Accueil

Texte évolutif : les contraintes

 

Opus 1

 

— Mâ bobo, mââ bobo…

La fillette erre dans la pièce. Des larmes ruissellent sur ses joues chocolat. Elle ne les essuie même pas. Les laissant couler comme pour effacer par le flux salé les scènes dont elle avait été témoin là-bas.

Dans son poing fermé, la fillette enserre un carnet recouvert de jute brodé de laines colorées. Entre deux sanglots elle relâche la pression, entrouvre sa menotte et feuillette… Deux pages seulement sont écrites mais c’est sur la première qu’elle s’attarde. Là, sous la petite photo dentelée qui lui ressemble, sa maman a écrit M’Bala. C’est son nom ; elle le sait. Elle a bien remarqué que c’est toujours cette page que Maman montrait à la dame habillée de blanc et cheveux de soleil – celle qui soigne et qui distribue du manger sous la grande case en toile. En même temps, Maman prononçait son nom, M’Bala et quand maman disait son nom, c’était comme une douce chanson qui berce. Les sanglots s’espacent et se transforment en une triste mélopée. Les larmes se font caresse tiède.

 

Opus 2

 

— Mâ bobo, mââ bobo…

Mais qu’est-ce qu’elle dit cette petite ?

La fillette erre dans la pièce. Des larmes ruissellent sur ses joues chocolat. Elle ne les essuie même pas. Les laissant couler comme pour effacer par le flux salé les scènes dont elle avait été témoin là-bas.

La vieille Margot est encore sous le choc. Elle qui n’a quitté son village des Baronnies qu’une seule fois – pour aller en pèlerinage à Lourdes – la voilà confrontée à une enfant qu’elle n’a jamais vue, née à des milliers de kilomètres, qui parle un charabia incompréhensible et dont la couleur est bien plus sombre que celle de notre pauvre berger Nans – Paix à son âme – à la peau tannée comme du vieux cuir de chamois.

Elle effleure les cheveux de la petite. Elle est mignonne quand même cette petite, pense-t-elle ; on dirait un petit agneau tout brun et ses larmes me font autant mal au cœur que celles de n’importe quelle gamine de chez nous. Voyons, quel âge peut-elle bien avoir ? Hum, ces petits bras en chandelier pour parer les chutes… Pas deux ans, non. Plus d’un an quand même… Dix-huit mois. Guère plus. Pauvrette elle est toute maigrichonne, elle aurait bien besoin de se remplumer ! Mais que cache-t-elle dans sa main ?

Dans son poing fermé, la fillette enserre un carnet recouvert de jute brodé de laines colorées. Entre deux sanglots elle relâche la pression, entrouvre sa menotte et feuillette… Deux pages seulement sont écrites mais c’est sur la première qu’elle s’attarde. Là, sous la petite photo dentelée qui lui ressemble, sa maman a écrit M’Bala. C’est son nom ; elle le sait. Elle a bien remarqué que c’est toujours cette page que Maman montrait à la dame habillée de blanc et cheveux de soleil – celle qui soigne et qui distribue du manger sous la grande case en toile. En même temps, Maman prononçait son nom, M’Bala et quand maman disait son nom, c’était comme une douce chanson qui berce. Les sanglots s’espacent et se transforment en une triste mélopée. Les larmes se font caresse tiède

Je voudrais bien savoir ce qui est écrit dans ce carnet, pense la vieille femme mais le moment n’est pas encore venu. Qu’est-ce que je pourrais faire pour la consoler ? J’ai une idée !

Elle se précipite vers le coin près de la cheminée où niche son fabuleux cabas à merveilles. Elle fourrage un moment parmi les vieux journaux et en tire un illustré aux pages jaunies. Un de sa collection préférée, « La semaine de Musette » dont elle a tous les numéros. Tiens celui-là devrait faire l’affaire, avec les oies sauvages et le petit bonhomme à califourchon sur le dos de l’oiseau – guide.

L’effet est immédiat. D’abord interloquée, la petite cesse de gémir et pointe son index vers l’illustration colorée « zoi-zo, zoi-zo gazouille-t-elle en souriant. Elle volète dans toute la pièce comme un oiseau, émettant un cri de petit migrateur.

Soudain, un hurlement de terreur !

“Bobo Bobo Sssss Ssss” M’Bala vient de poser la main sur la pierre servant de support à l’évier et dans laquelle, en creux, est lové un reptile fossile. Margot est aux anges. Ravie d’avoir entrouvert une voie de communication vers cette fillette qui lui est envoyée par le ciel.

