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Le 15 août nous allons à la plage !

La mer est à 80 km de chez nous, mais mon Père n’a qu’une vieille guimbarde qui est très souvent en panne. Nous partons dans la nuit, une seconde voiture nous précède ou nous suit. Ce sont des amis, des voisins dont les enfants sont nos compagnons de jeux et avec qui nous profitons du seul jour de plage de tout l’été.

Dans la moiteur de la nuit chaude nous somnolons, serrées l’une contre l’autre, excitées par les promesses de ce jour qui se prépare.

Enfin, à l’aube, après maints arrêts et conciliabules nous arrivons.

Nous ne sommes pas les seuls. D’autres familles sont déjà là et d’autres encore continuent d’arriver. Bientôt la plage d’habitude déserte et silencieuse se transformera en campement de fortune, bruyant et gai, avec de la musique des rires et aussi parfois des querelles.

La fraîcheur de l’air nous surprend. Le soleil à peine levé règne déjà sur la mer calme, couleur d’émeraude, dont les vaguelettes viennent lécher nos pieds sur le sable.

Derrière nous, Papa installe une toile tendue sur quatre mâts pour nous abriter du soleil, Maman prépare, sur un feu de bois vite improvisé, une grande cafetière et sort le pain, un peu rassis, d’hier.

Nous trépignons d’impatience ! Qu’est-ce qu’on attend pour aller se baigner ?

Vite, vite nous enfilons nos maillots ( faits maison s’il vous plaît ) et hop ! À l’eau !

Mon Dieu que c’est frais, ça sent bon, les petites vagues nous chatouillent. L’horizon au ras des yeux j’essaie d’imaginer ce qu’il peut y avoir de l’autre côté.

La journée s’annonce bien. Pas un nuage dans le ciel incandescent.

Maman met son chapeau et nous enjoint de ne pas aller trop loin ( nous ne savons pas nager, nous pataugeons ), de s’abriter du soleil. Las, ce soir comme tous les enfants de la plage, nous serons rouges comme des homards, avec des coups de soleil monstrueux, qui dès cette nuit nous empêcheront de dormir, mais perpétuerons pour tout l’été « la plage du 15 août »

Ce n’est pas tout, ça. Le grand air, le bain de mer nous donnent faim.

Et déjà Papa s’affaire à préparer sa « paella » de l’été. Il commence par faire le foyer avec trois grosses pierres entre lesquelles il allume un bon feu. De son côté, Maman coupe le poulet, le lapin, émince les piments, les tomates, épluche l’ail.

Il installe sa grande poêle et commence à cuire les ingrédients, entouré de voisins qui pour l’encourager lui apportent l’anisette rafraîchissante et suivent de près la recette. Le temps n’est pas encore aux sandwichs, et, même pour un pique-nique au bord de la mer on ne redira rien sur la qualité du repas, ni sur la quantité, surtout que de nombreux inconnus s’invitent.

Enroulées dans nos serviettes humides, nous attendons, notre assiette à la main, que Papa la remplisse et nous envoie, d’un geste, nous mettre à l’ombre. Maman, sous son chapeau, assise sur un siège de fortune, nous surveille et vérifie que chacun est muni d’un verre d’eau de la gargoulette pour les enfants, de vin rosé dont les gouttes de fraîcheur perlent sur les parois de la bouteille, pour les « grands ».

Tout le monde mange, parle et rit en même temps.

Étourdies par la chaleur, la mer, le repas, nous nous laissons glisser doucement dans le sommeil, sur une serviette étendue sur le sable chaud et qui sent bon la marée. Bercées par les voix des adultes qui n’en finissent pas de rire et de chanter ( on ne « refait pas encore le monde » à cette époque : on se contente de profiter de l’instant ) nous faisons la sieste.

Chut !

Petit à petit les voix se sont tues. Les hommes aussi ont succombé au sommeil. La plupart des femmes ont fait du rangement, récupérant assiettes sales, verres et couverts qui repartiront dans une caisse, pour être lavés à la maison. L’air sent le café chaud.

Plus tard, surpris par le silence ou le ronronnement des voix féminines qui nous berce nous ouvrons un œil.

 

Après un grand verre d’eau fraîche parfumé de sirop de menthe nous retournons à la mer, rire en nous éclaboussant de grandes claques d’eau salée qui nous pique les yeux. Nous n’en sortirons que brièvement, les lèvres bleues claquant des dents et tremblant de froid, pour nous réchauffer au soleil quelques instants.

Les heures passent. Le soleil décline.

Le vent se lève et la mer s’agite de grosses vagues.

Du côté du campement on s’affaire, on replie les toiles, on remet les paniers dans les voitures, on entend des appels de tous côtés. C’est bientôt le départ.

Gavées de mer, de sable, de soleil, nous ne protestons pas. Séchées, rhabillées, étourdies par l’intensité de cette journée nous restons sagement assises un goûter à la main qui nous servira de dîner, mais qui a faim ?

Quelques lampes tempête commencent à trouer le crépuscule. C’est l’heure des « Au revoir «  « Bon retour » « À l’année prochaine ».

Somnolentes, nous voilà blotties dans la voiture, enveloppées de serviettes sèches, car après tant d’heures passées dans l’eau le corps s’est refroidi.

Nous ne garderons aucun souvenir du voyage de retour. Seulement une sensation de merveilleux bien être quand on nous transportera de la voiture au lit....

À l’année prochaine !

 

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Commentaires

olala
Le 15 août

La plage pour certains. Pour nous c'était l'étang, les parties de pêche ( un hameçon inventé au bout d'une ficelle !!) les parties de cache-cache endiablées, le pique-nique surprise... Moments radieux et réjouissants pour les enfants que nous étions. Souvenirs souvenirs, pas que de mauvais !!!

En tout cas merci pour ce partage qui, l'espace d'un instant, nous éloigne de nos confinements et nous renvoie moult moult années en arrière

Garance
Le 15 août

Cette journée me rappelle ma petite enfance et des vacances passées au Grau du Roi  avec une flopée de cousins et de cousines.

A ce moment là, on pouvait camper sur la plage et j'ai le souvenir du bruit des vagues qui berçait nos nuits .

je me souviens aussi de ces délicieux moments de l'endormissement et de cette fraîcheur marine que je respirais à pleins poumons. J'ai toujours recherché , et même encore, le soir pour m'endormir un air frais qui me fait délicieusement basculer dans le sommeil.

Et puis il y avait la préparation de cette incomparable paella qui mitonnait doucement sur un feu de bois allumé entre des grosses pierres.

ces merveilleux effluves de safran qui donnait au riz une couleur et un goût incomparables.

On touchait le bonheur du bout du doigt....

Merci Cétoise

plume bernache
sensations enfantines

 

 On vit cette journée d'exception à hauteur d'enfant.

 Les impressions sont parfaitement rendues. Plus que des impressions, des sensations:

"les petites vagues qui chatouillent,

l'horizon au ras des yeux. Qu'y a-t-il de l'autre côté?

les coups de soleil qui perpétueront tout l'été le souvenir de cette plage du quinze août"

Gavées de mer de sable de soleil…C'est précisément ce que, petite fille, l'on ressent après une telle journée…

 

Une saine lecture  qui fait du bien, surtout en ce moment !

yep.yep
15 aout

 

 

                     Tranche de vie qui reveille des souvenirs d'enfance et qui doit parler à    

 

                       pas mal de monde.

 

                                  Nostalgie,nostalgie...

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