J’ai oublié jusqu’au grain de sa peau et combien son désert m’est doux.
La nudité de son corps, l’image de la nudité de son corps, le souvenir même de l’image de la nudité de son corps s’évanouit peu à peu, ou plus précisément, le souvenir que j’en garde s’éloigne jusqu’à s’effacer tout à fait comme le ferait un rêve au saut du lit, lentement dilué dans la tasse ; noir le café.
Et pourtant, il me suffit de pivoter d’un quart de tour pour la voir allongée sur le lit, encore endormie.
Voir de mes yeux vrais, grands ouverts, découverts : le commencement de son dos et son pied parfait, sculpté, poli au marbre par l’un de ces artisans rares qui ont l’amour du travail bien fait.
Alors que se passe-t-il ? Je deviens fou, c’est ça ? C’est comme ça que tout commence, une fuite de la réalité, une distance que l’on ne peut abolir et qui croît de minute en minute, seconde après seconde ?
Une voix se fait entendre, comme un appel :
— Paul... viens...
Je n’ai pas rêvé ! vous l’avez bien entendue comme moi, cette voix ?
Que me faut-il faire ? L’écouter ? La rejoindre ? Me faut-il la rejoindre ? Dites-moi ce que je dois faire ? Que je fasse semblant de la connaître, de la reconnaître...?
J’ai besoin de temps, surtout ne pas se précipiter. Méditer avant d’agir... mais de recours, je n’en eus pas.
Une angoisse monta alors jusqu’à me serrer la gorge et m’étouffer ; il me faut affronter la réalité seul. Mais laquelle ?
C’est à ce moment précis que j’eus cette révélation : j’ai compris que j’avais le choix de ne pas répondre à mes désirs et d’ignorer cette réalité, celle qui était allongée sur mon lit, là, ce matin, et qui semblait de toute évidence me connaître à la perfection.
C’est ainsi que ma vie a pris un nouveau tour.
Que vais-je devenir à présent ? Cela me fiche la trouille.
Vous le savez, vous, comment cela se termine ? Le savez-vous ?
Commentaires
....ou article pour un sujet de BIBA, Cosmopolitan ou.... on est dans le tout-venant là. Ce n'est pas du "Pussicat" que je connais.
... de peur qu'il ne se sauve ? (ce n'est pas de moi)
Je sais comment cela se termine. Mal !
Merci.
Un amour perdu ?
Un Amour à venir ?
Répondrais-je au désir de cette femme ?
Répondrais-je à mon propre désir, alors que je n’ai pu y résister déjà, de toute manière !
Aille aille aille, où me suis-je embarqué !!!!
L’amour, retrouver l’amour nous effraie un peu plus avec le temps qui s’écoule... et alors ? Allons-nous savoir gérer encore tous ces sentiments conflictuels qui ne nous laissent pas vraiment le choix, tout en faisant l’initiative du choix qui nous fait peur ?
Bref, « Mon » interprétation toute personnelle de ce texte sur le bonheur à saisir, ou pas, à vivre, ou pas !
à voir...
Finesse, sincérité inquiète passent toute en douceur.
Bravo.
Dès le début de votre texte, je pense à "La Grande Odalisque " peinte par Ingres en 1814. Le grain de peau, le pied parfait comme poli au marbre. Et je lis que "Ingres transforme le réel pour le rendre conforme à ses canons personnels, pour faire ressembler la jeune femme à l'image qu'il porte en lui de la beauté idéale."
N'est-ce pas de cette femme rêvée que parle l'auteur ? Aura-t-il la force de résister à son appel ? Et pourquoi veut-il résister? Peur d'être captif du charme de la belle, ou de lui-même ?
Alors oui, je me demande comment cela se termine…
Voilà où ce texte mystérieux m'a entraînée. Merci pour le voyage…
Ca ne se termine pas, à moins que le personnage se rencontre ( lui meme ).
C’est un texte curieux, qui m’a mis un peu mal à l’aise. J’avoue ne pas avoir tout compris. Rêve, réalité, ou les deux mêlés ?
J’ai particulièrement aimé cette phrase « le souvenir que j’en garde s’éloigne jusqu’à s’effacer tout à fait comme le ferait un rêve au saut du lit, lentement dilué dans la tasse ; noir le café. », très évocatrice.
J’ai trouvé bizarre le passage du présent au passé (ici par exemple : « mais de recours, je n’en eus pas. »), puis le retour au présent (« il me faut affronter la réalité seul. »). C’est étrange, mais ça crée un climat. Quoi qu’il en soit, on sent la tension monter... Juste une question : « Vous le savez, vous, comment cela se termine ? Le savez-vous ? »
Bon la fin, le narrateur qui s'adresse aux lecteurs, je ne suis pas très fan.
Le fond est intéressant, mais la folie du héros ne m'a pas embarqué. Trop de points d'interrogation.
J'ai l'impression que les nombreux questionnements parasitent le déroulement de cette très courte nouvelle, ils m'emmènent nulle part et me sortent de l'univers de l'histoire.
Je crois reconnaitre l'auteur, j'attends la preuve. Qu'ai-je d'autre à dire si non que j'ai adoré et que ça m'a mis la patate, je ris encore. Bravo, ce matin je pleurais...