait jamais…

  Donc, Ti-Jean qui était vite parti après la sortie de l’école (où les enfants pouvaient rester, s’ils le désiraient, pour y faire leurs devoirs du soir avec le maître) arriva à la maison de son bonheur.

  L’ogre-pirate l’attendait aussi avec un plantureux goûter. Cette fois il faisait grand jour et le gamin sourit en se rappelant sa frayeur de la veille dans la pénombre. Tout paraissait tellement calme et accueillant… Était-ce vraiment le même endroit ?... Il est bien vrai que c’est l’ignorance qui crée la peur… Comment avait-il pu être aussi sot pour adhérer à tous ces racontars malveillants ?... Même le masque sur le visage de son sauveur lui semblait désormais tout à fait anodin.

  — Mange ton goûter, ensuite nous irons voir ton ami lapin et le somptueux clapier que je lui ai fabriqué. Un vrai palais avec clochettes pour effrayer le moindre renard qui pourrait avoir quelques mauvaises intentions.

  Pendant qu’il mangeait, le gamin accrochait son regard sur le visage à moitié caché de l’homme.

  — Ah ! tu te demandes pourquoi j’ai ce cache sur la figure ?

  — Euh… oui…

  — Eh bien, pendant la guerre, j’ai été blessé. Mais la chose la plus extraordinaire c’est que c’est un médecin ennemi qui m’a sauvé. Sans lui, je ne serais pas là pour te parler, pas là pour construire un clapier à Pinou (la voix devint légèrement roque). Vois-tu, les hommes deviennent des ennemis parce qu’on le leur dit et le vent noir de la haine est la pire des épidémies. Mais il suffit qu’ils soient deux à se rencontrer, se parler, pour qu’ils s’aperçoivent qu’ils sont seulement deux humains dans la même galère.
  Ce médecin et moi sommes devenus des amis. Quand les choses se sont sues dans le village, je suis devenu pour tous un traître à la patrie. Voilà pourquoi je suis le pestiféré qu’il faut fuir.
  Bon sang, on ne peut pas faire taire cette putain de vie passée, mais on peut lui prouver que ça vaut la peine de vivre. Regarde, j’enlève ce masque et tu vas connaître mon vrai visage.

  Une fois le cache enlevé, apparut une grande balafre en biais, du front jusqu’au-dessous de l’œil. Un vilain bourrelet rougeâtre qui entraînait l’œil vers le bas et le fermait un peu.

  — Désormais, quand tu viendras, tu me verras toujours ainsi. Le masque c’est pour les autres, les étrangers. Je ne te fais pas peur, au moins ?

  — Non, dit l’enfant de la voix et de la tête, mais est-ce que ça vous fait mal ?

  — Non, ce ne sont pas les cicatrices qui font mal, c’est ce qu’elles cachent en dessous…

  — En dessous ?

  — Bien sûr : tous les hommes portent des masques. Mais ce sont des masques invisibles. C’est pour cacher aussi des cicatrices, mais de celles qui ne se voient pas.

  — Ah bon ?

  — Bien sûr. Certains en portent seulement parce qu’ils ne se croient pas assez beaux ou assez bien pour affronter le regard des autres. Ils se sentent un peu à l’abri. C’est ça leur blessure. C’est terrible, petit, le regard des autres. Ça peut te mettre sur un trône ou te jeter aux orties le lendemain. C’est la pire des maladies.
 Par contre, si tu veux des amis, il te faut les connaître, apprendre à soulever tout doucement leurs masques, et voir les blessures de leur vrai visage. Ce n’est pas facile, il faut du temps parfois, mais on y arrive. C’est une bonne habitude à prendre. Et des masques, il peut y en avoir une bonne pile, bien entassés les uns au-dessus des autres…

  — Ah ! mais moi je n’en ai pas !...

  — Bien sûr que si. Tu commences juste à en avoir quelques-uns. Il n’y a qu’un nouveau-né pour venir au monde tout nu.

