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Voir : à la manière de Marie Sabine Roger ( Les exos de l’atelier )

Version 1

Pendant quelques mois j’avais été la « pétillante et sémillante Katia ».

Puis je fus un temps la « pitoyable Katia » enfermée dans son chagrin, sa colère et sa révolte.

Plus tard enfin, acceptée mon infortune, je suis devenue « Katia la combative ».

 

Le temps s’est fait fort d’amenuiser tous mes souvenirs de la première époque. M’est restée en mémoire pourtant l’exquise douceur de ce tout neuf et bouillonnant bonheur. Mais le bonheur est fragile ; ça je ne le savais pas encore.

Bonheur. Entendez ma rencontre fortuite avec Yannick ce beau jour de juin 1943. Un regard, un sourire, une caresse des yeux ; le cœur qui s’emballe, les pensées qui trébuchent et… la magie du « je t’aime, moi aussi » ! La vie qui s’illumine d’un coup et vous chatouille le cœur ; la vie qui vous porte, vous emporte, vous transporte.

Yannick et moi. Deux enfants encore, deux enfants qui nous prenons pour des adultes ; deux enfants également et précocement meurtris dans leur jeune et courte vie ; deux enfants en manque, « affamés » de tout ce qu’ils n’ont pas reçu. Yannick et moi : nous étions deux, nous n’étions qu’un. Mêmes émois, mêmes élans, mêmes enthousiasmes, même fougue ; celle de la jeunesse avec sa part d’ignorance et d’insouciance. Notre pareille incapacité à voir ou entendre ce qui se passe d’inquiétant pourtant, autour de nous.

Captifs du seul présent et de notre impétuosité nous étions. Rendez-vous dans des lieux improbables, fous rires, folles équipées et courses poursuites, « jeux interdits », bals du dimanche, nuits à la belle étoile… Pieds dans les nuages, têtes dans les étoiles nous dégustions la vie, la buvions à grosses goulées, les yeux fermés. Nous la buvions comme un sirop d’orgeat aromatisé au miel. Notre quotidien ? De la confiture sur nos tranches de vie ; une bonbonnière tout emplie de friandises et sucreries que nous suçotions avec gourmandise.

Las, à trop grignoter et suçoter, la bonbonnière contre toute attente un jour s’est vidée.

J’ai souvenir de ce jour-là comme si c’était hier. L’impitoyable, l’inexorable couperet qui tombe un beau soir. La guerre qui vous rattrape et vous fait des trous dans le cœur. Yannick s’en va jouer les petits soldats sur le front et il en est fier. L’impatience le taraude l’imbécile.

Foutue guerre qui débarque dans votre vie sans y être invitée. Foutue guerre qui, telle une méchante perquisition en règle bouscule tout renverse dévaste et… démunis et révoltés vous laisse sur le quai d’une gare. Pas de larmes, pas d’apitoiement ni manifestations tapageuses. Le cœur lacéré et qui saigne mais les yeux secs, ceux de la colère et du ressentiment. Ultime séance en « binôme ». Extinction des feux. Sur notre bonheur le rideau vient de tomber.

Du mois qui suivit je n’ai que peu de réminiscences hormis mon désarroi et mon incommensurable douleur. Comme si j’avais été dépouillée d’un coup, spoliée, « razziée ». Perdus, tous mes repères. Mon chagrin se mesurait en épuisantes nuits d’insomnie et mouchoirs détrempés. Je rêvais de trous noirs, houles, tempêtes et corps disloqués.

En moi et tout autour de moi le vide. Un vide lourd, dense, poisseux et destructeur. Un vide que je ne parvenais ni à combler ni à dompter. « Débranchée » de la vie et de tout ce qui m’avait fait l’aimer je me retrouvais ; vautrée dans ma solitude, engluée dans mon isolement. Expatriée du présent. Seule, désespérément seule.

