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Visite à la Clinique Pasteur

 

Ce lundi de mai 2010 après-midi, j’étais installé dans mon fauteuil, digérant la maigre pitance ordinaire et mon compagnon, de derrière ses lunettes, feuilletait son petit carnet à ressort. Mon esprit vagabondait aux sons assourdis de la clinique, lorsque, soudain, j’entends comme un léger grattement derrière la porte.

 

— … ? Entrez !

 

La porte s’ouvre lentement. Un trottinement feutré, mais je ne vois d’abord rien. Et puis je sens comme une, deux (?) présences un peu plus bas. Et, que vois-je ? Un superbe chat aux longs poils fauves et yeux verts et une chatte, noire de jais, aux yeux d’or, se tenant par la patte.

 

— Miaou, Domi ! Je te présente Né-nu-far.

— Maouah ! fit cette dernière de son plus gracieux sourire.

 

Je reconnais la voix entendue sur mon répondeur.

 

— Eh bien ! Quelle surprise !… Incroyable… Comment avez-vous su que j’étais ici et puis comment se fait-il que… ?

— Je t’explique, car Nén ne miaule pas français. Tu te souviens, l’an dernier, de la visite du mini drone à ta clinique ? Après l’intervention, le drone t’a suivi discrètement jusque dans ta chambre et, une fois le personnel sorti, il t’a implanté une puce électronique sur le sternum. Ainsi nous pouvons te suivre à loisir, mais nous n’abusons pas ! Devant aller à Birmingham pour un congrès scientifique et des contacts commerciaux, Nén m’a pris comme secrétaire et assistant et nous avons fait un crochet par la France, la Dordogne, pour te faire une très courte visite. Avec le GPS et la puce, cela n’a été qu’un jeu (un saut, en somme).

 

(C’était donc ça… cette légère et récurrente démangeaison sur le sternum. Une puce dont je ne puis me débarrasser. Un comble !)

Devant ma mine plutôt renfrognée sous mes efforts pour sourire.

 

— Ne t’inquiète pas ! C’est tout à fait bénin. À Singapour tout le monde a sa puce et c’est bien pratique. Tiens, Nén a apporté quelque chose pour toi !

 

Et Né-nu-far de fourrager dans son sac pour en extraire un petit paquet enveloppé de papier doré qu’elle me tend, toutes pupilles dilatées.

(Oh, mais c’est assez lourd !).

 

— Ouvre !

 

Je minaude un peu pour leur faire plaisir mais pas trop longtemps, car j’ai hâte d’être fixé sur mon sort.
Scritch, scratch… Un petit bouddha de pierre verte ! Vraiment très joli ! (ouf !)

 

— Oh merci, mais vous êtes… (bouddhistes) !?
— Oui. Mais tu n’as encore rien vu. Appuie sur un œil !

 

Je m’exécute et une puissante odeur de jasmin monte.

 

— Appuie encore sur le même œil !

 

Tiens, plus d’odeur…

 

— L’autre œil émet un autre parfum. Regarde le dos du bouddha : tu as ici le sélecteur. Six parfums par œil que tu peux combiner par deux, mais Nén ne le conseille pas.

— Vraiment !... Ça me fait énormément plaisir (et c'est pratique), mais les recharges ?...

— Pas de recharges. Fonctionnement illimité, et secret de Nén !

 

J’aurais juré… C’était donc ça la dernière trouvaille.

 

— Au fait. Et le Singodor ?

— C’est le succès prévu et même au-delà. La fabrication croule sous la demande. Mais les Français sont encore timides. Nos meilleurs acheteurs sont les Belges, suivis des Allemands.

 

Nous, enfin Minalis et moi, échangeons encore un bon moment, cette fois sur ma santé, lorsque, soudain, l’on frappe à la porte. Ce sont les trois Frères de Saint-Gabriel qui reviennent prendre des nouvelles de leur aîné, frère de 82 ans, ancien enseignant d’anglais et d’espagnol, avec qui je m’entends très bien, taillant d’humoristiques bavettes.

 

— Nous nous sauvons !

 

Les Frères sont un peu étonnés…

 

— Oh, mais restez encore !

— Non, non. Domi, nous repartons de Roumanières (l’aéroport de Bergerac) à 17 h mais, avant, je veux montrer la ville à Nén. Avec le Petit train. Allez, nous te laissons. Guéris vite et bye, bye !

 

Rapides câlins, mais sans même le temps de ronronner…

 

Mye, mye ! Maye, maye !

 

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