 

Opus 3

 

— Mâ bobo, mââ bobo…

Mais qu’est-ce qu’elle dit cette petite ?

Ce matin, lorsque Margot avait entendu cogner à la porte, comment aurait-elle pu imaginer qu’elle allait se trouver en face de Gabriel Leberger, un garçon du village qu’elle n’avait pas vu depuis au moins six ans.

Exactement depuis le jour où elle était allée au Crédit Montagnard chercher une partie de ses économies pour effectuer quelques travaux indispensables dans sa petite épicerie.

Elle l’avait à peine reconnu dans sa chemise blanche amidonnée, costume sombre et cravate à ramages impeccablement nouée. N’était-ce pas lui qu’elle croisait l’été dernier dans les champs en culotte courte, maillot rayé, jumelles en bandoulière et filet à papillons à la main ?

Là, derrière son guichet grillagé, il lui tenait un discours assorti à son costume : «Mais madame Payolle vous n’allez pas vous dépouiller de tout votre argent comme ça, il vaut mieux le placer, le faire fructifier…»  Pour financer ses travaux il lui avait proposé un « produit financier » trrès intéressant : un crédit qu’elle rembourserait sans même s’en rendre compte tellement les mensualités seraient légères. En vingt ans, elle aurait fini de… une subite surdité avait occulté la fin de la démonstration, remplacée dans sa tête par la fable de « Perrette et le pot au lait ». Elle allait réfléchir. 

Lorsque la semaine suivante, elle était revenue à la banque bien décidée à retirer son argent, c’est une jeune femme parfumée et un peu guindée qui l’avait accueillie ; Gabriel, lui apprit-elle, était parti brusquement, appelé vers d’autres postes.

Et donc ce matin, telle une apparition, il arrive chez Margot, vêtu d’un treillis militaire et chargé d’un gros sac à dos.

— Voilà pour vous madame Margot. Je suis sûr que vous en prendrez soin.

À peine a-t-il déposé son fardeau sur les carreaux de la cuisine, que celui-ci se met à gigoter et à hurler

— Mâ bobo… mâ bobo,!

En toute hâte le militaire soulève le rabat du sac et de ses grosses mains en fait éclore une toute petite fille en pleurs qu’il tend à la vieille femme en essayant de calmer l’enfant d’une voix grave et douce :

— La, la, pleure pas petite puce. Tout va bien. On est arrivés. Mamie Margot va bien s’occuper de toi.

La petite se dégage et pleure de plus belle. Gabriel fouille dans sa poche et en sort une boussole à aiguille dorée, tournoyant au bout d’une chaîne.

— Tiens prends ça pour t’amuser. Tu peux jouer avec maintenant, on n’en a plus besoin, on est arrivés. Et de toute façon l’aiguille est bloquée.

La fillette erre dans la pièce. Des larmes ruissellent sur ses joues chocolat. Elle ne les essuie même pas. Les laissant couler comme pour effacer par le flux salé les scènes dont elle avait été témoin là-bas.

La vieille Margot est encore sous le choc. Elle qui n’a quitté son village des Baronnies qu’une seule fois – pour aller en pèlerinage à Lourdes – la voilà confrontée à une enfant qu’elle n’a jamais vue, née à des milliers de kilomètres, qui parle un charabia incompréhensible et dont la couleur est bien plus sombre que celle de notre pauvre berger Nans – Paix à son âme – à la peau tannée comme du vieux cuir de chamois.

Elle effleure les cheveux de la petite. Elle est mignonne quand même cette petite, pense-t-elle ; on dirait un petit agneau tout brun et ses larmes me font autant mal au cœur que celles de n’importe quelle gamine de chez nous. Voyons, quel âge peut-elle bien avoir ? Hum, ces petits bras en chandelier pour parer les chutes… Pas deux ans, non. Plus d’un an quand même… Dix-huit mois. Guère plus. Pauvrette elle est toute maigrichonne, elle aurait bien besoin de se remplumer ! Mais que cache-t-elle dans sa main ?

Dans son poing fermé, la fillette enserre un carnet recouvert de jute brodé de laines colorées. Entre deux sanglots elle relâche la pression, entrouvre sa menotte et feuillette… Deux pages seulement sont écrites mais c’est sur la première qu’elle s’attarde. Là, sous la petite photo dentelée qui lui ressemble, sa maman a écrit M’Bala. C’est son nom ; elle le sait. Elle a bien remarqué que c’est toujours cette page que Maman montrait à la dame habillée de blanc et cheveux de soleil – celle qui soigne et qui distribue du manger sous la grande case en toile. En même temps, Maman prononçait son nom, M’Bala et quand maman disait son nom, c’était comme une douce chanson qui berce. Les sanglots s’espacent et se transforment en une triste mélopée. Les larmes se font caresse tiède.

