IL PLEUT
Pour mon frère, deux jours avant qu’il parte.
JE PLEUX
Quand le ciel est gris
Et que c’est lundi,
Lundi en habit
De vie rétrécie,
Je pleux.
J’ai pris mon imper,
Mais à qui bien plaire
Loin de la lumière,
Près de la lisière.
Je pleux, je pleux
Et goutte à goutte,
Je pleux, je pleux,
Et je t’égoutte.
TU PLEUX
D’un air délicat,
Tu ne le dis pas,
Tu restes au-delà
De tous nos éclats.
Tu pleux
Tes plaisanteries
Font qu’on en oublie
Les bizarreries,
Les sensibleries.
Tu pleux, tu pleux
Et goutte à goutte,
Tu pleux, tu pleux,
Même s’il t’en coûte.
NOUS PLEUVONS
Devant l’évidence,
Devant cette offense,
Crie notre violence,
Casse le silence.
Nous pleuvons.
Il fait pourtant beau
Derrière les carreaux,
Ouvrons les rideaux,
Stoppons le rouleau.
Nous pleuvons, nous pleuvons
Et goutte à goutte,
Nous pleuvons, nous pleuvons,
Souv’nirs sans doute.
VOUS PLEUVEZ
Mais n’oubliez pas,
Vous autres ici-bas,
Malgré les fracas
Vogue le trois mâts.
Vous pleuvez.
Les mots obstinés
N’ont pas évité
La réalité.
Donnez-lui congé.
Mais….
IL PLEUT ?
Commentaires
A Corbivan, Barzoî et Plume.
J'ai posté cet écrit comme une catharsis.
Je vous remercie beaucoup pour vos commentaires
sur ce texte qui me tient beaucoup à coeur.
A+
Ce poème est à lire à haute voix :
on entend la pluie encore mieux…et aussi les larmes.
J'ai aimé "lundi en habit de vie rétrécie"
et "nous pleuvons il fait pourtant beau"
deux vers qui me touchent particulièrement.
J’aime ce poème qui m’a donné envie de sourire.
Je salue la délicatesse du poème et cette métaphore des larmes.
Sur un sujet aussi personnel et sensible on ne peut que se taire…
Mais comme ce poème est publié ici pour être lu et commenté...au point de vue de la forme ma préférence va au 'je pleux' et au 'tu pleux' ensuite je trouve moins d'intensité au 'nous' et au 'vous'.
À vous relire.
Corbivan