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Méru est une petite cité de l'Oise qui ne défraie pas l'actualité. Cependant deux événements d'inégale importance méritent d'être relatés.

 

Dans le hall d'entrée de l'hôtel de ville, à gauche du monumental escalier, est accroché un tableau de vastes dimensions, environ deux mètres sur quatre, qui jauni aurait bien besoin d'un nettoyage. C'est une œuvre de Claude Louis (160 ?-1651), un artiste local, intitulée La Débrandade de Méru. Tenez, en ce moment même un couple d'Allemand, dictionnaire en main, feuillette, feuillette en vain, sans trouver le mot.

 

« Was zum Teufel ist Débrandade ?! » (Que diable est-ce donc?!).

 

Je ne puis les renseigner, n'étant pas sur place. Mais au lecteur je puis donner l'information suivante : il s'agit d'un épisode de la Grande Peste au XIVe siècle. Elle atteignit Méru en 1348. Vous préciser en quel mois serait trop me demander. Toujours est-il que ce fut vite la panique. Les uns se claquemurèrent en leur logis. D'autres fuirent et propagèrent souvent le fléau alentour. Quand l'épidémie cessa la population de la cité se trouva réduite au tiers de ce qu'elle fut. Débrandade signifie donc en même temps débandade et feu (de la peste). N'y voyez aucun rapport avec la brandade de morue !

 

Le second événement est certes bien plus modeste et serait passé inaperçu si l'auteur de ces lignes ne l'avait personnellement vécu. Fin mai début juin 1989 je fis un intérim à NOVINCO, aux Fonderies de Méru. Je m'y suis retrouvé Contrôleur de qualité, en tandem avec un certain Dominique Duprat, puis avec Alain Durand (trois Du certifiés authentiques…). Dès l'arrivée on me fournit des croquenots blindés anti-choc et ignifugés, un vaste tablier en coton  épais et un chapeau en toile cirée couronnant le tout. La journée commençait de très bonne heure, à quatre heures quarante-cinq et se terminait à quatorze heures.  
 
D'abord je dois décrire les lieux : un vaste hangar comportant tout à gauche le haut-fourneau. Devant, un chemin de fer sur lequel roulent des wagonnets remplis de fonte en fusion. Derrière moi, le laboratoire, modeste bureau où il fait à peine moins chaud que sous le hangar.

 

En quoi consistait notre travail ? À l'aide d'une forte louche dotée d'un long manche, d'un mètre vingt environ, nous devions prélever de la fonte, dare-dare car il faisait bon chaud. Retour rapide au labo en criant mais in petto : « Chaud devant ! Chaud devant ! ». Alors vite il fallait prélever une goutte, j'ai oublié comment, que l'on déposait sur un feuillard, feuillard que l'on plaçait sous le regard du microscope qui n'en était pas un. L'on comparait ce que l'on voyait avec les photos d'une planche et l'on cochait le résultat dans la case idoine de la feuille d'enregistrement avant de repartir, louche au clair. Ce n'était pas sorcier même s'il faisait une chaleur d'enfer.

 

Comme quoi ce modeste épisode est bien en rapport avec la Débrandade de Méru.

 

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Commentaires

plume bernache
Histoires

 

 Quand les Histoires se télescopent… Dommage qu'un peintre ou un sculpteur n'ait pas immortalisé les trois "Du…" avec leur grande louche de métal en fusion.

 

"Trois débrandadeurs en action."

 

Merci pour cette insolite tranche d'histoire locale.

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