Je voudrais bien savoir ce qui est écrit dans ce carnet, pense la vieille femme mais le moment n’est pas encore venu. Qu’est-ce que je pourrais faire pour la consoler ? J’ai une idée !

Elle se précipite vers le coin près de la cheminée où niche son fabuleux cabas à merveilles. Elle fourrage un moment parmi les vieux journaux et en tire un illustré aux pages jaunies. Un de sa collection préférée, “La semaine de Musette” dont elle a tous les numéros. Tiens celui-là devrait faire l’affaire, avec les oies sauvages et le petit bonhomme à califourchon sur le dos de l’oiseau – guide.

L’effet est immédiat. D’abord interloquée, la petite cesse de gémir et pointe son index vers l’illustration colorée “zoi-zo, zoi-zo gazouille-t-elle en souriant. Elle volète dans toute la pièce comme un oiseau, émettant un cri de petit migrateur.

Soudain, un hurlement de terreur !

‘Bobo Bobo Sssss Ssss’ M’Bala vient de poser la main sur la pierre servant de support à l’évier et dans laquelle, en creux, est lové un reptile fossile. Margot est aux anges. Ravie d’avoir entrouvert une voie de communication vers cette fillette qui lui est envoyée par le ciel.

 

Opus 4

 

— Mâ bobo, mââ bobo…

Mais qu’est-ce qu’elle dit cette petite ?

Ce matin, lorsque Margot avait entendu cogner à la porte, comment aurait-elle pu imaginer qu’elle allait se trouver en face de Gabriel Leberger, un garçon du village qu’elle n’avait pas vu depuis au moins six ans.

Exactement depuis le jour où elle était allée au Crédit Montagnard chercher une partie de ses économies pour effectuer quelques travaux indispensables dans sa petite épicerie.

Elle l’avait à peine reconnu dans sa chemise blanche amidonnée, costume sombre et cravate à ramages impeccablement nouée. N’était-ce pas lui qu’elle croisait l’été dernier dans les champs en culotte courte, maillot rayé, jumelles en bandoulière et filet à papillons à la main ?

Là, derrière son guichet grillagé, il lui tenait un discours assorti à son costume : « Mais madame Payolle vous n’allez pas vous dépouiller de tout votre argent comme ça, il vaut mieux le placer, le faire fructifier… »  Pour financer ses travaux il lui avait proposé un « produit financier » trrès intéressant : un crédit qu’elle rembourserait sans même s’en rendre compte tellement les mensualités seraient légères. En vingt ans, elle aurait fini de… une subite surdité avait occulté la fin de la démonstration, remplacée dans sa tête par la fable de « Perrette et le pot au lait ». Elle allait réfléchir. Et tandis que le banquier en sueur avalait coup sur coup trois verres d’eau, elle avait tourné les talons.

Lorsque la semaine suivante, elle était revenue à la banque bien décidée à retirer son argent, c’est une jeune femme parfumée et un peu guindée qui l’avait accueillie ; Gabriel, lui apprit-elle, était parti brusquement, appelé vers d’autres postes.

En effet, le soir même, après la visite de Margot Payolle, il avait démissionné sans préavis et sans réclamer son dû. Il était parti en emportant seulement ce petit billet de banque bleu sans valeur pour d’autres que lui-même. Il l’avait découvert par hasard dans la liasse de billets à retirer du circuit. Sous le portrait du berger représenté au recto, entre l’élégante signature du caissier et celle du secrétaire général, on distinguait une troisième signature. Beaucoup plus rustique celle-là : « Nans Leberger, gardien du troupeau ». Gabriel avait reconnu l’écriture et le portrait de son grand-père tenant fermement son bâton. Un peintre ambulant avait un jour croqué le portrait du berger et vendu son œuvre à la Banque de France. Désormais ce billet ne le quitterait pas et serait son fétiche.

Épris d’une soif de donner un sens à sa vie, l’ancien banquier s’était engagé dans une O. N.G, faisant valoir un diplôme d’auxiliaire sanitaire obtenu pendant son service militaire. Puis il s’était porté volontaire pour une mission en Afrique.

Et donc ce matin, telle une apparition, il arrive chez Margot, vêtu d’un treillis militaire et chargé d’un gros sac à dos.

— Voilà pour vous madame Margot. Je suis sûr que vous en prendrez soin.

