Accueil

Un tableau, une musique, une histoire... (Les exos de l’atelier)

 

Que de chemin parcouru, que de métamorphoses accomplies ! Une capsule, de coton, une autre et… encore une autre…, nées en Afrique peut-être ? Mais écoutez donc !

 

— Dis donc, Capsulette, tu ressembles drôlement à Bourrette. Ne serais-tu pas sa sœur ?
— Non, moi c’est Duvette et mon papa s’appelle Trémolo.
— Trémolo ? Quel drôle de nom pour du coton !
— Mais non ! Papa était très mol, très doux, pas comme certains papas qui piquent…

 

Bon, laissons ces dames à leurs confidences… car pendant ce temps leurs congénères ont été récoltées, déshabillées de leur cuirasse, mises en balles très serrées (pfft, on étouffe !), acheminées vers un port côtier (reuh… quelle poussière !), montées par grues (ouh, le vertige, Maman !) et descendues à fond de cale (oh, mon beau soleil perdu…).

 

Mais à fond de cale, dans le noir, il faut bien survivre. Et l’on entend comme une voix enrouée, disons cotonneuse, émettre une douce complainte :

— Eyé, eyé, pauv'es de nous… Pays pe'du, papa pe'du, soleil pa'ti…

 

C’est alors que d’un coin de la cale, mais dans la pénombre du vingtième étage de ballots, éclate comme un coup de clairon, ou plutôt, comme un roulement de tam-tam :

 

— tac, tatatac, tata… tac, tatatac, tata… tac, tac, tac !

 

Il y eut comme un frémissement dans la cale, un immense soupir montant vers le ciel, enfin… vers le plafond. Et de bourre en bourre, de ballot en ballot, on chuchotait :

 

— On finira bien par arriver quelque part, et retrouver notre cher soleil…

 

Et, de fait, on arriva et l’on revécut le film passé, mais à rebours : la grue, le vertige, le quai, le camion… mais au lieu du champ natal, on se retrouva dans une grande bâtisse, une immense salle, devrais-je dire, mais bruyante, bruyante !… Plus question de papoter entre soi.

Et de bourre en bourrette, de fil en… Oh, mais ça va craindre ! Une grande machine qui fait clap, clap et dzigue dzigue dzig ! Et hop ! Nous voilà subitement enrôlées, embrigadées, bon gré, malgré… mal gré, je souligne !

 

— En colonnes par mille ! hurle le monstre. Et je n’ veux voir qu’une seule tête !

 

Et après tant de tribulations, un long tapis de blanche nuance apparut enfin, oh merveille ! La Toile était née !

Mais notre odyssée ne devait pas s’arrêter là…

 

— Croua, croua… Croua, croua… Un large bec aux reflets métalliques et à l’œil « visseux » nous attendait, le traître, au sortir de la machine. Et, croua, croua, je te débite, et, croua, croua, je te tronçonne, en longues phalanges, toutes semblables…

 

Et alors, que croyez-vous qu’il arriva ? Eh bien, je vais vous le dire :

 

Une escouade de têtes brunes, châtaignes… Tiens en voilà en bonnet blanc ! Et puis aussi un chapeau de paille… Un drôle de comité d’accueil !

 

Et je te nous empoigne, et je te plie aux extrémités, et je te couds avec, aïe !, de longues aiguilles et… du fil ! Collabos, va !

 

Et voilà notre histoire terminée. Une belle et grande voile est née.

 

Et, à bientôt, hisse et haut, pour un autre épisode !

 

 

5.52
Votre vote : Aucun(e) Moyenne : 5.5 (2 votes)

Commentaires

plume bernache
capsule je suis

J'ai beaucoup aimé cette aventure des petites capsules de coton.

Elle se dévide comme un fil. On voyage avec elles dans les différentes machines, on souffre avec elles, aïe l'aiguille ! Croua croua le large bec visseux(!!!) On a envie de prendre part à la conversation de Duvette et Capsulette, et pourquoi pas envisager de poursuivre l'odyssée sur le bateau espagnol dont nous connaissons déjà un peu l'équipage ?

 

Le style rappelle celui des contes : "de bourre en bourre…"répété comme un refrain, les onomatopées très parlantes, le rythme vif et léger.

 

 

Vous devez vous connecter pour poster des commentaires