Yannick me manque au même titre que sa drogue à un intoxiqué. Je l’ai laissé partir sans un mot tant étaient grands mon ressentiment et ma rancœur à son égard. Aujourd’hui je regrettais. Je comprenais trop tard que la guerre n’est pas un jeu et qu’il pouvait ne pas revenir.

Les jours défilaient. Je m’étiolais comme une fleur sans eau.

Vint enfin ce jour où je décidais de mettre un terme à tout cela. Il me fallait rompre avec la « nuit ». Il me fallait renouer avec la vie, redonner une seconde chance à mon ex joie de vivre.

Le printemps allait m’y aider qui commençait à se décliner en doux camaïeux de vert et de rose et à emplir l’air de senteurs délicates et subtiles. Surtout, quelque chose se passait en moi ; quelque chose d’indéfinissable ; quelque chose de léger dont j’ignorais encore la cause mais qui me poussait hors de mes retranchements. Quelque chose à quoi très vite je donnais un nom. J’étais enceinte. Peu à peu alors je réappris à aimer la beauté de ce qui m’entourait, celle de mon corps. Je réappris à écouter la musique de la nature, celle de mon cœur. Je réappris à apprécier le frémissement et le palpitement de la vie au dehors et en moi.

La nature revivait. Je revivais et respirais avec elle. À l’intérieur de moi c’était comme une petite étincelle qui rallongeait et embellissait mes journées, une tendre énigme qui allait illuminer mes jours. Un enfant, mon enfant : l’amour qui prend vie et donne des ailes à la vie.

Yannick me revenait que j’avais chassé de ma mémoire. Il me revenait avec ce sublime cadeau. Je me devais de me battre pour lui et pour l’enfant. Il était parti mais un jour il reviendrait, je le pressentais, je le savais.

 

Version 2

 

Pendant quelques mois, j’avais été la « pétillante et sémillante Katia »

Puis je fus un temps la « pitoyable Katia » enfermée dans son chagrin et sa révolte.

Plus tard enfin je suis devenue « Katia la combative »

Estompés mes souvenirs de la première époque. M’est restée en mémoire pourtant l’exquise douceur de ce tout neuf et bouillonnant bonheur. Bonheur fragile. Mais ça je ne le savais pas encore !

Je parle de ma rencontre fortuite avec Yannick ce beau jour de juin 1943. Un regard, un sourire, une caresse des yeux ; le cœur qui s’emballe, les pensées qui trébuchent et… la magie des « je t’aime moi aussi ». La vie qui s’illumine d’un coup et vous chatouille le cœur. La vie qui vous porte, vous emporte, vous transporte.

Yannick et moi. Deux enfants encore ; deux enfants qui se prennent pour des adultes ; deux enfants également et précocement meurtris ; en manque, « affamés » de tout l’amour qu’ils n’ont pas reçu.

Yannick et moi. Nous étions deux, nous n’étions qu’un. Mêmes émois, mêmes élans, mêmes enthousiasmes, même fougue. Celle de la jeunesse ; sa part d’ignorance et d’insouciance. Même incapacité itou à voir et entendre ce qui se passe, d’inquiétant pourtant, autour de nous.

« Captifs » du seul présent et de notre impétuosité nous étions. Pieds dans les nuages, tête dans les étoiles, nous dégustions la vie. Nous la buvions comme un sirop d’orgeat aromatisé au miel ; à grosses goulées, les yeux fermés. Notre quotidien : de la confiture sur nos tranches de vie ; une bonbonnière tout emplie de friandises et sucreries que nous suçotions avec gourmandise.

Las, à trop grignoter et suçoter, la bonbonnière contre toute attente un jour s’est vidée.

J’ai souvenir de ce jour-là comme si c’était hier. L’impitoyable, l’inexorable couperet qui tombe un beau soir. La guerre qui vous rattrape et vous fait des trous dans le cœur. Yannick s’en va jouer les petits soldats sur le front et il en est fier. L’impatience le taraude l’imbécile.

