
Contraintes : des tableaux de Julie Dourlent (avec son aimable autorisation) exposés à la bibliothèque de Cours de Pile du 1 au 30 mars 2019, 2 groupes de 4 auteurs, une immersion en tant qu'acteurs de chaque groupe dans le tableau choisi, 2 textes en une 1/2 heure.
Cours de Pile : Il est un petit village lové au creux de la rocade. Un petit village généreux qui ouvre grandes les portes de sa médiathèque aux écrivants en goguette et aux peintres talentueux. En ce matin de printemps, huit coucous aguerris ont fait leur nid dans les tableaux de Julie pour donner vie à un récit. Après deux heures de couvaison, au sein du petit village généreux, les textes sont venus au monde juste avant le pot au feu. Oui, ce matin-là, sous la houlette d'un maître facétieux, à Cours-de-Pile, de belles naissances ont eu lieu. (Colette F.)
Premier texte : le jardin extraordinaire

Nature morte humoristique
Elle n’aurait jamais dû leur tourner le dos, Blanche. Les facéties s’enchaînent. On a bien essayé de les raisonner, que nenni. Le verre garni de potion magique laissé là, quelle imprudence ! c’était le jour de la grande récolte.
Pétillante, comme à son habitude proposa de goûter le contenu du verre. Procastine, n’était pas d’accord. On verra plus tard ! dit-elle. Artiste, un peu dans la lune contemplait l’harmonie des citrouilles disposées avec soin dans le champ. Ronchon, protesta également en disant : c’est n’importe quoi ! Timide, vit Simplette se saisir du verre. Mais il ne dit rien.
Simplette goûta :
– Mmmm… que c’est bon ! Venez les, amis, venez vous régaler !
Ils ne se firent pas prier. Discrète avait bien un peu hésité, mais Pétillante et Procrastine l’avaient bien vite persuadée.
L’ambiance devint vite débridée et joyeusement bruyante. Si bien que Chef, qui faisait tranquillement la sieste sous son parasol, se réveilla et s’empressa de vider le verre cul sec !
Peu à peu les citrouilles grossissaient, grossissaient de façon inquiétante ou... était-ce eux qui rapetissaient ? Allez savoir ! En tout cas, plus question d’escalader ces énormes légumes sans cordes ni pioches. Et puis soudain, ils réalisèrent que le verre aussi devenait immense, de la taille d’un immeuble ou presque ! C’est à ce moment-là que revint Blanche et... découvrant le verre vide, elle eut tôt fait de comprendre l’étendue du désastre.
– Ce n’est vraiment pas possible ; on ne peut pas vous faire confiance. Eh bien à vous de vous débrouiller maintenant et sachez que le charme doit opérer pendant trois longues lunes !!
L’ambiance devint vite débridée et joyeusement bruyante. Si bien que Chef, qui faisait tranquillement la sieste sous son parasol, se réveilla et s’empressa de vider le verre cul sec !
Peu à peu les citrouilles grossissaient, grossissaient de façon inquiétante ou... était-ce eux qui rapetissaient ? Allez savoir ! En tout cas, plus question d’escalader ces énormes légumes sans cordes ni pioches. Et puis soudain, ils réalisèrent que le verre aussi devenait immense, de la taille d’un immeuble ou presque ! C’est à ce moment-là que revint Blanche et... découvrant le verre vide, elle eut tôt fait de comprendre l’étendue du désastre.
– Ce n’est vraiment pas possible ; on ne peut pas vous faire confiance. Eh bien à vous de vous débrouiller maintenant et sachez que le charme doit opérer pendant trois longues lunes !!
Daniel C., Annie T., Gisèle C., cathy G.
Deuxième texte : balade en forêt

Forêt pyrénéenne
Il était une fois, dans une forêt lointaine, quatre compères qui devisaient sur leur sort. Ils étaient arrivés là, sur ce terrain escarpé, depuis un certain temps et, comme on dit, avaient pris racine...
