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Un petit colis recouvert de papier kraft est arrivé par la poste. 
Impossible de lire la date sur le tampon, quant au timbre, j’suis pas fildefériste comme dirait ma voisine, mais… il n’est pas de ce siècle, j’en mettrais ma main à couper.

Enfin, c’est une façon de parler, n’est-ce pas ? Que ce soit la gauche ou la droite, j’y tiens à mes mains, elles me font vivre, elles me font rêver aussi.
Je coupe la ficelle grise d’un petit geste précis, mon couteau d’office est toujours près de moi dans la cuisine.
Le papier, lourd et gras s’écarte un peu. 
Une boîte triste en laque noire apparaît.

Je la pose rapidement près de l’évier pour aller ouvrir la porte d’entrée, le marteau vient de frapper, c’est le jeune homme de la poissonnerie qui apporte ma commande.
Je retourne dans la cuisine, les bras chargés.
La lourde boîte en polystyrène laisse échapper de délicieuses odeurs de varech et de crustacés.
D’un œil averti je vérifie le contenu de la boîte. 
J’ouvrirai les huîtres au dernier moment, quand nous prendrons l’apéritif. 
Les langoustines… allez, trois minutes dans le court-bouillon brûlant. 
Le homard bleu périra sous la lame pointue de mon couteau avant d’aller griller sur la braise rougeoyante.
Les vins sont au frais, je vais goûter le Sancerre et... mon regard s’attarde sur la petite boîte noire qui garde encore secret son contenu.

Aujourd’hui sera un grand jour.
Ezilda vient déjeuner pour la première fois à la maison.
Elle est belle et elle sent le girofle. 
Elle est sombre et elle marche comme on glisse.
Elle me dira d’où elle vient, je vais oser lui demander. 

Nous aurons un fils. 
Nous… et flûte, je me suis entaillé le doigt ; de la gaze, du sparadrap.

Déjà midi. 
Ezilda va soulever le marteau, Ezilda va habiter ma cuisine.

Il est treize heures.
Mon doigt blessé heurte la petite boîte noire ; je soulève le couvercle qui résiste un peu.
À l’intérieur, 
une photo jaunie, Ezilda si belle dans la robe de soie blanche que je lui avais offerte pour notre mariage. 
Une petite pierre d’obsidienne aussi coupante que mon couteau d’office.
Un petit sachet de gaze qui sent encore le girofle.
Un plan détaillé du port de Zanzibar.

Une larme froide coule enfin sur ma peau ridée.

 

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Commentaires

brume
Portrait de brume
Bonjour Croisic

Une histoire que j'ai dû lire et relire pour comprendre ce qui m'a échappé.

Peut-être est-ce trop elliptique pour moi mais je trouve ce texte incohérent.

Je retourne le texte dans tous les sens et non il y a toujours un truc qui cloche.

Désolée une autre fois.

Croisic
Merci pour vos lectures et commentaires avisés,

Plume, Luluberlu et Escampette.

 

Le narrateur a du commettre l'irréparable avec Ezilda.

 

L'a-t-il tuée ? S'est-elle enfuie ? A-t-elle eu ce fils espéré ?

Si oui, est-ce le fils qui envoie cette boite à son père ?

 

Je ne sais pas non plus.

J'aime l'idée de ces souvenirs qui percutent la réalité et provoquent enfin une émotion.

Escampette
Bonjour,   J'aime beaucoup

Bonjour,

 

J'aime beaucoup votre écriture que je trouve épicée.

 

Pour le fond, j'aime aussi les histoires de boîte :)

 

Texte lu deux fois pour percer le mystère. Le narrateur plonge dans le souvenir de son premier rendez-vous avec feu son épouse quand la boîte à souvenirs de la défunte le ramène à la dure réalité ? Ou l'épouse qui l'a quitté ?

 

J'ai aimé ce texte même s'il demeure dez zones d'opacité.

 

Merci.

luluberlu
Portrait de luluberlu
Pas vraiment de l’avis de

Pas vraiment de l’avis de Plume. Je ne sais pourquoi, mais j’ai trouvé le récit assez froid (comme le Sancerre). La présentation y est probablement pour quelque chose (elle me fait penser à une énumération). De plus, je n’ai pas compris : attente d’un être qui fut cher et qui ne viendra plus ? Retour d’un colis égaré pendant des années ?

Quoi qu’il en soit, désolé d’être passé à côté. J’ai trouvé ceci à propos du prénom : http://www.republicain-lorrain.fr/insolite/2015/10/28/prenom-ezilda

 

PS : c'est aussi elliptique que du luluberlu yes

 

plume bernache
     J'aime beaucoup la douce

 

 

 J'aime beaucoup la douce mélancolie qui émane de ce texte.

"une boîte triste en laque noire" venue on ne sait d'où, postée dans un autre siècle
n'empêche pas les préparatifs festifs. On dirait même qu'elle les précipite, peut-être pour retarder le moment de découvrir le contenu de la boîte.

Et comme un glas, la petite photo jaunie, la belle robe de mariée, et cette obsidienne "aussi coupante que le couteau d'office" coupent le beau rêve et permettent "enfin" à cette larme froide de couler "sur la joue ridée".

Que c'est triste et que c'est beau !

Manuella
Portrait de Manuella
Souvenir, souvenir... Tout en

Souvenir, souvenir...

Tout en suggestion ! une lecture attentive s'impose.

 

Regret ? ou Amertume ?

 

J' ai bien aimé.

 

 

enlightened

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