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Exo : Profession : « profiler » – Métamorphose inversée (Les exos de l’atelier)

La pleine lune s’estompe dans le ciel pâle, c’est l’heure.

Je claque des dents, mes muscles me font mal et ma tête va exploser.

Il faut que j’y aille. Je dois le faire.

Là, maintenant. Il le faut.

— En as-tu vraiment besoin ?

— Non. C’est bien plus que cela !

— Qui te l’a dit ?

— Ma mère.

— Quand ?

— Dès ma naissance. Peut-être même avant.

— Un bébé ne comprend pas les paroles des adultes.

— Pas besoin des mots. Avec le lait de ma mère le message est passé.

J’en suis nourri. Imprégné. C’est ainsi.

— Veux-tu parler de l’atavisme ?

— Point n’ai besoin de savoir comment vous appelez ça, vous autres, soi-disant spécialistes ; moi, je ressens, j’agis, c’est tout.

D’ailleurs là, laissez–moi y aller.

Si vous saviez le plaisir de guetter, débusquer ma proie, ma chère petite qui va me donner tant de contentement tout à l’heure. Plus que ça : l’absolue jouissance. Ah, le moment où je l’aperçois… Elle ne se doute de rien. Elle commence sa journée ordinaire. Je la vois toute guillerette dans la fraîcheur du petit matin. Moi et moi seul connais son programme, son avenir immédiat et même oui, son destin. Hé hé hé ! Puisque c’est moi qui en décide.

Voyons voyons petite chérie… Tu es si belle ! Avance, avance un peu plus… allez j’agite une branche pour voir : elle s’arrête, se retourne, je devine une légère inquiétude dans son regard. C’est là que ça commence à devenir intéressant. Attention, ne pas trop l’affoler ; tout est question de dosage. J’aime voir poindre la peur. La sentir croître peu à peu. Je fais durer ; juste ce qu’il faut. Et je passe à l’action : Prédation ; immobilisation de la victime. Tétanisée la petite. Non, ça j’aime pas. Je relâche la pression. Dans ses yeux de nouveau l’espoir. Le petit corps frémit, s’agite et je frissonne.

L’instant est crucial. Ma puissance est totale.

Droit de vie et de mort. Qui dit mieux ? Hein ?

Allez, encore un peu d’action ma toute belle. Va, va, sauve-toi ! Ah non pas par là… Dommage hein ? C’est ça, fais-toi toute petite. Pleure… Pleure, ma jolie, c’est un bon « introït » pour la cérémonie. Ah, ma mère serait fière de moi… Je la revois en train de me prouver que tuer est à la portée du premier crétin venu. Surtout avec un sujet plus faible que soi. Seuls les minables se contentent de cela !

Tandis que tenir à sa merci, souffler le chaud et le froid ; faire alterner l’espoir et l’effroi : voilà le Grand Art.

Elle avait raison Maman. Ce qu’elle ne disait pas, ô divine révélation : c’est tellement bon de faire souffrir. Spectacle palpitant, sublime mélodie des gémissements, odeur subtile de la terreur et… l’apothéose : l’âcre goût du sang et de la chair tiède…

Râââh…, c’est autre chose que leurs sinistres croquettes Kat-Kat !!!

 

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Commentaires

Manuella
Portrait de Manuella
 Coucou Plume ! Tu nous

 

Coucou Plume !

 

Tu nous tiens toujours en haleine comme d’habitude, avec une chute inattendue qui révèle l’humour subtil avec lequel tu traites le sujet (difficile, effrayant, angoissant et même morbide !) pour nous laisser goûter le soulagement plutôt que l’effroi auquel nous nous attendions.

Du grand art !

 

Merci encore pour cette agréable SURPRISE !devil

 

 

enlightened

barzoi (manquant)
Drole, mon commentaire à

Drôle, mon commentaire à disparu, Dieu merci la note est restée. Un texte tout en monté, rythmé, une véritable atmosphère et une philosophie, j’ai passé un excellent moment à te lire encore, j’adore : « tuer est à la portée du premier crétin venu » Ca c’est une vérité ou je ne m’y connais pas !

 

PS. de luluberlu à propos de "Drôle, mon commentaire à disparu" : non, il suffit de cliquer sur suivant en bas de page.

 

 

brume
Portrait de brume
Hello Plume Pas de virulence

Hello Plume
Pas de virulence dans mes propos, désolée de vous avoir donné cette impression.
Merci pour votre explication.

luluberlu
Portrait de luluberlu
Virulent : Au fig. [En

Virulent : Au fig. [En parlant d’une personne, de son attitude, de ses propos] Plein d’agressivité, de vivacité, de vigueur.