À peine a-t-il déposé son fardeau sur les carreaux de la cuisine, que celui-ci se met à gigoter et à hurler

— Mâ bobo… mâ bobo, !

En toute hâte le militaire soulève le rabat du sac et de ses grosses mains en fait éclore une toute petite fille en pleurs qu’il tend à la vieille femme en essayant de calmer l’enfant d’une voix grave et douce :

— La, la, pleure pas petite puce. Tout va bien. On est arrivés. Mamie Margot va bien s’occuper de toi.

La petite se dégage et pleure de plus belle. Gabriel fouille dans sa poche et en sort une boussole à aiguille dorée, tournoyant au bout d’une chaîne.

— Tiens prends ça pour t’amuser. Tu peux jouer avec maintenant, on n’en a plus besoin, on est arrivés. Et de toute façon l’aiguille est bloquée.

La fillette erre dans la pièce. Des larmes ruissellent sur ses joues chocolat. Elle ne les essuie même pas. Les laissant couler comme pour effacer par le flux salé les scènes dont elle avait été témoin là-bas.

La vieille Margot est encore sous le choc. Elle qui n’a quitté son village des Baronnies qu’une seule fois – pour aller en pèlerinage à Lourdes – la voilà confrontée à une enfant qu’elle n’a jamais vue, née à des milliers de kilomètres, qui parle un charabia incompréhensible et dont la couleur est bien plus sombre que celle de notre pauvre berger Nans – Paix à son âme – à la peau tannée comme du vieux cuir de chamois.

Elle effleure les cheveux de la petite. Elle est mignonne quand même cette petite, pense-t-elle ; on dirait un petit agneau tout brun et ses larmes me font autant mal au cœur que celles de n’importe quelle gamine de chez nous. Voyons, quel âge peut-elle bien avoir ? Hum, ces petits bras en chandelier pour parer les chutes… Pas deux ans, non. Plus d’un an quand même… Dix-huit mois. Guère plus. Pauvrette elle est toute maigrichonne, elle aurait bien besoin de se remplumer ! Mais que cache-t-elle dans sa main ?

Dans son poing fermé, la fillette enserre un carnet recouvert de jute brodé de laines colorées. Entre deux sanglots elle relâche la pression, entrouvre sa menotte et feuillette… Deux pages seulement sont écrites mais c’est sur la première qu’elle s’attarde. Là, sous la petite photo dentelée qui lui ressemble, sa maman a écrit M’Bala. C’est son nom ; elle le sait. Elle a bien remarqué que c’est toujours cette page que Maman montrait à la dame habillée de blanc et cheveux de soleil – celle qui soigne et qui distribue du manger sous la grande case en toile. En même temps, Maman prononçait son nom, M’Bala et quand maman disait son nom, c’était comme une douce chanson qui berce. Les sanglots s’espacent et se transforment en une triste mélopée. Les larmes se font caresse tiède.

Je voudrais bien savoir ce qui est écrit dans ce carnet, pense la vieille femme mais le moment n’est pas encore venu. Qu’est-ce que je pourrais faire pour la consoler ? J’ai une idée !

Elle se précipite vers le coin près de la cheminée où niche son fabuleux cabas à merveilles. Elle fourrage un moment parmi les vieux journaux et en tire un illustré aux pages jaunies. Un de sa collection préférée, « La semaine de Musette » dont elle a tous les numéros. Tiens celui-là devrait faire l’affaire, avec les oies sauvages et le petit bonhomme à califourchon sur le dos de l’oiseau-guide.

L’effet est immédiat. D’abord interloquée, la petite cesse de gémir et pointe son index vers l’illustration colorée « zoi-zo, zoi-zo gazouille-t-elle en souriant. Elle volète dans toute la pièce comme un oiseau, émettant un cri de petit migrateur.

Enfin Gabriel lui explique à mi-voix que cette enfant vient du Mali, un village près de Gao, que sa famille a été massacrée sous ses yeux par une horde de barbares semant la terreur dans toute la contrée. La petite ne doit la vie qu’à l’intervention des soldats de l’ONU en mission là-bas. Une infirmière de la Croix Rouge a pris le relais et s’est occupée d’elle. Lorsque Gabriel a vu la précarité de vie dans ce centre d’accueil, les risques encourus plus tard, il n’a pas hésité. Coûte que coûte, il fallait arracher cette enfant à toutes ces horreurs. Et vite ! Justement un rapatriement sanitaire pour la France était prévu le lendemain matin. Escorté par l’armée. On manquait d’encadrement. Il s’était porté volontaire et, avec la complicité de Myriam l’infirmière, ils avaient organisé le départ de la fillette. D’un rustique sac de soldat, ils avaient fait une confortable couchette pour bébé. Habituée depuis sa naissance à être portée sur le dos de sa mère, la petite n’avait pas trop rechigné. Dans l’avion, elle s’était endormie assez rapidement, juste aidée par un léger calmant ajouté dans son biberon de lait de chèvre.

