Accueil

À la suite de Jón Kalman Stefánsson : Entre ciel et terre (Les exos de l’atelier)

Pour un problème, c’est un problème. Depuis… disons… trois semaines, peut-être même quatre, la maison est comme dépeuplée… Ce Petit pot de beurre, les puristes diront pot à beurre ou beurrier, a disparu. Alors j’ai accusé la bonne et le chat qui l’auraient cassé. J’ai plongé dans les poubelles, après avoir traqué de suspectes taches de graisse sur les carrelages et parquets. Ah, si Grand-Mère savait cela, elle qui tenait à ce Petit pot de beurre comme à la prunelle de ses yeux ! Je fuyais le regard de sa photo accrochée au mur du salon, regard désapprobateur qui me poursuivait dans des rêves à velléités cauchemardesques… J’ai vidé le réfrigérateur, les placards… plusieurs fois. Ah, mais je ne vous ai pas tout dit : il m’arrivait de flairer, humer, renifler dans certains coins des pièces, tout comme Carpette, le basset du voisin.

Cette affaire commençait à prendre des dimensions inquiétantes. L’obsession, quoi ! Le Petit pot de beurre devenait plus présent que s’il avait été devant mes yeux. Je le voyais tantôt sourire, tantôt grimacer. Il se moquait franchement de moi, me tirant la langue, ou se mettant le couvercle de travers ou à l’envers.

Quand, faisant mes courses, je rencontrais des connaissances, personne ne me demandait des nouvelles de mon Petit pot de beurre, mais je savais bien que c’était la vraie question que, par délicatesse, elles n’osaient me poser.
Un psychologue que de guerre lasse j’avais fini par consulter me dit que je devais faire le deuil de mon cher Petit pot de beurre, et que tant que je ne l’aurai pas fait… et bla-bla-bla… Oui mais comment faire le deuil d’un objet chéri dont je n’avais pu retrouver les adorables débris ?…

Ah, cher Petit pot de beurre, nul ne m’est plaisir en dehors de toi !

 

5.359998
Votre vote : Aucun(e) Moyenne : 5.4 (3 votes)

Commentaires

luluberlu
Portrait de luluberlu
Amusant... et un peu

Amusant... et un peu délirant. Certains mettent les doigts dans le pot de confiture, il semblerait ici que ce soit directement dans le beurrier. Quand un beurrier acquiert la dimension d’un personnage (Petit pot... avec majuscule), on est en droit de s’inquiéter.pardon

Je déplore juste cette maladie assez commune que j’appelle « virgulite », comme ici :

« Quand, faisant mes courses, je rencontrais des connaissances, »

Parce que le staccato en musique, OK, mais en lecture, c’est un peu plus gênant.give_rose

plume bernache
malicieux

 

Nous ne sommes pas loin de "Alice au pays des merveilles". J'aime ce côté enfantin et léger (ce n'est pas péjoratif !!!)

Et la pirouette finale, référence à Stefansson, génial !!!

Vous devez vous connecter pour poster des commentaires