Accueil

Tableau : « Montauban sous la pluie »

Musique : Vivaldi : « L'hiver » ( Daniele Orlando, i solisti aquilani )

Un grinçant et sinistre grondement soudain… Sur Montauban toute encapuchonnée de nébulosités, Thor hurle sa colère et se répand en claquements violents et inquiétants. Dans l’éther déchiré s’enchaînent le feu des éclairs, les zébrures, crépitements et coups de tonnerre ; et sous l’orage qui persiste à écorcher l’espace les nuages s’affolent, s’interpellent et se font plus menaçants.

Nouvel éclair, nouveau rugissement et sur la ville alanguie… les premières grosses et larges gouttes de pluie qui « fliquent » et « floquent » sur les toits et les pavés et pianotent timidement sur les vitres ; quelques notes seulement, perlées et mélodieuses, qui se veulent apaisantes, rafraîchissantes et rassurantes au milieu de tout ce tapage céleste. La ville a pris les teintes d’un soleil qui se couche et fait chanter les couleurs.

Sur la cité, l’orage qui tarde à s’éloigner se fait néanmoins un peu plus sage ; les nuages, encore hésitants, s’enhardissent et libèrent enfin leur amas d’eau en longues écharpes diamantées et gros sanglots. Dans les rues et venelles, sur le Pont Vieux, la pluie « fait des claquettes » et ruisselle avec des accents de clarines sur les eaux du Tarn. Un peu surpris mais nullement effarouché il continue de chanter, clapote et crachote gaiement. Dans ses rieuses et petites turbulences mille touches de bleu, vert, jaune, parme, mille flammèches colorées en joyeux clapotis d’étincelles, comme si la ville s’était lavée de ses couleurs !   Toujours là, sublime, majestueux et rassurant, en mille éclats de rose le reflet inversé de la haute silhouette du Musée Ingres.

Tout là-haut Thor, sans doute las d’avoir tant donné de la voix, s’est tu. Rieuse et espiègle, la pluie s’applique maintenant à accorder ses notes et ses harmoniques : arpèges et mélodieuses vocalises entrecoupées tantôt de vibrants et longs tressaillements tantôt de gracieux soupirs et chuchotements, toute une joyeuse symphonie. Et dans le ciel aux couleurs désormais délavées, tendre et badin un arc-en-ciel ose un clin d’œil. Un dernier accord, l’averse se calme, tout s’apaise enfin.

 

6
Votre vote : Aucun(e) Moyenne : 6 (1 vote)

Commentaires

yep.yep
             Réçit riche en

 

 

         Réçit riche en vocabulaire poétique ou les couleurs et la musique des mots se disputent l'espace.

         

       délicat petit chef-d'oeuvre.Bravo.

luluberlu
Portrait de luluberlu
Citation : « mais Nougaro,

Citation : « mais Nougaro, lui, a un sacré sens du tempo ! »… Autant qu’Olala qui flique et floque. Un texte… goûteux et rafraichissant ! Elle aurait Thor d'arrêter l'atelier d'écriture, même si parfois elle « crachote » et « pianote timidement », car tous les Ingresetdiants sont là !.

plume bernache
Nougaro

 

 pas Montand, NOUGARO bien sûr ! Au temps pour moi…mais Nougaro, lui, a un sacré sens du tempo!

 

 Belle occasion de réécouter cette chanson "la pluie fait des claquettes" et dans la foulée "Un coq aimait une pendule" et les autres, "cécile" etc.

luluberlu
Portrait de luluberlu
La pluie fait des claquettes

La pluie fait des claquettes

plume bernache
duo musique peinture

 

Le duo musique -peinture est bien accordé. Les gouttes de pluie qui "fliquent et floquent" donnent le la. Thor en chef d'orchestre.

Belle image entre autres des" longues écharpes diamantées", petit clin d'œil joyeux à Yves Montand(?) avec "la pluie fait des claquettes"

Bien observé et décrit aussi le crescendo de l'orage et son "diminuendo".

Et toujours beaucoup d'élégance dans le choix des mots.

 

Vous devez vous connecter pour poster des commentaires