— Mais dis-moi Gabriel, cette fillette tu l’as volée ?

— Non, s’insurge-t-il, juste sauvée. Vous auriez fait comme moi si vous aviez entendu les récits de saccage, viols…

— Arrête arrête, la petite pourrait entendre ! Pauvrette comme elle a dû avoir peur… et maintenant elle doit avoir très faim ! Tu crois que du gâteau de riz… ?

Soudain, un hurlement de terreur ! 

« Bobo Bobo Sssss Ssss » M’Bala vient de poser la main sur la pierre servant de support à l’évier et dans laquelle, en creux, est lové un reptile fossile.

— Mais non ma petitoune, pas bobo, aie pas peur… viens avec Mamie Margot.

— La petite se niche contre la vieille femme qui l’emporte dans ses bras en la berçant doucement.

Gabriel jubile. Il se sent fier d’avoir réussi ce sauvetage. C’est autre chose que de « se prostituer » au Crédit Montagnard comme il l’avait fait pendant trop longtemps.

Tout en faisant manger M’bala, Margot réfléchit :

— Dis-moi, tu ne vas pas avoir de problèmes quand tu vas rejoindre ton régiment ? Quoi que tu en dises, tu as enlevé un enfant et à l’Armée, ce genre de chose, ça rigole pas…

— Ne vous inquiétez pas Margot. Aucun régiment ne me recherchera, car je ne suis pas militaire. Je rendrai le sac et l’uniforme empruntés, juste pour le voyage, à un pote rencontré à la base là-bas. Car on ne demande jamais à un militaire ce qu’il transporte dans son gros sac n’est-ce pas ? Un brave bougre ce para. Dunard il s’appelait.

— Mmmm, bon tato… veu enco tato M’Bala encôô tato réclame la fillette en tapant dans son assiette avec sa cuillère.

Margot est aux anges. Maculée de riz au lait. Ravie d’avoir entrouvert une voie de communication vers cette fillette qui lui est envoyée par le ciel. Quant à Gabriel, il faut qu’elle pense à lui remettre enfin le béret et la houlette de Nans, comme elle l’a promis au vieux berger la veille de sa mort.

 

6
Votre vote : Aucun(e) Moyenne : 6 (2 votes)

Commentaires

luluberlu
Portrait de luluberlu
(sans sujet)

>)

plume bernache
oups !

 

 M’Bala est le nom d’un petit garçon facétieux et sympathique rencontré dans un conte africain lu à mes petits enfants.

 Et il n’a rien à voir avec Dieudonné dont j’ignorais encore le nom il y a cinq minutes.

Ce que je sais de lui ne me donne pas du tout envie de lui faire un clin d’œil… même s’il a bobo !

 

Quant à la difficulté de l’exercice, c’est quand même nous, pauvres petites « Ecripturiennes » qui savons combien nous avons souffert !!!:((:((big_grinangel

luluberlu
Portrait de luluberlu
Excellent. Pas tortueux pour

Excellent. Pas tortueux pour un kopek ! Ni nébuleux ni difficile l’exo. Il suffisait de s’y mettre.

En plus, il y a des histoires (4, ils sont gâtés les lecteurs !). L’écriture, DES aventures !

Je me suis posé une question : le titre (le nom : M’Bala) et bobo, est-ce un clin d’œil à Dieudonné ?

plume bernache
risquée

 

 Merci Barzoï de t'être risquée à lire et à commenter ce long texte plutôt tortueux !

J'ai bien failli m'y perdre moi-même… Mais c'est parfois amusant de se perdre.

L'écriture, quelle aventure !;):)

barzoï (manquant)
Un exercice difiicile et

Un exercice difficile et nébuleux, je suis ravie que tu l’aies mené à bien. J’adore ton histoire, tu vas toujours chercher les choses loin. J’aime ton écriture, car elle a le pouvoir d’immerger le lecteur à la seconde, complètement dans ton écrit. Il y a quelque chose de magique, de l’ordre du conte, mais ce n’est pas un conte parce que c’est toujours d’une grande clarté et d’expression et d’âme. Alors je te lis toujours avec gourmandise et je te dis toujours la ¨même chose : très bonne continuation, surtout..

Vous devez vous connecter pour poster des commentaires