  — Mais m’sieur…

  — Écoute, cesse de m’appeler monsieur. Appelle-moi donc capitaine.

  — Oui cap.. pitaine. Il est où mon masque à moi ?

  — Eh bien, quand tu es triste et que tu ne veux pas le montrer aux autres, tu mets ton masque de l’indifférence et du courage, par exemple.
  Tu me dis que tes grands-parents ne t’aiment pas beaucoup. Ce n’est pas vrai. Ils sont juste brisés de douleur, de chagrin. Ils ont perdu leurs trois fils. La vie s’est arrêtée pour eux. C’est comme une énorme plaie qui essaie de se refermer. La peau sur cette cicatrice n’a plus de nerfs. Ils sont devenus insensibles. Mais si tu prends le temps de soulever les masques qui les protègent, tu dois pouvoir encore atteindre des cœurs qui battent tels des moineaux blottis de peur au fond du nid.
  Et puis, assez parlé. Tu as des devoirs à faire. Je vais t’aider si tu ne sais pas.

  Ainsi, chaque jour, le capitaine se faisait maître d’école. Ti-Jean avait une grande soif d’apprendre et il devenait (mystérieusement) le meilleur élève de sa classe. Capitaine avait toujours, comme par miracle, le livre qui avait les réponses aux questions du gamin. Ce n’était jamais les mêmes. Parfois, il y en avait qui contenaient des histoires merveilleuses, juste pour le plaisir. Alors, c’était l’heure magique où l’on partait pour un monde inconnu, bien au chaud devant le crépitement du feu de la cheminée, Pinou sur les genoux. Il suffisait de laisser couler son cœur entre les mots…

  Dans la maison, il y avait un petit escalier en colimaçon pour atteindre l’étage. Tout en haut, une porte arrêtait le regard.

  Un jour que Ti-Jean avait un air interrogateur en observant la porte :

  — Ah ! Tu voudrais bien savoir ce qui se cache derrière cette porte ? Et bien c’est mon trésor. Oui, un vrai trésor, tu sais. Quand le « carrosse » sera là, je te le montrerai.

  Ce soir-là, le môme était reparti sur un petit nuage. C’était comme dans les contes des livres.

  Ainsi, le capitaine possédait un trésor et on attendait un carrosse….

 

Épisode 5 : vents et marées

Ti-Jean grandissait donc et la vie semblait lui sourire de plus en plus. Il apprenait tellement de choses avec le capitaine… C’était sans fin et son appétit grandissait d’autant. Il était né d’un regard bienveillant.

Comme dira plus tard un de ses amis écrivain : « Être vivant, c’est être vu, entrer dans la lumière d’un regard aimant ».
 

Un jour que Mamette avait rabroué l’enfant pour une broutille :

— Je sais bien Mamette pourquoi tu ne veux pas avoir l’air gentille avec moi. C’est parce que tu es tellement malheureuse d’avoir perdu tes enfants, et moi je ne peux pas les remplacer. Un enfant ça ne se remplace pas. Tu as trop mal, alors tu le caches derrière un gros masque bien épais et bien dur.

  La vieille femme en avait lâché le bol qui alla se fracasser sur le carrelage. Pour une fois, elle fixait son petit-fils de ses yeux hagard, pour une fois, elle le regardait vraiment.

  Pépère avait accouru en entendant le bruit du bol cassé. Maintenant, il ne bougeait pas plus, lui aussi, que l’épouvantail qui montait la garde devant le cerisier. De grosses larmes se mirent à rouler en silence et saler les rides de sa femme. Elle gardait la bouche serrée, les bras ballants, elle avait été foudroyée.

  Ti-Jean s’était précipité sur elle et l’entourait de ses petits bras.

