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Contraintes : Confitures – Mary Pratt

En manque de nature, Marie fait ses adieux à la ville pour une immersion en terre inconnue.

Il y eut ce besoin en elle, endormi, qui tout à coup se mit à lui parler : besoin de vivre autre chose, besoin d’ailleurs. Elle prit conscience qu’elle étouffait : le bruit d’un autre monde résonnait, là, tout près d’elle !

Nourrir son inspiration, aller à la rencontre de l’autre et pour cela sortir du seuil de sa porte.

Ne plus subir... devenir créateur de son chemin de vie ; un réel challenge !

 

Alors, elle choisit de partir, peut-être pour mieux revenir !

 

Les rayons de soleil inondaient la pièce. Les pots de confiture et de gelée, éclatants de couleurs, soigneusement alignés sur l’unique étagère, appelaient à la gourmandise !

Séduite par ce flamboiement de couleurs chaudes et l’ambiance feutrée du lieu, elle se saisit de ses pinceaux. Elle choisit d’installer son chevalet près de la baie afin de profiter de la nature enneigée tout en posant son regard sur les pots abandonnés la veille sur le comptoir de la cuisine.

Elle se plaisait à se saisir de l’instant, sublimer ces petits riens familiers ; aujourd’hui des pots aux couleurs chaudes ! Une évidence...

Ils illumineraient bientôt un petit coin, ici ou ailleurs, au gré de sa fantaisie ou de l’attention qu’elle avait toujours portée aux autres. Petit format passe-partout qu’elle se plairait à offrir.

La palette se couvrit de jaune d’or, vermillon, ocre, alizarine, terre de Sienne, bruns...

Elle joua avec la transparence du verre jusqu’à l’enrichir de minuscules billes faisant penser à des cerises ! Le rouge flamboyant côtoyait le jaune d’or, le doré se parait de bruns et la petite touche de blanc venait éclairer l’ensemble. Elle s’en remit ensuite aux ombres, se jouant des reflets, l’ombre portée rajoutant à l’éclat de la lumière. Elle ne négligea point l’arrière-plan ! De la baie pénétrait la lumière du jour sublimée par l’éclat de la neige fraîchement tombée.

Après, tout ne fut que fignolage. L’essentiel était posé. Les valeurs bleutées apporteraient la touche finale. Hochant la tête de satisfaction, elle sortit prendre l’air.

Cette demeure était un enchantement. La nature avait pris le pas sur d’anciens massifs, et le parc jadis bien entretenu avait l’aspect sauvage et désordonné d’un jardin de curé.

Le chêne centenaire offrait ses branches aux joyeux drilles qui, souvent prisonniers d’un univers bétonné, découvraient les joies de la campagne en s’essayant à l’escalade !

Abandonné aux ronces, le jardin offrait généreusement en été groseilles, myrtilles et autres saveurs fruitées. Les enfants récoltaient pendant que maman cuisait au chaudron gelées et confitures, pur enchantement des petits déjeuners d’hiver.

Les premières neiges ajoutaient un éclat tout particulier à la lumière du matin. Le feu crépitait dans le poêle. Aucun bruit ne venait troubler le silence. Les pas des passants, assourdis par la neige, se faisaient presque secrets !

Que la vie était douce et simple loin de la ville et du continent. La nature ouvrait à Marie les portes d’un futur prometteur.

Sa peinture était sa liberté ; une petite part d’elle-même qu’elle partageait et éparpillait tels de petits billets de bonheur.

Le monde de l’Art lui était familier : les musées, galeries, expositions, là où l’esprit s’envole, ses moments de récréation.

 

Pour elle l’Art est la traduction du beau dans la vie et être artiste, l’expression de la liberté d’être.

Alors elle peint sa réalité, comme ça lui chante, à l’instinct, en privilégiant la couleur pour son plaisir et la joie du partage.

 

Le voyage lui permit de lâcher prise, d’écouter sa petite voix intérieure et de réaliser son rêve.

 

Aujourd’hui elle a le sentiment d’avoir trouvé sa place et d’être en train de remplir son destin tout en cultivant ses petits bonheurs...

Incroyable ! il a suffi d’un petit cabanon au fond de son jardin pour réaliser ce miracle !

 

5.04
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Commentaires

luluberlu
Portrait de luluberlu
Eh bien, le mieux est de

Eh bien, le mieux est de continuer à éparpiller tes textes « tels de petits billets de bonheur. » yes

 

J’ai appris que la peinture est parente de la bourse (c’est le CAC 40 qui va être content) : les valeurs bleutées. Ceci étant, il y a bien un marché de l’art ! blush

 

Pour les béotiens (en peinture), dont moi : opposée à la couleur, la valeur d'une peinture s'exprime par les tons, qui sont plus ou moins contrastés en terme d'intensité ou de densité, dans un tableau. (cf. http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/valeur-en-peinture/)

plume bernache
élégance et douceur

 

 Ce qui se dégage de ce texte : Douceur, simplicité et élégance .

 Une définition de l'art, fine et généreuse. "Pour elle l'art est la traduction du beau dans la vie et être artiste l'expression de la liberté d'être.……pour son plaisir et la joie du partage"

Et j'ai appris un nouveau mot :"alizarine"

Ce beau texte semble écrit par une artiste. Merci pour ce partage !

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