Tableau : Arlequin et Pierrot

musique : Musique pour Arlequin et Pierrot d'André Derain

Commedia : Arlequin et Pierrot ( 1^er acte . 7/8/20)

    D’où te vient cette triste figure, Arlequin ?

— C’est à cause de Colombine.

    Quoi Colombine ? Qu’a-t-elle fait, dis-moi ?

— Rien justement.

— Non, elle a juste disparu, ajoute Pierrot, navré.

    Depuis quand ?

— Depuis notre dernière représentation au théâtre « Lé zards vivants ».

On a dansé tous les deux et puis le rideau refermé, elle n’était plus là…

    Avez-vous des soupçons ?

— Oh oui, d’étranges personnages rôdaient par là. L’air patibulaire. Tous n’étaient pas de la troupe c’est certain. Masqués. L’un avec un bec rouge, l’autre tout drapé de noir. Derrière un masque et un déguisement, va savoir à qui tu as à faire…

— Et surtout un grand diable à chausses rouges et pourpoint violet, visage caché aux trois quarts par un gigantesque chapeau à panache écarlate, un chef. Pas l’air commode !

— Et puis toutes ces fioles sur l’étagère du décor… Des potions magiques, sûr ! Peut-être des poisons ? Ah, misère !

à suivre

                      Arlequin et Pierrot ( 2^ème acte. 8/8/20 )

— On a cherché partout mais de Colombine, point ! Alors là, on joue son air préféré. Pour la faire revenir. Si elle peut encore nous entendre…

— Et moi qui avais mis mon plus beau costume pour la séduire : celui de mon tour du monde. Un petit bout de chaque pays visité. Je les ai assemblés en patchwork, vert des alpages du Tyrol, bleu de l’Adriatique, jaune du Sahara, rouge du Colorado…

— Taratata… arrête de frimer, Arlequin ! C’est juste la guenille élimée et grisâtre que tu portais quand tu dormais sous l’arche du vieux pont de Montauban. Ce fameux matin d’orage où tu es tombé à l’eau. Tu t’en souviens ? Quand on t’a repêché, le tissu avait pris toutes les couleurs charriées par le Tarn. C’est toi-même qui me l’as raconté ! D’ailleurs je trouve le résultat plutôt joli, mais Colombine n’aime pas du tout ce bariolage. Elle dit que ça fait vulgaire…

à suivre

                      Arlequin et Pierrot ( 3^ème acte.10/8/20 )

— QUOI ? VULGAIRE ? Parce que toi Pierrot, avec ton costume de plâtre…

— Moi c’est un habit de Lune, Môssieur. Une parure de rêve, de mystère et de poésie. Taillée pour voguer incognito parmi les comètes et les étoiles, là où je conduirai ma chère Co… Mais quel est cet air de clarinette ?

— C’est elle ! Co… Colombine ! Elle a l’air tout joyeux.

— Qu’est-ce que vous complotez encore tous les deux ? Pourquoi n’êtes-vous pas venus à la guinguette au bord de l’eau avec les autres ? On vous a attendu. Tant pis pour vous. On s’est bien amusés ! Mais il est tard et j’ai tellement dansé… je tombe de sommeil. On y va mon Pierrot ?

— Tout de suite ma Belle amie. Voici venue notre étoile filante. Ne la ratons pas cette fois ! Et toi Arlequin, quitte ce masque de sinistre, il ne te va pas du tout. On te préfère en rigolo.

Et de la Lune nous te ramènerons des croissants : c’est la spécialité du patelin.

— Quant à moi mon Quinquin, je te réserve ma première danse au prochain petit bal du bord de l’eau. Promis !

                                                           FIN