  — Je t’aime bien tu sais Mamette…

  Mais elle n’arrivait pas à refermer les siens, toujours ballants de chaque côté du vieux tablier bleu, emprisonnés dans un carcan. Cette tendresse était une douleur. Lentement, timidement, les mains s’étaient rejointes sur l’enfant, mais sans serrer. Comme un vieux mécanisme un peu rouillé qui n’avait pas servi depuis longtemps…

 

  Après cet événement, la relation avec les grands-parents devint un peu plus complice. Il y avait des regards appuyés, des sourires esquissés, et surtout des voix qui vous réchauffaient le cœur et l’âme. Désormais, Ti-Jean avait une vraie place dans cette vie et il s’y sentait bien. Mais la vie change n’est-ce pas ? Rien n’est permanent sauf le changement…
 
  Le malheur survint quand Pinou rendit l’âme un beau matin de printemps.

  Ti-Jean allait avoir bientôt onze ans, mais il s’effondra comme un tout petit. Pourquoi fallait-il que rien ne dure, que tout bouge comme la terre, que tout devait finir un jour ? C’était une trahison de la vie insupportable. Comment pouvait-on trahir ainsi après tant de belles promesses ?...

  — Capitaine, pourquoi Pinou, mon Pinou ?

  — Mon petit, Pinou était plus qu’un lapin. C’était ton ami. Tu avais mis en lui une partie de toi-même. Et maintenant, c’est cette partie de toi qui est arrachée pour partir avec lui. Alors, oui, ça fait très mal… Mais tu sais que Pinou a mis aussi un peu de lui en toi. Aujourd’hui tu as trop mal pour t’en apercevoir, et tu pleures sur ce morceau de toi qui s’en va. Avec le temps - il faut du temps pour tout- tu le sentiras ton Pinou, blotti dans ton cœur quand tu penseras à lui. Tu verras, ce sera doux comme une musique… Rien n’échappe à l’entropie… Peut-être doit-on plutôt s’attacher à ce que l’on ne voit pas…

  — Qu’est-ce que c’est l’entropie ?

  — Tu apprendras ça dans quelques années au collège, où je vais tout faire pour que tu y ailles. C’est une loi de la nature qui fait que tout s’estompe avec le temps.

  — Alors, elle est moche cette loi. C’est trop triste.

  — Peut-être si l’on s’attache à ce qui se voit, mais pas à ce qui ne se voit pas et qui est le plus important…

  — Qu’est-ce qui ne se voit pas ?

  — Et bien l’amitié par exemple. Ce n’est pas une chose qui se voit et que tu peux prendre dans la main. Pinou n’est plus là, mais tu l’aimes toujours et même encore plus. Avec le temps tu verras, si tu sais le voir, que c’est le plus important.

  Ainsi Ti-Jean se consolait petit à petit. Il apprenait la vie et grandissait.

  On ne grandit qu’en se cognant partout, en échappant aux ronces, et en séchant ses larmes pour pouvoir regarder toujours plus loin, devant. La vie c’était le deuil de chaque jour, quitter l’enfant d’hier pour attendre demain et son lot de découvertes, de projets excitants. Plus tard je serai… je ferai… Tout un capital de vie devant soi… Toute une richesse encore inemployée…

 

  Vers la fin de l’année scolaire, le capitaine avait manœuvré avec l’instituteur pour que les grands-parents de Ti-Jean acceptent de l’inscrire au collège de la petite ville voisine.

  Durant ces dernières vacances, avant qu’il ne quitte la vie de son village, il lui annonça par un bel après-midi resplendissant :

  — Je crois maintenant que le « carrosse » est arrivé. Avant que tu partes pour ta nouvelle vie, je vais te présenter mon Trésor.

 

   Enfin, enfin… le garçon en avait presque le vertige. Depuis le temps qu’il l’attendait… Dehors, assis sous la tonnelle, c’était un temps bras nus, d’air parfumé d’on ne sait quoi, de grésillements d’insectes, de couleurs enivrantes.

  Le capitaine, suivi de l’enfant, se leva. Ils entrèrent dans la maison et la relative fraîcheur fut une bénédiction. On s’arrêta au bas du petit escalier…

  En haut, la porte secrète attendait.

