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TANOU est un Romanée (voilier en alu de 11 m)

Lors de la remontée du Brésil entre Salvador et Recife, la mer est calme, pas de vent, le capitaine a mis un le moteur tout doucement et TANOU somnole…

Ce sont d’abord des fragrances qui m’ont sorti de mon assoupissement : fragrances transportées par le vent, fragrances de terre, fragrances de mer, fragrances de rêve. Puis ce vent coquin, ce doux zéphyr a commencé une caresse à ma poupe, jouant avec le galbe de ma carène, s’immisçant entre le safran et la barre, jouant langoureusement avec les drosses du régulateur. Un léger frémissement me fit remonter d’un à deux degrés. Puis ce polisson de vent vint me titiller entre les 2 drisses, d’une petite bise, tout doucement. Alors là, je n’avais plus du tout envie de me réveiller, mais je n’osais plus bouger de peur de quitter ce délicieux moment. Je me laissais donc aller sur cette onde sans plus de ride que cette sirène qui m’indiquait la route. Éole (où est-ce Éros ?) vint ensuite, d’un petit souffle, me chatouiller le bas du mât, puis de l’épontille à la barre de flèche et de la barre de flèche à l’épontille, il s’amusait à m’infliger un doux massage qui me fit rougir jusqu’au fond de ma quille. L’étai s’était raidi sous la caresse, mais ce chenapan de vent n’en avait pas fini, d’une brise soudaine, il fit gonfler mes voiles et tout à mon plaisir nouveau, ma proue fut envahie d’écume, une écume de mer, une écume d’amour…

Je m’ébrouai vivement et m’aperçus que j’avais rêvé. Mais non ! les bateaux ça ne rêve pas, ce sont sûrement les vapeurs du moteur qui m’ont fait halluciner.   

 

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Commentaires

gaston ligny
A TANOU C'est un texte de la

A TANOU

C'est un texte de la marine coquine  HISSEZ haut sur le gaillard

 

 d'avant C'est plaisant et gai Rendez-vous à Port d'Attache Gaston

Pussicat
Portrait de Pussicat
Tanou ou pas...

Je suis réservée. La première lecture m'avait laissée sur le bord du canal, de la plage, de la route, la faute aux mots techniques relevant de la pratique de la voile : les drosses du régulateur...entre les 2 drisses...de l’épontille à la barre de flèche...et aux fautes d'ortohographe corrigées depuis ma première lecture, comme "zéphyr" écrit précédemment "zéphyre"... c'est pourquoi je n'avais pas commenté... mais pas uniquement, j'avais également trouvé le sujet un peu éculé, le coup du rêve érotique du marin... bref, moyen.

Pussicat

Pizzicato
Il faut déjà connaître tous

Il faut déjà connaître tous ces termes d'équipement pour en faire le parallèle avec les sous-entendus.

 

J'ai trouvé cet anthropomorphisme un peu lourd parfois dans ses allusions :

" titiller entre les 2 drisses ", " chatouiller le bas du mât ",

 " ma proue fut envahie d’écume ".

En définitive ce " rêve de Tanou " n'a provoqué aucun ressenti en ce qui me concerne.

 

tanou
Bonjour lulu et merci pour ce

Bonjour lulu et merci pour ce commentaire.

Autre chose à vous demender : J'ai écrit (ou plutôt c'est Tanou lui-même qui l'a rédigé) le livre de bord de la traversée transatlantique Brésil/France.

Pensez-vous que je puisse publier cela (sachant que cela représente environ 7000 mots) en une fois ou en plusieure fois ?

Ci-après les 4 premiers jours pour apprécier la prose de Tanou.

Merci pour votre réponse.

 

TANOU Transat

FORTALEZA Brésil / Quiberon France

 

TANOU – le bateau  Romanée de 1982

CAP’TAIN – le capitaine  de …plus d’années

LE MARIN – le marin

LE MANCHOT – le pilote automatique

EOLE – Le vent

NEPTUNE – La mer

Les BETAS – Les poissons volants

 

Après délibérations et en accord avec le capitaine, vu le nombre  impressionnant de taches qui lui incombent, il a été décidé, à l’unanimité de sa voix que le livre de bord me serait confié. Je ne crois pas que ce genre de projet ait déjà été mené par un collègue et je vais donc  m’efforcer de vous transmettre mon ressenti.

 

Mardi 25 Mai 2007

Départ de Fortaleza (Brésil Nord-Est)15h30 TU direction  les Açores

J’espère faire cette traversée (2 500 MN) en une 30taine de jours, Cap’taine ayant donné  r.v à la moussaillonne fin juin.

Je vais voir si je peux arranger quelque chose avec mes amis Eole et Neptune pour que le voyage nous soit agréable.

Pour le moment, on quitte Fortaleza (sans regret) et c’est le manchot qui tient la barre :

 5 nœuds à 45° du vent, mer plate et soleil.

