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Lien : Rêve - Métamorphose

Elle surplombait la vallée avec majesté, de ses quelque trois mille mètres.

Tranquillement assise depuis une éternité, ancrée massivement sur le plateau.

Elle apparaissait tôt le matin chapeautée d’un anneau cotonneux du plus bel effet.

De loin, on l’admirait comme une princesse au digne maintien. L’azur seul la dominait, rehaussant sa grande beauté.

Aux premières heures du jour elle s’habillait de rosée scintillante, soigneusement drapée dans les plis de ses contreforts. Un feston de végétation ourlait sa jupe de tons de vert, devenant chatoyant dans la lumière. Elle imposait l’éclat de la sérénité dans son immobilité.

Son aura depuis longtemps, s’était répandue loin, bien loin à l’horizon, à l’est comme à l’ouest.

Elle était belle à couper le souffle !

Les habitants alentour, la respectaient, la protégeaient, l’entretenaient avec application dans un profond dévouement. Des alpinistes venaient du monde entier pour l’escalader. Gagner son sommet pour acquérir la renommée tant espérée. Elle consentait généreusement à leur accorder cette célébrité d’un jour. Elle lui octroyait sa célébrité. Elle en était assez fière tout en restant humble, et bienveillante avec les humains qu’elle accueillait sur ses parois difficiles, prisées pour leurs enseignements.

Elle était heureuse de son existence et avait atteint l’épanouissement que chacun pouvait espérer dans la vie. Parfois cependant elle ressentait de la mélancolie. Le relief connu, tout autour, n’avait plus de secret pour elle. La mer, là-bas, la rendait rêveuse, nostalgique. Elle éprouvait une envie irrépressible de connaître cet élément liquide, tout aussi célèbre qu’elle. Il l’intriguait tellement ! Elle essayait d’imaginer l’impression des falaises baignant dans la mer. Celle-ci animée du rythme qui scandait les vagues, brassait leurs pieds sertis de sable ou de galets. Cela devait être si agréable toutes ces caresses, devenant des massages vigoureux, furieux parfois dans les tempêtes. Quelle chance ! De pouvoir se parer d’autant de frou-frou vaporeux. Elle devait l’avouer, elle en restait un peu jalouse. Ses lointaines cousines avaient l’opportunité, elles, de changer de toilette ! C’est important pour une femme. Elle se consolait un peu en se remémorant sa splendeur flamboyante à l’automne. Mais cela ne durait pas ! Puis elle enfilait, telle une mariée, ce blanc givré étincelant, hautain, dont elle était fort lasse. Deux robes en tout, depuis des millions d’années !

Chaque année elle déprimait davantage. Un cauchemar annuel la gagnait régulièrement, l’éveillant en sursaut au printemps. Ses parois ruisselaient alors, libérant les cascades de glace, formées durant son sommeil hivernal. Moite, effrayée, elle prenait conscience du cauchemar répétitif qui l’avait encore agité.

Envahie par les termites, elle s’était anéantie en sable. Elle devenait une dune monstrueuse. Elle ensevelissait la vallée étouffant ses habitants, sans distinction, se transformant en désert meurtrier. Elle n’en avait cure ! Envolée, sa générosité passée laissait place au fantasme qui la tenaillait ! Rejoindre la MER ! S’y fondre ! Prendre intégralement possession de cet être envié ! L’habiter totalement, lui voler corps, esprit, le remplacer ! Assouvir ce désir intense dans une agression victorieuse !

Sa capacité, insoupçonnée, à la violence, l’irrespect de la vie, la saisissait d’effroi à son réveil.

 

Mais, en même temps, elle avait expérimenté une jouissance incomparable à « être la Mer » !

 

 

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Commentaires

plume bernache
frivolité

 

 

Voilà une vieille dame restée bien frivole pour son âge : plusieurs milliers d'années quand même, même si elle ne "les fait pas" !

Rêvant de froufrous vaporeux, de jupons à festons, robe de mariée blanc givré, désireuse de changer de garde-robe (taille XXL sans doute).

J'ai bien aimé ce texte  original et plein de fraîcheur.kiss

barzoï (manquant)
Cauchemar de montagne

 D’accord avec Luluberlu, les deux mêmes phrases m’ont charmée.

luluberlu
Portrait de luluberlu
Je n’ai pas rêvé.... les

Je n’ai pas rêvé.... les causes : une profusion de « elle » et d’adjectifs qui nuisent au récit, des lourdeurs qui auraient pu être facilement évitées, des phrases parfois alambiquées, etc.

 

Illustration :

 

« Elle surplombait la vallée avec majesté, de ses quelque trois mille mètres.
Tranquillement assise depuis une éternité, ancrée massivement sur le plateau.
Elle apparaissait tôt le matin chapeautée d’un anneau cotonneux du plus bel effet. »

Un exemple, sans trop me casser la tête parce que je suis sûr que l'auteur peut mieux faire :

Ancrée sur le plateau, tranquillement assise, elle surplombait la vallée avec majesté, apparaissant tôt le matin chapeautée d’un anneau cotonneux du plus bel effet.

Désolé, ce matin la météo ne me rend pas indulgent.

 

Oups, bémol, 2 phrases m’ont accroché :yes

« Aux premières heures du jour elle s’habillait de rosée scintillante, soigneusement drapée dans les plis de ses contreforts. Un feston de végétation ourlait sa jupe de tons de vert, »

« Celle-ci animée du rythme qui scandait les vagues, brassait leurs pieds sertis de sable ou de galets. »

 

 

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