Pardon
La colère a fait son nid en moi
Malgré moi.
Avec persévérance elle m’a éloignée
De moi,
Des autres.
Les clefs de ma prison
Elle m’a donné.
Toute à son écoute
J’ai verrouillé derrière moi
La grille.
Un puits sans fond
M’a abîmé.
J’avais perdu les clefs,
Par monts et par vaux
Ma lucidité s’en est allée.
Je croyais !
J’étais persuadée !
La solitude m’a fait douter.
Je lui en suis reconnaissante.
Je la prends pour ce qu’elle est.
Je ne la courtise pas
Mais je l’accueille.
Parfois je m’étonne.
Je l’invite,
Je la retiens
De temps à autre.
Sa compagnie me manque.
Quand elle passe
Je la presse de rester à dîner.
Elle est alors une bouffée d’air,
Une respiration nécessaire.
Par obligation
Je suis devenue funambule.
Aucune gloire à en tirer.
Longue,
Fastidieuse,
Et « casse gueule »,
A été l’initiation.
Le vide,
Le péril,
Ça excite !
Ça apprend les limites !
Pourvu que l’on se garde
De la dépendance à l’adrénaline,
Du risque de tenir sa vie
Trop souvent par un fil.
Ou l’on meurt !
Le verdict tombe !
À votre insu…
J’appréhende de retourner
Parmi les miens.
Les humains,
Dans lesquels
Je ne me reconnaissais plus !
Saurais-je encore ;
Communiquer ?
Que dis-je,
Ai-je déjà oublié,
Que cela me faisait défaut ?
Je me lance.
Je brise le silence
Avec le premier inconnu rencontré !
Les mots se bousculent de bonheur !
Mais je les retiens.
Pas tous,
Mais suffisamment.
Mon interlocuteur
Ne s’échappe pas !
J’ai pris garde,
À ne pas tout gâcher.
Ma ligne de conduite
Je serre encore inquiète.
J’avance vers l’autre.
J’ai mué.
Je me retrouve.
On vient me voir,
Et on revient.
J’ai confiance,
Je ne suis plus la même.
L’échec m’a modelée à l’alerte.
Chouette !
ALERTE !
Depuis quelque temps
J’y suis sourde.
Emportée par l’obsession,
Entraînée à hausser le ton.
Impatiente !
Trop !
Je ne divulgue plus l’information,
Que j’ai à cœur de partager avec vous !
Je l’assene comme une menace !
Comme un malheur.
Je suis trop bête !
Pardonnez-moi ;
Quand ma fougue devient hargne !
Quand j’abuse de votre bienveillance,
Quand je vous blesse malgré moi.
Je ne veux pas vous perdre,
Vous comptez tant pour moi.
Et je ne sais pas vous le dire, mes amis, avec des mots gentils.
Estharée.
Commentaires
Ce discours de Régis Debray est très pertinent : d'une lucidité et d'une sagesse rares .
Appréciable en ces temps troublés et anxiogènes...
+ le porte-clés décapsuleur ( pour les bouteilles de bière )
Ne change pas !
A ce touchant plaidoyer, car il me semble bien que c’en est un, je vais répondre par ma phrase fétiche
« Un ami, c’est quelqu’un qui te connaît bien et qui t’aime quand même »
Les amis sont là aussi pour entendre, même -et surtout- quand ils n’adhèrent pas ou pas complètement à ce que tu avances. C’est ainsi qu’on s’enrichit mutuellement.
Tu soulèves des sujets de réflexion qui nous concernent tous. «La Réflexion » n’est pas un gros mot. Et quand elle est collective elle peut être un plaisir.
Tu apportes ta fougue, on t’offre notre modération. Quelquefois nous aussi avec véhémence et peut-être en es-tu blessée. Pardon !
Donc, débattons ensemble mais sans coups de bâton…et ne nous laissons pas gagner par un surcroît d’émotions négatives. Essayons. Je viens d’entendre une émission avec Régis Debray( Le siècle vert) qui dit que les médias nous entraînent dans « une course folle d’émotions folles » il a raison.Je vais essayer de trouver les références.
On a besoin de toi. Nous avons tous besoin des autres.
Bisous de plume et de cœur de bernache.