Accueil

Voir : à la manière de Marie Sabine Roger ( Les exos de l’atelier )

 

Elle a probablement connu les affres, mais aussi la beauté du monde. Puis jour après jour l’obscurité a envahi son âme. Noir complet. Imaginaire, seul refuge.

J’avais enfin décidé après quelques hésitations de satisfaire ma curiosité pour la vie et la civilisation asiatique.

Ce fort désir, je devais l’assouvir dans cette région du monde ou l’Europe et l’Asie avaient décidé, fantaisie de géographe de contracter voisinage.

Le temps était de la partie et mon séjour promettait d’être agréable. J’avais convenu d’une promenade paisible le long des rives du Bosphore. Très tôt Istanbul était en effervescence, les gens du détroit occupés à leurs tâches quotidiennes ne prêtaient guère attention à ma présence.

Dans ce doux moment, mon attention fut toutefois attirée par la présence d’une créature que même en rêve je n’aurai imaginée. Princesse de la corne d’or évadée de la tour de galetas ou compagne d’un jour de Pierre Loti en escale pour quelque temps ?

Attiré, je décidais de la suivre en tout bien tout honneur toutefois intrigué par le ballet de cette jouvencelle. Dans le dédale des ruelles de la vieille ville, complice, elle semblait m’attendre lorsque le pas hésitant je cédais un peu de distance. Douce et paisible excitation ; la mosquée bleue était en vue. La belle arrivait manifestement dans son antre. Elle s’arrêtait. J’allais enfin savoir qui elle était. Engager peut-être une conversation plaisante. Quels secrets de son existence allait-elle consentir à me livrer ? serait-elle curieuse de savoir ma vie ? Moment sublime.

Ma belle ottomane avait un regard teinté d’absence. Elle m’intriguait plus encore, je ne saisissais pas de suite les contours de son langage. Avare de mots elle l’était, m’obligeant à des initiatives de dialogue dont mes amis savent bien que cet exercice n’est pas de ceux que je préfère.

Je compris vite que cette douce créature rencontrée par hasard et dont le bleu des yeux aurait pu quelques siècles plus tôt inspirer les bâtisseurs de sa mosquée ne m’offrirait pas son regard.

Cette beauté n’était autre qu’une frêle petite chatte siamoise que les malheurs de la vie l’avaient privé de voir.

Puis nous nous sommes séparés. Chacun sa vie. Elle, je ne sais pas, mais pour moi le souvenir de cette rencontre, doux moment, de ces yeux sans vie pleins de vie n’aurait de cesse encore aujourd’hui de hanter ma mémoire.

 

6
Votre vote : Aucun(e) Moyenne : 6 (2 votes)

Commentaires

plume bernache
Sur ce texte très visuel,

Sur ce texte très visuel, tout en bleu comme la mosquée, flotte une atmosphère mystérieuse et onirique. On s’attend à voir surgir une fée …d’ailleurs, n’est-ce pas le cas ? On a envie d’accompagner le voyageur dans le dédale des ruelles à la suite de cette jouvencelle.

 

Quand à cette fameuse virgule

« Dans le dédale des ruelles de la vieille ville, complice, elle semblait m’attendre lorsque le pas hésitant je cédai un peu de distance. »

« Dans le dédale des ruelles de la vieille ville complice, elle semblait m’attendre »

Dans le premier cas, la jouvencelle est la complice du promeneur. Elle l’attend.

Dans le deuxième cas, c’est la vieille ville qui est complice de la belle dans ce dédale qu’elle connaît par cœur.

Mais les deux cas sont possibles.

En tous cas, j’ai bien aimé ce voyage.

luluberlu
Portrait de luluberlu
C'est toujours un mariage

C’est toujours un mariage intéressant quand le réel habille la fiction ( ou l’inverse ). L’exercice est en l’occurrence plutôt réussi et la surprise est là.

J’ai bien aimé le lapidaire : « Imaginaire, seul refuge. ».

Ici il manque une virgule après géographe : « Ce fort désir, je devais l’assouvir dans cette région du monde ou l’Europe et l’Asie avaient décidé, fantaisie de géographe de contracter voisinage. » Car « fantaisie de géographe » est une incise ( voir : https://www.cnrtl.fr/definition/incise ).

J’ai été surpris par la « civilisation asiatique », la Turquie étant à cheval entre 2 mondes et plus occidentale qu’asiatique.

La virgule après vieille ville n’est pas appropriée. Soit… soit. soit ;

 

Belle métaphore : «  Ma belle ottomane avait un regard teinté d’absence. ».

 

Il y a effectivement un lycée français Pierre Loti à Istambul.

 

 

 

Vous devez vous connecter pour poster des commentaires