
Hors saison : Francis Cabrel
C’est le silence
Qui se remarque le plus
Les volets roulants tous descendus
De l’herbe ancienne
Dans les bacs à fleurs
Sur les balcons
On doit être hors-saison
C’est le silence qui se remarque le plus
Absents les chants et cris d’enfants
Bancs abandonnés et portails fermés
C’est ce silence que l’on aime le plus
Bercé par un souffle d’été.
On doit être hors saison.
La mer quand même
Dans ses rouleaux continue
Son même thème
Sa chanson vide et têtue
Pour quelques ombres perdues
Sous des capuchons
On doit être hors-saison
La plage abandonnée habitée de galets et bois lavés
L’écume et les vagues échouées
Peut-être encore pour quelques heures
Et quelques promeneurs
On est hors saison.
Le vent transperce
Ces trop longues avenues
Quelqu’un cherche une adresse inconnue
Et le courrier déborde
Au seuil des pavillons
On doit être hors-saison
Les volets clos s'ouvrent de nouveau
Après tempêtes et grandes marées
Le ciel retrouve sa douceur
La vie reprend des couleurs
On n'est plus hors saison
Une ville se fane
Dans les brouillards salés
La colère océane est trop près
Les tourments la condamnent
Aux écrans de fumée
Personne ne s’éloigne du quai
Les cris des mouettes sur les quais
Les sages bateaux aux voilures chahutées
Accordent une part de rêve à quelques badauds
Les vagues claquent sur la jetée
On est encore hors saison.
On pourrait tout prendre
Les murs, les jardins, les rues
On pourrait mettre
Aux boîtes aux lettres nos prénoms dessus
Ou bien peut-être un jour
Les gens reviendront
On doit être hors-saison
Les gens reviendront
Animeront les murs, les jardins, les rues
Mettront leurs noms sur les boîtes aux lettres perdues
Plus de brouillards salés ni d’écrans de fumée
On ne sera plus hors saison.
La mer quand même
Dans ses rouleaux continue
Son même thème
Sa chanson vide « où es-tu ? »
Tout mon courrier déborde
Au seuil de ton pavillon
On doit être hors-saison...
Le temps viendra de retrouver
La plage et ses rondeurs océanes
Déesse de nos rêves
Compagne de nos vies
En toutes saisons
Une ville se fane
Dans les brouillards salés
La colère océane est trop près
Les tourments la condamnent
Aux écrans de fumée
Personne ne s’éloigne du quai

Commentaires
Dès qu'il devient narratif (quelle que soit "l'histoire"), le poème me séduit. Merci !
J'ai bien aimé "les sages bateaux aux voilures chahutées accordent une part de rêve aux badauds…" Très juste et bien tourné.
et aussi "la plage habitée de galets et bois lavés"
et surtout "la plage et ses rondeurs océanes"
On sent une certaine impatience de retrouver la saison nouvelle ! Et c'est contagieux.