À la suite de Jón Kalman Stefánsson : Entre ciel et terre (Les exos de l’atelier)
« Nulle chose ne m’est plaisir en dehors de toi »
Jamais elle n’avait entendu déclaration plus belle que celle-ci.
D’ailleurs, jamais elle n’avait entendu de déclaration d’aucune sorte.
Non que sa personne ne méritât louanges, car elle ne manquait ni d’esprit ni de charme.
Tout simplement, les rencontres en ces lieux étaient rares et pour tout dire inexistantes avant ce jour d’automne radieux.
Le langage n’étant pas son quotidien, elle ne savait comment répondre à cet hommage. Elle chercha une autre voie pour témoigner sa reconnaissance.
C’est à cet instant qu’un fruit chut à ses pieds : une pomme rebondie rouge et luisante semblait lui faire signe.
Elle la ramassa, la huma, la goûta et comme elle lui parut délectable et digne d’être partagée, elle la tendit à l’Homme.
Celui-ci s’en saisit et en croqua résolument une grosse bouchée. « Craouc ! »
Ce bruit fut couvert par un grondement de tonnerre tandis qu’une averse s’abattit sur eux subitement. Ils frissonnèrent.
Surgissant d’un buisson, un petit serpent couleur de feu les conduisit jusqu’à une grotte toute proche où ils trouvèrent abri.
Allongés l’un près de l’autre sur la mousse accueillante, ils prirent quelque repos.
Se souvenant des mots entendus plus tôt,
les trouvant justes et bons,
Ève murmura à l’oreille de son amant :
« Nulle chose ne m’est plaisir en dehors de toi »
Commentaires
Que voilà une jolie phrase ! Merci tanou.
"le murmure du serpent": cela ferait un joli titre de roman !
Sans doute oui luluberlu !
Et j'aurais lu Garrido avant d'écrire ce texte, le serpent eût probablement été de jade…
À dent et Sève, sans doute !
Le murmure du serpent m'est plaisir
J'apprécie ce style clair et les mots bien choisis !
Tout commence avec elle.
Comment se défaire de cette ombre qui n’est même pas la vôtre ?
Mais si elle n’avait pas existé je n’existerais pas non plus !
Un retour tout en finesse et humour à l’origine du monde !
Simple et efficace.
Merci Manuella.
Eh oui, rien de nouveau sous le soleil, il n'en faut pas plus :
un homme une femme et un petit serpent nommé désir
chabadabada… chabadabada…
C'est inattendu autant que percutant en toute simplicité.
Cette première femme sans aucune expérience d'une rencontre qui reçoit un compliment (comme tant d'autres après elle) ! Elle se sent plus forte, importante, tout d'un coup elle est saisie d'un désir plus fort qu'elle ! Elle commet alors le seul interdit ! Elle cède à ses pulsions, et s'enchaîne à son amant dans lequel elle se reconnaît en oubliant tout le reste.
Le sentiment amoureux depuis son origine !
Belle trouvaille !