Foutue guerre qui débarque dans votre vie sans y être invitée. Foutue guerre qui bouscule tout renverse dévaste… Foutue guerre qui, démunis et révoltés, vous laisse sur le quai d’une gare. Pas de larmes. Pas d’apitoiement intempestif. Pas d’avantage de manifestations tapageuses. Le cœur lacéré et qui saigne. Mais les yeux secs, ceux de la colère et du ressentiment. Ultime séance en « binôme ». Extinction des feux. Sur notre bonheur le rideau vient de tomber.

Du mois qui suivit je n’ai que peu de réminiscences. Seulement mon désarroi et incommensurable douleur. Dépouillée, spoliée, « razziée » je me sentais. Perdus, tous mes repères. Mon chagrin se mesurait en épuisantes nuits d’insomnie et mouchoirs détrempés. Je rêvais de trous noirs et corps disloqués.

En moi et tout autour de moi le vide. Un vide lourd, épais, visqueux et destructeur. Mon impuissance à le combler et le dompter. « Débranchée » de la vie et de tout ce qui m’avait fait l’aimer je me retrouvais. Vautrée dans ma solitude, engluée dans mon isolement. Expatriée du présent. Seule, désespérément seule. Comme sa drogue à un toxicomane, Yannick me manquait.

Je l’avais laissé partir sans un mot. Un trop plein de rancœur et d’amertume. Je comprenais trop tard. La guerre n’est pas un jeu. Yannick pouvait ne pas revenir. L’angoisse comme compagne et les jours qui s’ajoutent aux jours. Mon étiolement comme une fleur sans eau.

Un jour enfin, l’envie, une envie irrépressible de renouer avec la vie. Mon chagrin détricoté par le temps. Une nouvelle et subite appétence : celle de redonner une seconde chance à mon ex joie de vivre.

Le printemps à la porte qui se décline en doux camaïeux de vert et de rose. L’éther tout empli de délicates et subtiles senteurs. Autre chose aussi, au tréfonds de moi ; comme un souffle. Léger et doucement persuasif à la fois. Une impression méconnue de moi ; une impression qui ne fait pas partie de mon vocabulaire émotionnel et dont j’ignore encore la cause. Étrange sensation qui me pousse hors de mes retranchements. Et tout à coup l’évidence. Je ne suis plus seule. Je suis enceinte. Angoisse et jubilation mêlées.

La nature respire, revit. Je respire et revis avec elle. Réapprendre à voir et goûter la beauté de ce qui m’entoure, celle de mon corps ; réapprendre à entendre et écouter la musique de la nature, celle de mon cœur ; réapprendre à sentir et apprécier le frémissement et le palpitement de la vie au dehors et au dedans de moi. Le chemin risque d’être long. Mais là au creux de mon ventre s’épanouit une petite étincelle. Une tendre « énigme » illumine mes journées désormais. Yannick me revenait que j’avais voulu chasser de ma mémoire. Il me revenait avec ce sublime cadeau : un enfant, notre enfant. L’amour qui prend vie et donne des ailes à la vie. J’allais me battre pour tous les deux. Il allait revenir. Nous serions bientôt une famille.

 

 

6
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Commentaires

plume bernache
   Comparatif intéressant en

 

 Comparatif intéressant en effet. Après correction le texte a conservé toute sa fraîcheur. J'aime bien le début, la rencontre, "la confiture sur nos tranches de vie""la bonbonnière"," le sirop d'orgeat aromatisé au miel ". Superbes images d'un amour juvénile.

 

angelHistoire de "chercher la petite bête", une remarque sur le dernier paragraphe:

Dans la version2 "Yannick me revenait que j'avais voulu chasser de ma mémoire"?

ou bien "Yannick me revenait que j'avais chassé de ma mémoire"?

Je préfère "que j'avais voulu…" ça me parait plus juste.