12h30TU

Retour à Fortaleza : une patte de fixation du réservoir de G.O. qui a cassé ; le G.O. coulait dans le coffre et le réservoir menaçait de descendre à fond de cale. Donc, ½ tour après 2h1/2 de mer. Premier accrochage léger entre le marin et Cap’tain. J’ai bien vu qu’ils n’ont pas la même façon de réagir : L’un est dans l’action, l’autre dans la réflexion. Les 2 méthodes sont sans doute aussi respectables, sinon ils n’en seraient pas là où ils sont dans leur vie. Mais bon, j’ai bien vu que ce n’était que de l’agacement. Ceci dit, il va falloir qu’ils se démènent pour réparer çà car j’ai hâte de repartir.

 

Samedi  29 Mai (1er jour)

Après 4 jours de réparation et d’attente météo, nous sommes enfin repartis à 12h TU.

EOLE a décidé d’être de la partie avec un bon 20 nœuds ( force 5 /6) et NEPTUNE, tout en restant discret, était bien là (mer hachée). Cela nous a permis de faire un bon cap et d’avancer au plus vite (6,5 Nds) pour nous éloigner des côtes avant la nuit. L’ambiance à bord est bonne, Cap’tain et le marin sont très détendus et je vois bien qu’ils avaient besoin d’entamer pour de vrai cette traversée. Pour ma part, cela me détend les voiles et me nettoie la carène.

Tout de bon comme disent les brésiliens.

 

Dimanche  30 Mai ( 2e jour)

            1.16.90 S

          38.07.27 W

         Nous sommes à 250 km du Brésil

                                        4370 km des Açores

 

Nuit d’essai avec des simili-quarts ; Cap’tain et le marin se sont réveillés toutes les heures pour jeter un œil. Pour ma part, en manches courtes (1 ris GV et 1 ris genois) je me suis bien baladé toute la nuit sur une mer qui s’est bien calmée (merci NEPTUNE) avec un vent bien établi à 17/18 Nds (merci EOLE) ce qui fait qu’au bout de 24 h, nous avions parcouru 150 MN. Tout le monde était bien content.

A bord, c’est couci-couça, seul avec Cap’tain, je m’étais habitué à naviguer cool, relax. Mais le marin à envie de me pousser un peu ; il me tire sur les écoutes et sur le gréement. Il n’a pas vraiment tort, cela nous permet de gagner entre 0,5 et 1 ND, et le but, c’est tout de même d’arriver le plus vite possible, même si on est très bien en mer.

Nous nous rapprochons donc très vite de l’équateur que nous passerons sûrement de nuit. Après, ce sera le pot au noir avec ses inconforts et ses surprises (souvent désagréables) Mais n’anticipons pas. Il est 21 h et le passage de l’autre côté se rapproche. La journée fut tranquille avec un bon vent (15/17 Nds) à 50° pour se balader à 6,5 Nds. Par contre, je sens un petit inconfort entre Cap’tain et le marin. Il y a des choses qui ne se disent pas, ils s’observent et n’osent pas tout dire. Je me rends compte que les options de voile, comme les options de vie, sont très différentes, mais je fais confiance à leur intelligence et à leur amitié et je sais que tout se passera bien.

 

Lundi 31 Mai   1 h17 ( 3e jour)

            00.00.00

          37.30.00 W

         Passage de l’équateur

 

Le marin qui avait apporté sa bouteille de champ’ a fait péter le bouchon. J’ai eu droit à ma petite giclée et je me suis senti tout guilleret pour passer la  nuit.

Ce matin, c’est vraiment très petit temps, Eole et Neptune se reposent ou sont partis faire un tour. Cap’tain me laisse traîner une ligne, mais je ne sais pas ce qu’il a mis au bout car aucun poisson ne s’y laisse prendre alors qu’ils sautent tout autour de moi, sans doute pour nous narguer. C’est pas grave, j’apprécie particulièrement ces moments où je glisse voluptueusement à 4 Nds sur une superbe mer bleu turquoise, quelques grands oiseaux nous survolant.

Du haut de mon feu de mât, je vois parfaitement la courbure de la terre et, n’ayant personne à l’horizon, je ressens et apprécie profondément cette solitude. Le temps s’est arrêté, je ne suis qu’un bateau posé sur l’eau.

Nous sommes maintenant dans les eaux de l’hémisphère nord, moi qui dans ma première vie n’avait fait que quelques ronds sur la Méditerranée, moi qu’on appelait Toby comme un chien qui rentre tous les soirs à la niche. J’ai tout de même bien agrandi mon périmètre et emmagasiné quelques souvenirs dans ma soute.

On se traîne, on se traîne, c’est la langueur des mers équatoriales. Les mouettes nous suivent et viennent s’asseoir à côté de moi, me laissant passer avant de reprendre 

Ne demande pas ton chemin, tu risquerais de ne pas te perdre.

luluberlu
Portrait de luluberlu
Heu... le pseudo dans le

Heu... le pseudo dans le titre brise l’anonymat. Dans ce cas, il aurait mieux valu proposer le texte en libre. Mais c’est un détail. Ceci étant dit (écrit), j’ai bien aimé ce petit texte délicieusement coquin parfumé aux fragrances de rêve (à moins que ce ne soit les vapeurs...). Rien à dire quant au style, sinon qu’il est fluide (normal pour un bateau, non ?).

Merci pour ce Romané conté.

barzoi (manquant)
Tanou

J'aime le sujet, le texte, les bateaux et la mer, merci pour le plaisir caressant.

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