Deuxième thème ( atelier du jeudi 23/7/2020 ) : Paul Signac
Tableau : « Montauban sous la pluie »
Musique : Vivaldi : « L’hiver » ( Daniele Orlando, i solisti aquilani )
Il pleut sur Montauban.
Une feuille, une feuille seule sur cet arbre dénudé.
Pourtant, il y a peu, elles étaient des milliers à habiller ses belles ramures.
Elles étaient des milliers à offrir aux oiseaux de doux nids douillets.
Et l’arbre bruissait, vibrait, vivait comme jamais.
Puis l’hiver est venu avec ses frimas.
Au début, le givre du petit matin, dès les premiers rayons du soleil, donnait à toutes un aspect féérique.
Elles resplendissaient de mille feux.
Elles étincelaient et retenaient leur souffle devant tant de beauté.
Alors, oh cruelle destinée, le temps implacable les a poussées les unes après les autres vers leur triste sort.
« Je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Tu vois, je n’ai pas oublié »
Elle est seule sur cet arbre et elle résiste, elle résiste.
Soudain, le vent grince, violent, puissant.
Impossible de le contrer.
Et pourtant, elle lutte de toutes ses forces, se crispe, s’agrippe.
Mais la bourrasque sauvage, violente, finit par l’arracher de sa branche.
Et la voici, victime innocente, soulevée, brinquebalée, tourneboulée dans un chaos indescriptible, apocalyptique.
Alors, épuisée, à bout de force, elle capitule et se couche doucement sur le lit apprêté par ses sœurs.
« Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l’oubli. »
Il pleut sur Montauban, mais là-haut, tout là-haut, l’ébauche d’un arc-en-ciel présage de jours meilleurs.
Demain sera plus beau qu’aujourd’hui…
Commentaires
Un texte tout en délicatesse plein de charme et de poésie.
Oui ce texte plein de charme réveille des souvenirs…pas de regrets cette fois-ci comme dans la chanson invitée entre les lignes.
Pour moi ce sera ce petit poème de Maurice Carème évoquant une feuille morte ( mais pas tant que ça…)
L'ÉCUREUIL ET LA FEUILLE
Un écureuil, sur la bruyère
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent.
Et le vent balance la feuille
Juste au dessus de l'écureuil
Le vent attend, pour la poser
Légèrement sur la bruyère
Que l'écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière
c'est fou ce qu'une petite feuille peut réveiller dans un esprit...miracle de la mémoire qui archive pour libérer le moment venu une brassée de délicates pensées, parmi elles j'ai noté:
" le lit apprêté par ses soeurs"
" l'ébauche d'un arc-en-ciel "
Au passage, bravo à notre modérateur pour son humour.
Journée faste ce jourd'hui ! Car enfin… on se lâche, on se « bourrasque » ! On débride son cerveau, et voilà ! un tableau de Paul Signac, un concerto de Vivaldi ( L’hiver : Daniele Orlando, violon et I solisti aqualini ), une chanson ( Yves Montant ). En écriture, tout a été dit, ressassé… Mais c’est comme l’aïoli, toujours les mêmes ingrédients : de l’huile d’olive, un jaune d’œuf ( ou pas ), de l’ail… et de l’huile de coude « neuronique » ; et ça prend. Goûteux et rafraîchissant ce texte !