Le silence (les exos de l’atelier)
J’aime ce moment de la journée où enfin s’apaise le vacarme du labeur des hommes. Machines et moteurs enfin muets.
Humains rentrés dans les foyers.
Place au bienheureux silence de la campagne.
Derniers pépiements des oiseaux s’apprêtant à mettre la tête sous l’aile.
Entrée en scène du rossignol dont c’est l’heure de gloire.
Relayé par l’appel de la chouette clamant l’ouverture de son sanglant commerce nocturne.
Dans le lac en contrebas, les grenouilles accordent leurs gosiers pour la grande symphonie du crépuscule.
Incroyable diversité des voix finissant par trouver une harmonie sur un rythme d’opérette.
Qu’un chien dans le vallon lance une alerte et voilà que de tous horizons fusent les réponses :
le berger allemand du gendarme avertit le beagle du chasseur
qui interpelle le labrador de l’ébéniste
qui taquine les trois épagneuls du viticulteur.
Pour ne pas être en reste, le « chihuahua » du jeune couple manifeste à gorge « jappillante ». Puis soudain, tous s’arrêtent.
Hé ho les chiens, beaucoup de bruit pour rien !
Le calme crincrin des grillons reprend la partition, ponctué par la flûte pointue de la rainette des champs.
Beaucoup plus tard,
quand la nuit a déployé sa cape de velours
et que la lune montre ses cornes,
il m’arrive d’entendre,
en prêtant bien l’oreille,
chuchoter les étoiles.
Commentaires
Merci brume pour votre commentaire sympa auquel j'avais oublié de répondre, pardon !
Ce texte n'est qu'un "reportage" de ce que j'entends depuis… trrrrès longtemps.
Née près d'une mare, j'habite au dessus d'un lac. Alors les grenouilles…sont mes berceuses de l'été.
Tout en évocations d’une justesse saisissante qui révèle un silence aigu d’observations visuelles et sonores.
Une grande poésie, en plus, qui nous émeut sous la voûte céleste protectrice de la nuit...
Plume, légère comme une caresse de la vie !
Chouette !
Un bruyant silence c'est exactement ça.
Des bruits apaisants. Il n'y a qu'à la campagne que l'on peut entendre le chant d'une chouette et des grenouilles.
Vraiment vous m'avez fait passer un agréable moment.
Pas de descriptions, vous avez donné de la vie à la faune.
J'ai été transpercée par les ondes zen de votre nouvelle.
Bravo.
Un texte habité, c’est le moins que l’on puisse dire, habité par un talent de conteuse hypnotique, je ne sais pas comment cela ce fait une scène est décrite et je voyage, merci, J" adore.
Le pseudo doit prédisposer à la légèreté. Je viens, en lisant cette « ode », de mesurer le poids du silence... celui d'une plume.