Bémol : je n’ai pas décelé d’agressivité. Des ressentis, oui, de la sincérité, certainement, peut-être un peu de sévérité (mais je n’ai de leçon à donner à personne8)), rien de répréhensible donc (de mon point de vue). Mais peut-être qu’à force d’avoir été étrillé, ma sensibilité s’est émoussée.big_grin

plume bernache
ronrons et caresses

 

 

 Merci à tous ceux qui se sont arrêtés sur mon texte et ont bien voulu me faire part de leur ressenti. Positif ou négatif. C'est la règle du jeu.

  Cependant je suis stupéfaite de voir les réactions virulentes qu'il a générées. Et depuis ce matin je me regarde dans la glace avec inquiétude…
 Je te remercie  luluberlu d'avoir expliqué dans quelles conditions ce texte avait été écrit et de défendre ma cause.
Et oui, je me suis glissée dans la tête d'un chat "présumé" psychopathe…pour éviter d'emprunter la tête d'un humain serial killer.  

Certes, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête d'un chat qui attrape une proie et " joue" avec elle pendant des heures parfois et je me doute bien qu'il fait cela par instinct et probablement pour entretenir ses facultés de chasseur.
La notion de méchanceté ou gentillesse pour un chat un chien un serpent une guêpe une bête féroce (même peut-être pour un humain…) est très subjective et ne veut pas dire grand chose.

Mais là, nous ne sommes pas dans l'étude scientifique de la psychologie animale, il s'agit d'écriture, de transposition, de transfert...et d'humour (noir). Il me semble qu'un certain La Fontaine, Esope et beaucoup d'autres avant ont utilisé ce procédé pour parler des humains. Avec beaucoup plus de talent que moi, j'en conviens !

Quoi qu'il en soit, je présente mes excuses à tous les matous offensés et à leurs amis offusqués.
Je tiens à rassurer tout le monde :
Les deux douces chattes qui partagent  la maison avec nous (et très souvent notre lit douillet…) ont accepté mes excuses et aussi la gamelle de " Kat-Kat"- double dose pour la peine- dont elles raffolent !!! Elles vous envoient à tous mille ronrons et caresses.

brume
Portrait de brume
L'interêt ne réside pas

L'interêt ne réside pas uniquement à la chute. Je ne savais pas qu'il sagissait d'un chat et quand je l'ai su j'ai alors trouvé la chute incongrue.

PS: désolée Plume c'est juste un ressenti.

luluberlu
Portrait de luluberlu
@Brume : mais justement,

@Brume : mais justement, l’intérêt réside dans la chute. Lorsqu’on lit la nouvelle la première fois, on ne sait qu’à la fin qu’il s’agit d’un chat. La contrainte a été habilement contournée, parce que je dois dire que ça renâclait dur quand j’ai proposé l’exo. Sujet dérangeant s'il en est.

brume
Portrait de brume
Luluberlu j'ai bien lu les

Luluberlu j'ai bien lu les contraintes. 

J'ai bien compris qu'il fallait être dans la tête d'un tueur, mais la nouvelle dans sa globalité ne marche pas. C'est les pensées du chat psychopathe qui ne fonctionne pas. On serait dans la tête d'un tueur homme ou femme, ou celui d'un serpent ok, mais là vu l'animal j'ai du mal à y croire. Son gène l'amène à étre un prédateur pas un tueur en série pour moi il y a une différence.

luluberlu
Portrait de luluberlu
Brume, Pizzicato et Pifouone,

Brume, Pizzicato et Pifouone, il aurait fallu lire les contraintes : :)

Thriller psychologique. Profession : « profiler ».

Vous êtes dans la tête d’une tueuse en série (ou d'un tueur). Vous devez remonter le fil de sa mémoire atomisée.

Il s’agit dune métamorphose inversée (retour à la source) puisqu’il vous faut démêler ce qui l’a conduit à devenir une tueuse en série.

 

Texte écrit en atelier en temps contraint.

brume
Portrait de brume
Bonjour Plume

J'ai lu votre nouvelle et elle m'a laissé de glace.

je trouve ce chat trop verbeux. J'aurais préféré voir son esprit de prédateur à l'action, sa concentration de chasseur, sa nonchalance de chat qu'il dégage, mais tout cela est parasité par le flot de paroles du chat psychopate qui explique et insiste tout le long de l'histoire qu'il est un tueur. ça manque d'atmosphère et je trouve la psychologie du chat surjouée et incongrue. Je ne pense pas qu'un chat pense comme un criminel, il ne tue pas sa proie par simple cruauté. Enfin bon facile à dire je ne suis pas une souris, mais un chat est de nature gentil non?

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