 

luluberlu
Portrait de luluberlu
Petit comparatif amusant :

Petit comparatif amusant : finalement, c'est plutôt réussi ! devilyes

 

V1/V2

Pendant quelques mois j’avais été la « pétillante et sémillante Katia ».

Puis je fus un temps la « pitoyable Katia » enfermée dans son chagrin, sa colère et sa révolte.

Plus tard enfin, acceptée mon infortune, je suis devenue « Katia la combative ».

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Pendant quelques mois, j’avais été la « pétillante et sémillante Katia »

Puis je fus un temps la « pitoyable Katia » enfermée dans son chagrin et sa révolte.

Plus tard enfin je suis devenue « Katia la combative »

V1/V2

Le temps s’est fait fort d’amenuiser tous mes souvenirs de la première époque. M’est restée en mémoire pourtant l’exquise douceur de ce tout neuf et bouillonnant bonheur. Mais le bonheur est fragile ; ça je ne le savais pas encore.

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Estompés mes souvenirs de la première époque. M’est restée en mémoire pourtant l’exquise douceur de ce tout neuf et bouillonnant bonheur. Bonheur fragile. Mais ça je ne le savais pas encore !

 

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Bonheur. Entendez ma rencontre fortuite avec Yannick ce beau jour de juin 1943. Un regard, un sourire, une caresse des yeux ; le cœur qui s’emballe, les pensées qui trébuchent et… la magie du « je t’aime, moi aussi » ! La vie qui s’illumine d’un coup et vous chatouille le cœur ; la vie qui vous porte, vous emporte, vous transporte.

Yannick et moi. Deux enfants encore, deux enfants qui nous prenons pour des adultes ; deux enfants également et précocement meurtris dans leur jeune et courte vie ; deux enfants en manque, « affamés » de tout ce qu’ils n’ont pas reçu. Yannick et moi : nous étions deux, nous n’étions qu’un. Mêmes émois, mêmes élans, mêmes enthousiasmes, même fougue ; celle de la jeunesse avec sa part d’ignorance et d’insouciance. Notre pareille incapacité à voir ou entendre ce qui se passe d’inquiétant pourtant, autour de nous.

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Je parle de ma rencontre fortuite avec Yannick ce beau jour de juin 1943. Un regard, un sourire, une caresse des yeux ; le cœur qui s’emballe, les pensées qui trébuchent et… la magie des « je t’aime moi aussi ». La vie qui s’illumine d’un coup et vous chatouille le cœur. La vie qui vous porte, vous emporte, vous transporte.

Yannick et moi. Deux enfants encore ; deux enfants qui se prennent pour des adultes ; deux enfants également et précocement meurtris ; en manque, « affamés » de tout l’amour qu’ils n’ont pas reçu.

Yannick et moi. Nous étions deux, nous n’étions qu’un. Mêmes émois, mêmes élans, mêmes enthousiasmes, même fougue. Celle de la jeunesse ; sa part d’ignorance et d’insouciance. Même incapacité itou à voir et entendre ce qui se passe, d’inquiétant pourtant, autour de nous.

V1/V2

Captifs du seul présent et de notre impétuosité nous étions. Rendez-vous dans des lieux improbables, fous rires, folles équipées et courses poursuites, « jeux interdits », bals du dimanche, nuits à la belle étoile… Pieds dans les nuages, têtes dans les étoiles nous dégustions la vie, la buvions à grosses goulées, les yeux fermés. Nous la buvions comme un sirop d’orgeat aromatisé au miel. Notre quotidien ? De la confiture sur nos tranches de vie ; une bonbonnière tout emplie de friandises et sucreries que nous suçotions avec gourmandise.

Las, à trop grignoter et suçoter, la bonbonnière contre toute attente un jour s’est vidée.

J’ai souvenir de ce jour-là comme si c’était hier. L’impitoyable, l’inexorable couperet qui tombe un beau soir. La guerre qui vous rattrape et vous fait des trous dans le cœur. Yannick s’en va jouer les petits soldats sur le front et il en est fier. L’impatience le taraude l’imbécile.

