Déconfinement-1 : À quelle sauce (Les exos de l'atelier)

« De la sauce que diantre ! Fi donc, nulle sauce en ce jour d’hui ! »

C’est fête. Libération des six recluses de haute lignée. Des mois qu’elles espèrent ce jour.

N’est-ce pas chères cousines ? Quitter enfin votre cellule !

 Douillette au demeurant et non dépourvue de confort.

 Argenterie, dorures, luxe et volupté. Choyées ainsi que Dieux d’Olympie. Tout baigne pour parler ainsi que les manants !

En bonne compagnie surtout. Triées sur le volet. En famille pour tout dire. Tout ce qu’il y a de plus honorable.

Aucune pollution étrangère. L’on y veilla scrupuleusement.

Certes un peu à l’étroit on ne le peut nier.

Depuis combien de jours depuis combien de nuits… sont-elles confinées ?

Chacun sait qu’à la longue, s’érode la patience. Il n’aurait point fallu que cela durât plus.

Basta, n’en parlons plus. Pensons à l’avenir. Vive la liberté ! La porte va s’ouvrir.

Foin de tirer la bobinette,

 Ne cherra la moindre chevillette.

 Une clé seule suffira.

Roule laborieusement le rideau de métal geignant tel un vieux contestataire.

Les prisonnières de s’impatienter. Et chacune de rêver. D’un avenir radieux.

 L’une en montagne visitera les cascades.

En eaux profondes l’autre plongera.

Et elle, dans le lagon… ce bleu dont il porte le nom la vêtira.

La petite veut slalomer entre les icebergs, quelle idée !

Et celle-là s’élèvera dans les nuages, et puis et puis…

Hélas ! La réalité n’a que faire des rêves les plus beaux : sans ménagement les voilà toutes six projetées en pleine faïence.

Cernées de voix tonitruantes et museaux acérés. Lames tranchantes et fourches assassines.

Nulle sauce en effet en ce triste jour d’hui. Fi donc ! Seule une Huile  estampillée de noble extraction, Vierge de surcroît, au sacrifice accompagne les vénérables Clupéidées.

Honorées par des gosiers humains du grade « Délectables ».

Honorées, délectables et dévorées.

 Nul ne peut changer sa destinée.