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Une exposition à la bibliothèque de Cours de Pile. Des tableaux de « Michèle Lefrançois », avec son aimable autorisation.

 

Au détour d’un étroit sentier de terre, tapie dans un fouillis de verdure, d’herbes folles et de fleurs sauvages, il est une petite maison : basse, à deux corps, flanquée de deux appentis en bois, toit de tuiles pâlies et murs de pierre fanés par le temps, sans doute l’une de ces modestes métairies d’antan.

Un air de douceur et de paix flotte tout autour et le ciel s’effiloche en délicates volutes duveteuses et cotonneuses. Quelques restes fidèles de palissade lui servent encore d’enclos et les grands arbres présents semblent posés là pour la veiller et la protéger. Ni mouvement ni bruit dans ce verdoyant espace hormis peut-être, en lisière, le doux clapotis d’un ruisseau et le joyeux pépiement des familiers ailés du site.

Paupières closes notre maisonnette semble sommeiller. Surtout ne pas la réveiller, m’approcher doucement tout doucement et l’écouter me raconter son histoire : les doux et plaisants moments de complicité avec ses occupants, les rires et les jeux des enfants, leurs courses effrénées dans le jardin, le martèlement de la hache sur le billot ou le chant des outils dans le petit potager, les pas légers des beaux jours, ceux plus lourds des soirs de dur labeur, les repas animés ou pas selon l’humeur, les longues veillées devant la cheminée, les joies et les chagrins, les rêves et les murmures de chacun… tous ces instants de vie partagée.

Las, cela n’est plus, effacé dans le bruit du silence. Assise sur le seuil, je crois l’entendre soupirer ; un soupir, presque un sanglot face à la solitude qui dure, au temps qui passe. Comme pour apaiser un trop-plein de nostalgie, une brise légère, caressante et soyeuse s’en est venue poser à l’instant son souffle de quiétude et de paix.

Un jour, demain peut-être, quelqu’un poussera la porte de la maison silencieuse et abandonnée. Elle rouvrira alors tout grands ses yeux, retrouvera avec bonheur les aurores et les soleils couchants, la fête des couleurs et des parfums, l’effervescence passée et tout redeviendra chaleureux et vivant.

 

Haïku :                         Brume du matin
                                 Dans un camaïeu de gris
                                 De l’or en bouquet.

 

Illustration: 

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Commentaires

luluberlu
Portrait de luluberlu
« Comme pour apaiser un

« Comme pour apaiser un trop-plein de nostalgie, une brise légère, caressante et soyeuse s’en est venue poser à l’instant son souffle de quiétude et de paix. »

 

Merci pour ce souffle ! Du pur Olala !

plume bernache
douceur et paix

 

 J'aime bien la personnification de cette maison. Elle a une âme, elle éprouve la nostalgie du passé qui n'a pas l'air si lointain.Les occupants ne sont plus là mais la nature n'a guère changé, les arbres, les joyeux" familiers ailés" , les" restes fidèles de la palissade". On sent  bien que tout n'est pas perdu  et le dernier paragraphe donne de l'espoir.

C'est bien cette impression que donne ce tableau. Ce serait intéressant de savoir la vraie histoire de cette maison.

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