Il y a ces gens qui passent,
Il y a ce vent qui glace,
Il y a le temps qui casse,
Il y a cela puis ceci,
Il y a ceci puis cela…
Et toujours la mémoire qui jamais ne s’efface,
Avec tous ses tiroirs où jour après jour j’entasse.
Voir mais ne jamais regarder,
Boire sans jamais être assoiffé,
Entendre mais ne jamais écouter,
Manger sans jamais être affamé,
Vivre mais ne jamais imaginer,
Et puis toujours et plus : acheter,
Sans jamais réaliser.
Vite oublier ces gens qui passent.
Vite oublier ce vent qui glace.
Vite oublier le temps qui casse.
Vivre l’ordinaire, dès le petit matin,
Sans penser plus loin à demain.
L’anesthésie médiatique est à l’œuvre,
Dors petit frère,
Dors petite sœur,
Dormez et rêvez encore.
Il y aura tant tant de nouveautés à acheter,
De nouveautés à rêver,
De nouveautés à vous frustrer.
Et toujours plus à souffrir.
Même pour ceux qui ne seront jamais affamés.
Même pour ceux qui ne seront jamais assoiffés.
Parle de renoncements et te voilà perdant.
Et pourtant…
Où sont les révoltes de mes chagrins,
De mes utopies d’adolescent.
Celles qui me faisaient écrire tous ces mots,
Dans ce monde de bruits,
Plus vide qu’un silence.
Espérant ainsi soulager par magie,
Mots pour maux… Et ces gens qui passent.
Et ce vent qui glace.
Et le temps qui casse…
Commentaires
Maux pour mots, juste des maux. J'ai particulièrement apprécié :
« Où sont les révoltes de mes chagrins,
De mes utopies d’adolescent.
Celles qui me faisaient écrire tous ces mots,
Dans ce monde de bruits,
Plus vide qu’un silence. »
Un poème qui donne à « panser ».
Juste des mots… Mais des mots justes pour les maux de notre temps.
Des mots bien agencés en une triste litanie qui serre fort le cœur.
Des mots que l'on voudrait tempérer d'une petite lueur d'espoir.
Demain peut-être ?