 

Épisode 6 : Le trésor

   Ainsi le capitaine avait-il pensé que c’était le bon moment pour révéler son trésor à Ti-Jean. Quant à Ti-Jean, il se préparait pour une cérémonie. On se sent toujours fier d’être » quelqu’un » quand d’autres vous font confiance au point de vous révéler leur secret, leur trésor…

   Le capitaine en tête, clef en main, suivi de l’enfant, se mit à gravir le fameux escalier. Le prêtre montait à l’autel… Il y avait dans l’air quelque chose de solennel, presque du sacré.

   Ti-Jean ne devait jamais oublier le bruit de la clef dans cette serrure.
   On entra. Dans la pénombre, à part un petit bureau au centre de la pièce, l’enfant ne vit rien d’autre.
   Et les coffres remplis de pièces d’or et de bijoux alors ?...

   Le capitaine appuya sur un interrupteur et la lumière fut. La pièce comportait deux fenêtres qui se faisaient vis-à-vis à l’est et à l’ouest. Le propriétaire alla ouvrir successivement les volets de l’une et de l’autre. Et la magie opéra. Cette pièce, qui avait la surface de toute la maison, avait la totalité de ses murs, du haut en bas, couverts d’étagères remplies de livres. Pas un seul espace n’était resté libre. L’enfant n’en avait jamais vu autant. Il faisait le tour sur lui-même en levant et abaissant son regard. C’était un vertige sans fin. Ainsi, voilà où son ami prenait tous les livres mystérieux dont on avait besoin jour après jour… Il y avait des rangées plus brillantes que d’autres : des aristocrates au garde-à-vous montrant leur dos de cuir et d’or. Ti-Jean se souvenait que le capitaine en avait quelquefois manipulé avec précaution et respect. Il y en avait d’autres dont le dos était en couleur, et d’autres encore tout blancs. Un carrousel de fantômes qui parlaient tous à la fois…

  — Alors, petit, je te présente mon Trésor. Ma Bibliothèque. Presque tout le savoir de l’homme caché dans la symbolique des écrits. Tu as l’histoire de l’humanité depuis la nuit des temps. La géographie. Les découvertes scientifiques depuis leurs balbutiements. Tu as une grande partie de la littérature depuis l’époque des papyrus, mythologies, romans, essais, contes et poésies. Un savoir colossal. Tu as devant toi les gardiens sacrés du temple de la culture. De l’identité de l’homme.

   Un de mes amis m’a dit un jour : « Si Dieu existait, il serait une bibliothèque ». C’est une boutade, bien sûr. Quoique… tout dépend de la grandeur de la bibliothèque peut-être… Mais il m’avait dit aussi : « lire est un moyen de prolonger sa propre vie ». Bien sûr, il voulait dire prolonger en intensité, en qualité, en profondeur, en préciosité.

   Cela peut aussi te donner un pouvoir dont il faudra que tu te méfies.

   Tu vois, petit, tout ce trésor sera à toi un jour. Tu es mon héritier. Mais n’oublie jamais que cette culture n’est qu’un moyen de connaître le monde et tes frères tous les hommes. Le moyen n’est jamais le but. Cette culture n’est qu’une approche seulement, une image. Il te faudra encore chercher derrière l’image. Souviens toi, petit, voir au-delà, toujours voir de l’autre côté : te rappelles-tu le soir où tu as débarqué dans mon jardin ? Tu avais bien raison de vouloir aller voir ce qu’il y avait derrière l’horizon… Fort de cette culture, il te faudra accéder à la relation vraie, l’empathie, si tu veux atteindre les âmes. Une vie de lecture n’est bien évidemment qu’une vie de papier…

 

   Ainsi le temps avait passé… Jean avait fait des études, avait construit sa route parmi les hommes…

Puis un jour un télégramme était arrivé : Capitaine prêt pour départ sans retour.

