Au travers d’un tremblement d’eau, la tache claire d’une robe d’enfant s’éloigne.
De longues nattes brunes fouettent le vent, effacent l’avenir.
Elle est partie…
Quelques mots restent pourtant.
— Prends… cache, cache-le !... Ne m’oublie pas…
Partie…
Eslie abaissa son regard vers sa paume offerte.
Une minuscule étoile de David sertie sur un anneau d’or.
Une goutte salée la fit étinceler.
Les doigts se refermèrent, lentement.
Partie… Sarah…
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Elle ne souffrait plus.
La lumière aussi s’en était presque allée.
Des pas précautionneux devant son lit immaculé.
Des mots amis se posèrent sur son visage.
— Sarah… Sarah… enfin…
Une caresse, sa sueur essuyée.
Le poids tiède d’un anneau d’enfant dans sa main ouverte le long de son corps inerte.
Les doigts se refermèrent, lentement.
Cet anneau, son anneau…
Elle se souvint.
Une petite fille blonde, un visage rond, une promesse…
Sa meilleure amie.
C’était… c’était il y a longtemps.
Juste avant les chiens hurlants.
Juste avant les nuits, les jours secoués.
Avant ces hommes hauts et fous.
Avant ces visages secs, tordus… tous ces visages…
C’était avant la peur, la douleur, la faim.
Avant ces corps déchirés étendus sur des fils crépitants.
Avant l’arrivée des étoiles rouges.
C’était il y a longtemps.
Un dernier sourire s’échappa des lèvres pâles.
— Elsie…
Commentaires
Eh ben, pour un coup d'essai, je ne m'attendais pas à d'aussi gentils commentaires. Merci à vous tous.
C'est simplement puissant en émotion.
C'est tendre, beau, déchirant.
Rien à dire d'autre, touchée au coeur.
quel plaisir de vous retrouver Pifouane avec un aussi beau texte.
Merci, j'espère qu'on vous lira encore souvent
Double salto arrière... réussi. Tu es loin de "La chaise trouée".
j'ai beaucoup aimé.
Comment un texte si simple en apparence, léger même…peut-il renfermer une telle puissance ?
Des phrases courtes.
Pas de fioriture, juste les mots essentiels et ça suffit, une vie défile, l'émotion est là.
C'est du grand Art !
Ouf ! en plein plexus ! Superbe texte, violent et doux à la fois. Quelques mots, juste quelques mots.
« De longues nattes brunes fouettent le vent, effacent l’avenir. »