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« Captifs » du seul présent et de notre impétuosité nous étions. Pieds dans les nuages, tête dans les étoiles, nous dégustions la vie. Nous la buvions comme un sirop d’orgeat aromatisé au miel ; à grosses goulées, les yeux fermés. Notre quotidien : de la confiture sur nos tranches de vie ; une bonbonnière tout emplie de friandises et sucreries que nous suçotions avec gourmandise.

Las, à trop grignoter et suçoter, la bonbonnière contre toute attente un jour s’est vidée.

J’ai souvenir de ce jour-là comme si c’était hier. L’impitoyable, l’inexorable couperet qui tombe un beau soir. La guerre qui vous rattrape et vous fait des trous dans le cœur. Yannick s’en va jouer les petits soldats sur le front et il en est fier. L’impatience le taraude l’imbécile.

V1/V2

Foutue guerre qui débarque dans votre vie sans y être invitée. Foutue guerre qui, telle une méchante perquisition en règle bouscule tout renverse dévaste et… démunis et révoltés vous laisse sur le quai d’une gare. Pas de larmes, pas d’apitoiement ni manifestations tapageuses. Le cœur lacéré et qui saigne mais les yeux secs, ceux de la colère et du ressentiment. Ultime séance en « binôme ». Extinction des feux. Sur notre bonheur le rideau vient de tomber.

Du mois qui suivit je n’ai que peu de réminiscences hormis mon désarroi et mon incommensurable douleur. Comme si j’avais été dépouillée d’un coup, spoliée, « razziée ». Perdus, tous mes repères. Mon chagrin se mesurait en épuisantes nuits d’insomnie et mouchoirs détrempés. Je rêvais de trous noirs, houles, tempêtes et corps disloqués.

En moi et tout autour de moi le vide. Un vide lourd, dense, poisseux et destructeur. Un vide que je ne parvenais ni à combler ni à dompter. « Débranchée » de la vie et de tout ce qui m’avait fait l’aimer je me retrouvais ; vautrée dans ma solitude, engluée dans mon isolement. Expatriée du présent. Seule, désespérément seule.

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Foutue guerre qui débarque dans votre vie sans y être invitée. Foutue guerre qui bouscule tout renverse dévaste… Foutue guerre qui, démunis et révoltés, vous laisse sur le quai d’une gare. Pas de larmes. Pas d’apitoiement intempestif. Pas d’avantage de manifestations tapageuses. Le cœur lacéré et qui saigne. Mais les yeux secs, ceux de la colère et du ressentiment. Ultime séance en « binôme ». Extinction des feux. Sur notre bonheur le rideau vient de tomber.

Du mois qui suivit je n’ai que peu de réminiscences. Seulement mon désarroi et incommensurable douleur. Dépouillée, spoliée, « razziée » je me sentais. Perdus, tous mes repères. Mon chagrin se mesurait en épuisantes nuits d’insomnie et mouchoirs détrempés. Je rêvais de trous noirs et corps disloqués.

En moi et tout autour de moi le vide. Un vide lourd, épais, visqueux et destructeur. Mon impuissance à le combler et le dompter. « Débranchée » de la vie et de tout ce qui m’avait fait l’aimer je me retrouvais. Vautrée dans ma solitude, engluée dans mon isolement. Expatriée du présent. Seule, désespérément seule. Comme sa drogue à un toxicomane, Yannick me manquait.

V1/V2

Yannick me manque au même titre que sa drogue à un intoxiqué. Je l’ai laissé partir sans un mot tant étaient grands mon ressentiment et ma rancœur à son égard. Aujourd’hui je regrettais. Je comprenais trop tard que la guerre n’est pas un jeu et qu’il pouvait ne pas revenir.

Les jours défilaient. Je m’étiolais comme une fleur sans eau.