   Jean le savait malade et âgé. Il se revit dans la cuisine de Mamette quand on lui avait dit que Pinou devait être mangé. Il était de nouveau ce petit garçon sidéré, ravagé. Son capitaine qui lui avait appris le métier d’homme !...

   Il s’était précipité le lendemain matin à l’hôpital où le vieil homme avait été transporté en urgence. Quand il entra dans la chambre, il ressentit une étrange présence. Quelque chose de sacré comme le jour où le capitaine avait présenté son trésor. Une sorte de crainte devant du trop grand qui le dépassait tellement… Et toujours cette incapacité à pouvoir retenir ce qu’on vous arrache…
   
   Le capitaine n’était plus qu’une pauvre petite chose chiffonnée dans la blancheur du lit.

   — Capitaine… mon capitaine…

Les yeux s’ouvrirent. Une magnifique lumière venue déjà peut-être d’un autre monde.

   — Allons, petit, je crois bien que c’est la fin du voyage. C’est un grand dépouillement. Je me sens si léger. Je vais rendre ce corps, cette prison prêtée pour un moment. C’est une grande paix… Ce n’est pas triste. J’ai connu la vie… Je l’ai voulu belle et Dieu qu’elle fut belle !... Tu as été le fils qu’elle m’a donné.

   — Ô capitaine… Mon père… Merci, merci. Comment pourrais-je vous remercier pour tout ce que j’ai reçu de vous ?

   — Merci n’est qu’un mot. Tu ne peux pas toujours rendre un bienfait à la personne qui te l’a fait. Si tu as reçu, tu as une dette. Pour le rendre, tu dois à ton tour transmettre à d’autres le cadeau que l’on t’a donné. C’est une chaîne vivante, vois-tu…

   Par contre, cette même chaîne peut aussi transmettre le mal qu’on nous a fait, les blessures, la haine. Celle-ci, malheureusement, on s’en sert trop souvent, il faut savoir la casser pour qu’elle s’arrête à toi. Et ce n’est pas facile. C’est tout un apprentissage. Mais j’ai confiance en toi…

   Jean avait pris la main du capitaine dans les siennes. Elle était si légère… un oiseau qui se meurt doucement.

   — Tu sais, petit, c’est comme pour Pinou. Tu te souviens ? Je vais vivre dans ton cœur pour toujours. C’est bon tu sais…

                À la course du temps
                Avons déposé armes.
                Il n’est que ciel couchant
                Pour nous habiller l’âme
                            
                             Au bord de quel rivage
                             Bordé de quelle écume
                             Allons-nous accoster ?...

                À la fin du voyage
                L’horizon devient flou
                Et n’est plus que mirage :
                Le ciel était en nous.

                               Au bord de quel rivage
                               Bordé de quelle écume
                               Allons-nous accoster ?...
                
Et c’est ainsi que des années plus tard, monsieur Jean devenu grand-père, avait décidé, ce jour-là, de raconter cette histoire à ses petits-enfants devant sa maisonnette, à l’orée de la forêt.
 
   — Elle est bien jolie ton histoire, Papinou, mais tu ne nous as pas encore dit ce qu’est devenu le « carrosse » ?

   — Le « carrosse »… Ah oui… vous savez que mon capitaine avait une blessure sur le visage. Quelquefois, ça lui occasionnait un petit défaut de prononciation.
   En fait de carrosse, il parlait du « karios » : les philosophes grecs appelaient « karios » le moment favorable.
   Et c’était sans doute, aujourd’hui, le « karios » pour que je vous aie raconté cette histoire.

 

                                                         F I N                                                          

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Commentaires

Garance
Réflexions....

Attendre le Kairos, ce n'est pas simple pour nous humains toujours pressés d'aller de l'avant.

Peut-être, l'âge aidant, trouvons-nous la sagesse suffisante...d'apprendre à attendre...à voir de l'autre côté, à voir au-delà des apparences......