Les beaux jours s’éloignaient doucement. Le temps fraîchissait. L’automne pointait le bout de son nez. Tous connaissaient ce changement de saison, et pourtant, chacun s’étonnait tous les ans des nouvelles couleurs dont la nature se paraît peu à peu...
On attendait ce festival de lumière toujours éblouissant. C’était des rouges se déclinant du pourpre à l’orangé, des jaunes d’or pour recouvrir la terre d’un tapis sidérant. Parfois, un talus resté dans l’ombre conservait un peu plus de vert ce qui faisait chatoyer davantage toutes ces couleurs chaudes. Et si on tendait bien l’oreille, on pouvait même entendre la respiration de Dame Nature...
Tant de sérénité, devant la lumière du ciel qui perçait à travers les feuillages, nos quatre frères en étaient tous chamboulés...
Pourtant, passé ce moment de grâce, le premier des quatre, coincé au bord du talus, manifesta une certaine mauvaise humeur :
— Le bénévolat, ça suffit. J’aimerais bien que vous m’aidiez un peu. Je suis le seul à contenir ce talus.
— Toujours en train de te plaindre, rétorqua le second. Pourtant quand mon ombre t’abritait d’une grosse chaleur tu étais bien content !...
Le plus petit s’en mêla :
— Oui, mais à cause de son ombre, je n’ai pas trop grandi !
Et le quatrième fort de la sagesse de son grand âge :
— Cessez donc ces vaines querelles ! Profitons plutôt du moment présent avant que l’hiver ne nous pare de blanc. Respirons... On est beaucoup mieux là que chez I K E A, non ? Écoutez ce silence...
C’est alors qu’un bruit assourdissant couvrit leur conversation : le bûcheron lançait sa tronçonneuse.
— Ah, notre belle odyssée touche peut-être à sa fin, et les poumons de nos enfants un jour nous pleureront...
Les beaux jours s’éloignaient doucement. Le temps fraîchissait. L’automne pointait le bout de son nez. Tous connaissaient ce changement de saison, et pourtant, chacun s’étonnait tous les ans des nouvelles couleurs dont la nature se paraît peu à peu...
On attendait ce festival de lumière toujours éblouissant. C’était des rouges se déclinant du pourpre à l’orangé, des jaunes d’or pour recouvrir la terre d’un tapis sidérant. Parfois, un talus resté dans l’ombre conservait un peu plus de vert ce qui faisait chatoyer davantage toutes ces couleurs chaudes. Et si on tendait bien l’oreille, on pouvait même entendre la respiration de Dame Nature...
Tant de sérénité, devant la lumière du ciel qui perçait à travers les feuillages, nos quatre frères en étaient tous chamboulés...
Pourtant, passé ce moment de grâce, le premier des quatre, coincé au bord du talus, manifesta une certaine mauvaise humeur :
— Le bénévolat, ça suffit. J’aimerais bien que vous m’aidiez un peu. Je suis le seul à contenir ce talus.
— Toujours en train de te plaindre, rétorqua le second. Pourtant quand mon ombre t’abritait d’une grosse chaleur tu étais bien content !...
Le plus petit s’en mêla :
— Oui, mais à cause de son ombre, je n’ai pas trop grandi !
Et le quatrième fort de la sagesse de son grand âge :
— Cessez donc ces vaines querelles ! Profitons plutôt du moment présent avant que l’hiver ne nous pare de blanc. Respirons... On est beaucoup mieux là que chez I K E A, non ? Écoutez ce silence...
C’est alors qu’un bruit assourdissant couvrit leur conversation : le bûcheron lançait sa tronçonneuse.
— Ah, notre belle odyssée touche peut-être à sa fin, et les poumons de nos enfants un jour nous pleureront...
Colette F., Évelyne J., Annie R., Sylvie D.
Illustration:


