À François Laur qui nous a quitté le 5 septembre. Son recueil venait d'être publié la veille.
http://revue-texture.fr/la-beaute-gifle-comme-un-grain.html
jauge à courage
il y a des yeux que le sensible dévore
jour nouveau comme prison
hier
commissures closes
entre nuit et nuit
se profilent
parsemant la courbe de rares nuages indociles
quelques sourires embourbés
un désespoir limité d’où la clarté s’élève
à sa rencontre
il est dans l’abondance des collines
sur le vaste chemin d’un ciel apaisé
aujourd’hui
de cette sereine rougeur naissante
se faufile un écho d’humain
au cœur tendre des brumes débraillées
Commentaires
« Les poètes ne meurent jamais… »
Pour moi, celui-ci vient de naître avec bonheur « dans l’abondance des collines »
Merci RB.
Et bien je ne connaissais pas ce poète, je suis allée lire une de ses proses sur internet 'J'écris ton nom chaque jour" et j'ai beaucoup aimé.
Quand à ton poème, les vers sont des pépites.
"il y a des yeux que le sensible dévore" oui et cela se lit bien sur son visage.
Et voilà tes mots encore une fois viennent à moi, ce posent sur mon épiderme.
Un poème tout plein de tendresse. Une plume d'une grande sensibilité. Pas de chagrin, mais de la lumière.
Je ne trouve pas les qualificatifs assez forts pour dire combien j'ai été touché, ça se ressent tout simplement.
aujourd'hui, esprit libre !
Hier, je ne connaissais pas ce poète, cet homme de mots.
Il n'est pas trop tard pour moi.
Merci pour ce partage.
Croisic
Bonne fin de semaine !
« L'ACCORD GRANDIT À CE QUI SE DÉROBE »
Peut-être, au cliquetis nocturne des haubans, as-tu rêvé de quelque phare merveilleux, d'un hôte très rusé de Circé aux cerises, de Croix du Sud, de marin au long cours d'avant les supertankers géants et ravageurs, les migrants qui se noient par milliers.
...
Quand tu as laissé le vent te baigner toute nue par nuits fluides et sonores, peut-être as-tu rêvé des orpailleurs du temps sous les vents alizés inclinant les antennes de leurs vaisseaux chargés d'épices.
Au moment où tes mains parcourent mon dos, où mes lèvres vont de tes genoux à ton sourire humide, nous ne touchons pas ce qui est caressé. Nous ne cherchons ni onctueux ni délicate vigueur ; pas un de nous ne sait ce que désirent nos caresses. Nous jouons avec ce qui, sans fin, se dérobe, autre toujours, inaccessible, continuellement à venir : ni mainmise, ni conquête ou savoir. Nul pouvoir dans la caresse pleine de lenteur, inachevée, rêveuse ; mais élargissement de soifs, présages constamment plus généreux, perspectives sans cesse nouvelles sur l'insaisissable.
* Le titre entre guillemets est de Pierre Perrin. Merci à lui.
AUSSI : http://francois-laur.com/
Bonjour RB,
Je connais pas l'oeuvre de François Laur, je ne le savais même pas parmi nous, être et poète...
J'ai lu un seul poème en prose de lui, et c'est à l'instant : le choc !
Je ne commenterai pas ton texte que j'ai lu à haute voix... par pudeur ; mais sache qu'il m'a touchée.
Pussicat