Vint enfin ce jour où je décidais de mettre un terme à tout cela. Il me fallait rompre avec la « nuit ». Il me fallait renouer avec la vie, redonner une seconde chance à mon ex joie de vivre.

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Je l’avais laissé partir sans un mot. Un trop plein de rancœur et d’amertume. Je comprenais trop tard. La guerre n’est pas un jeu. Yannick pouvait ne pas revenir. L’angoisse comme compagne et les jours qui s’ajoutent aux jours. Mon étiolement comme une fleur sans eau.

Un jour enfin, l’envie, une envie irrépressible de renouer avec la vie. Mon chagrin détricoté par le temps. Une nouvelle et subite appétence : celle de redonner une seconde chance à mon ex joie de vivre.

V1/V2

Le printemps allait m’y aider qui commençait à se décliner en doux camaïeux de vert et de rose et à emplir l’air de senteurs délicates et subtiles. Surtout, quelque chose se passait en moi ; quelque chose d’indéfinissable ; quelque chose de léger dont j’ignorais encore la cause mais qui me poussait hors de mes retranchements. Quelque chose à quoi très vite je donnais un nom. J’étais enceinte. Peu à peu alors je réappris à aimer la beauté de ce qui m’entourait, celle de mon corps. Je réappris à écouter la musique de la nature, celle de mon cœur. Je réappris à apprécier le frémissement et le palpitement de la vie au dehors et en moi.

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Le printemps à la porte qui se décline en doux camaïeux de vert et de rose. L’éther tout empli de délicates et subtiles senteurs. Autre chose aussi, au tréfonds de moi ; comme un souffle. Léger et doucement persuasif à la fois. Une impression méconnue de moi ; une impression qui ne fait pas partie de mon vocabulaire émotionnel et dont j’ignore encore la cause. Étrange sensation qui me pousse hors de mes retranchements. Et tout à coup l’évidence. Je ne suis plus seule. Je suis enceinte. Angoisse et jubilation mêlées.

V1/V2

La nature respire, revit. Je respire et revis avec elle. Réapprendre à voir et goûter la beauté de ce qui m’entoure, celle de mon corps ; réapprendre à entendre et écouter la musique de la nature, celle de mon cœur ; réapprendre à sentir et apprécier le frémissement et le palpitement de la vie au dehors et au dedans de moi. Le chemin risque d’être long. Mais là au creux de mon ventre s’épanouit une petite étincelle. Une tendre « énigme » illumine mes journées désormais. Yannick me revenait que j’avais voulu chasser de ma mémoire. Il me revenait avec ce sublime cadeau : un enfant, notre enfant. L’amour qui prend vie et donne des ailes à la vie. J’allais me battre pour tous les deux. Il allait revenir. Nous serions bientôt une famille.

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La nature revivait. Je revivais et respirais avec elle. À l’intérieur de moi c’était comme une petite étincelle qui rallongeait et embellissait mes journées, une tendre énigme qui allait illuminer mes jours. Un enfant, mon enfant : l’amour qui prend vie et donne des ailes à la vie.

Yannick me revenait que j’avais chassé de ma mémoire. Il me revenait avec ce sublime cadeau. Je me devais de me battre pour lui et pour l’enfant. Il était parti mais un jour il reviendrait, je le pressentais, je le savais.

 

 

 

Garance
Mais quel talent,

Mais quel talent, Olala!

"Yannick et moi. Nous étions deux, nous n'étions qu'un"

" Pieds dans les nuages, tête dans les étoiles"

" épuisantes nuits d'insomnie et mouchoirs détrempés"

"l'angoisse comme compagne et les jours qui s'ajoutent aux jours..."

 

Je préfère la 2ième version.

Dommage que tu aies supprimé " Rendez-vous dans des lieux improbables, fous rires...belle étoile", j'aimais bien.

 

Une belle âme se cache derrière autant de sensibilité.

Je suis bouleversée !

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