 

Pour un enfant, il fait preuve d'une grande et étonnante maturité ce Ti-Jean quant il dit "un enfant ça ne se remplace pas".

 

Quant à cette pièce aux trésors tapissée de "gardiens sacrés du temple" ( temple au sens de connaissance) c'est en fait une sorte de quête du Graal.

 

Une histoire, une leçon de vie, une morale.

Remercier par la transmission, passer le témoin. Intéressant

Cela me rappelle ces poèmes , récitations qu'on apprenait à l'école primaire.

Un peu de philosophie , de l'émotion ...

plume bernache
le kaïros

 

 

Un superbe conte philosophique doucement déployé en suivant un lapinou échappé dans le labyrinthe d'une vie.

J’ai bien aimé la description de la bibliothèque, un vrai trésor en effet. Mais qui ne suffit pas.

La partie « transmission » m’a beaucoup parlé aussi. Remercier par la transmission. Une belle idée.

Et en prime un joli petit sonnet. Ce Papinou est un fameux conteur. Il nous a un peu fait languir, mais voilà il fallait attendre le kaïros…

 

 

 

 

luluberlu
Portrait de luluberlu
Hé bien ! Nous y voilà…

Hé bien ! Nous y voilà… Ti-Jean a grandi, et nous aussi.

Ti-Jean, qui n’arrive pas à se situer, qui ne trouve de place nulle part, va se dire que ce « nulle part » lui appartient. Cela passe chez lui par les études, la lecture, et cela lui confère une image de lui-même qui lui permet d’avancer.

« On se sent toujours fier d’être » quelqu’un » quand d’autres vous font confiance au point de vous révéler leur secret, leur trésor… »

plume bernache
porte secrète

 

Ce Pépère est un vrai philosophe.

Ses explications sur la dureté de Mamette, sur le deuil, sur le temps qui passe et l'enfance qui s'enfuit (mais en laissant des traces !) invitent à la réflexion. Et sans doute à discussions passionnées.

Pour l'entropie, je crois que je n'ai pas trop compris ce que c'était...Se cache-t-elle derrière la porte secrète ?

plume bernache
encore des masques

 

 Sous le masque d'un petit conte naïf et gentillet, se cache une belle histoire de tolérance, sagesse et non-violence.

 

Et une subtile explication psychologique quant à l'usage des masques que nous utilisons en permanence (non chirurgicaux, non homologués) mais très efficaces pour affronter le regard des autres. Peut-être aussi quelquefois, mais nous ne le savons pas, pour affronter notre propre regard sur nous-mêmes ?

luluberlu
Portrait de luluberlu
I love Pinou, enfin sauvé…

I love Pinou, enfin sauvé… Mais que va-t-il advenir de Ti-jean dont les parents, fort marris, n’ont pu cuisiner la gibelotte de lapin tant désirée ? Vous le saurez, peut-être, lors d’un prochain épisode.

Questions : l'épisodie est-elle contagieuse ? Existe-t-il un vaccin ?

 

PS. Penser à rouler Ti-Jean dans le thym avant...

plume bernache
lovée

 

 Et voilà, la fameuse phrase est venue se lover à la bonne place : Bravo !

 

Très beau passage entre autres : "quelque chose de doux et de chaud qui se sentait à l'étroit ……la vie bien au-delà de la vie"

 L'art de se glisser dans la peau de son personnage. Ou serait-ce l'inverse ?

plume bernache
Amen !

 

 Je prie très très fort pour que le dieu des petits lapins (si si, il existeangel)  regarde du bon côté pour une fois…

luluberlu
Portrait de luluberlu
Un début prometteur ! La

Un début prometteur ! La suite est donc attendue avec curiosité.

plume bernache
suspense insoutenable

Que va-t-il arriver à ce petit homme perdu dans un monde si grand ?

Que va faire cet homme de si mauvaise réputation ? Et Pinou donc, sauvé du couteau "saigneur" de la fermière…crying

 

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