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après le jardin les toupies de couleurs où j’ondule quand tu te fais là fleurie de ces mots dévêtus de soir à flots de voiles merveilleuses qui ouvrent le voyage vers ce que nous allons devenir uniquement nous et toi pétrie ma belle et tes seins de nonchalante accroupie que je goûte en nos allongements 

 

traces sous forme de caresses d’attente et d’audaces données reçues sans compte qu’en nos souffles

 

respirer par ta bouche l’air qui ne s’achève jamais qui n’éteint que les flammes des enfers

avive les braises de nos oublis

lustre nos personnes un peu trop personne d’un éclat primitif avant la marée de plaisir où tu vas t’enfouir en ce moment de peaux parcouru

 

je te demanderai de me garder encore en cette émotion brève dans l’indéfini mais majorés l’un de l’autre

 

sauvagement exténués

 

***

 

la nuit est trop dense et sans m’endormir

 

la masse plus sombre des arbres semble contenir tant de passions qu’est ce qui énerve tant le vent ? et se plaindre les poutres qui craquent ?

trop de bruits dans ce silence trop de petites choses s’agitent ce n’est pas la nuit c’est le jour qui se cache maladroit

 

ils sont là dans le noir à retourner les pierres d’un coup de museau glouton

plus silencieux qu’une feuille roulée par le mistral

féroces entre eux tribu qui erre

 

tu dors sans doute là-haut dans la ville ma pensée t’appartient sous la lampe criblée d’insectes j’écris cette insomnie comme une toux étouffée pour ne réveiller personne surtout pas le chagrin ni le doute

 

le matin sera fatigué comme un dos de jardinier

demain nous ferons la fête avec une dame qui veut célébrer l’approche croissante de la mort

 

qu’en est-il de la naissance ? naissons-nous un jour ? ou de nuit ? tu as dit le chaos de vivre

est-ce cela le rêve que se fait la vie d’elle-même ? et si nous ne sommes pas nés à la vraie vie dormons-nous assez ?

à quel soi rêvons-nous dans le délice éphémère de te toucher femme et douce ?

que te demander de plus encore au cours de ce whisky qui va me colmater ?

 

oui

s’aimer ensemble aurait été une navigation sur le même bord et sans toutes ces questions

une amorce vers un estuaire

 

les autres hommes vont se lever le jour sourire les arbres faire semblant

ce sont tous des enfants aux horloges fidèles

 

ne croire qu’à ce qui est n’est pas une fatalité c’est simplement difficile sans dormir

 

où suis-je sans dérision ?

 

 

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Commentaires

brume
Portrait de brume
Et voilà

Je suis revenue lire ta prose, et je vais être dans la contradiction. La première fois je n'avais pas aimé, j'ai été perturbé par la forme.

J'ai accepté ta façon d'écrire car elle te représente, nous ne sommes pas obligés d'écrire comme tout le monde, ça devrait être le slogan des auteurs de poésies libres wink

L'originalité et l'identité d'une plume pour le lecteur ça passe ou ça casse.

J'ai relu et j'ai été transporté par le climat, par tant de sensualité, par tant de vie, par tant d'images superbes, je suis totalement immergée dans les sensations. J'ai été dedans, à l'intérieur de l'histoire

J'ai pris le temps de lire le fond, la forme n'a eu plus aucune importance.

J'ai adoré.

Croisic
Sensuel. Désabusé, fatigué ou

Sensuel.

Désabusé, fatigué ou bien ivre ?

J'ai créé ma propre musique pour vous lire.

Vos images me plaisent.

luluberlu
Portrait de luluberlu
Une poésie sans ponctuation.

Une poésie sans ponctuation. Après tout, pourquoi pas si cela correspond à une véritable nécessité d’écriture, et non à un procédé masquant un simple exercice de style. Pourquoi ? Ligoter la concentration du lecteur ? Pour que chaque ligne soit un feu d’artifice ?

Manifestement, certaine lectrice se retrouve dans le décor aussi vite qu’un automobiliste surpris par une glace noirepleasantry... un jour de brume (oups ! j'arrête). Lorsque le texte lui-même attire l’attention, on ne le lit pas, on a tendance à se concentrer involontairement sur l’exercice d’écriture auquel l’auteur s’est prêté. Détournements de sens, détournements d’attentions. Sauf que...

Là, la difficulté de lecture est atténuée par la mise en page. Il ne s’agit pas d’une phrase interminable sans aucune ponctuation. La mise en page ponctue. L’auteur ne se sentirait-il bien que dans la marge ? Ou bien, s’agit-il de trouver de quoi notre époque est capable en poésie et plus généralement en littérature ? On n’est plus dans les contraintes de refaire l’image qu’on en a, on peut la créer et trouver une liberté. C’est certes grisant pour l’auteur, peut-être un peu moins pour le lecteur.

Tout cela pour dire que (horresco referens) : j’ai aimé... Mais j’ai ponctué. :pcomme ici :

« après le jardin, les toupies de couleurs où j’ondule quand tu te fais là, fleurie de ces mots dévêtus de soir, à flots de voiles merveilleuses qui ouvrent le voyage vers ce que nous allons devenir, uniquement nous, et toi pétrie ma belle, et tes seins de nonchalante accroupie que je goûte en nos allongements. »

Pauvre lecteur que je suis, qui n’arrive pas à se libérer du carcan de la ponctuation, ce gendarme des mots. virgule en moins, 3 points, point en trop, six points.

Oserai-je dire que j’ai été « sauvagement exténué » à la fin de ma lecture ? Que nenni, puisque je l’ai relue plusieurs fois, mais à voix haute. Juste superbe : « est-ce cela le rêve que se fait la vie d’elle-même ? »

et « que te demander de plus encore au cours de ce whisky qui va me colmater ? »

Pour conclure :

« s’aimer ensemble aurait été une navigation sur le même bord et sans toutes ces questions

une amorce vers un estuaire »

me laisse à penser que l’auteur a renoué avec son thème favori (si je puis dire). Me trompé-je ?

 

 

plume bernache
     D'emblée ce poème

    

D'emblée ce poème installe un climat de douce et intense sensualité.
Les premières lignes sont sublimes: fluidité , beauté des images ("fleurie de  ces mots dévêtus de soir" "à flots de voiles merveilleuses qui ouvrent le voyage vers…")
 Voyage des sens? Bien plus ! Puisqu'on parle d'éteindre "les flammes des enfers", "aviver les braises de nos oublis" lustrer d'un éclat primitif"

    Et puis cette insomnie si bien écrite "comme une toux étouffée pour ne réveiller personne surtout pas le chagrin ni le doute" "ce n'est pas la nuit c'est le jour qui se cache maladroit"

Les dernières lignes suggèrent que le doute et peut-être le chagrin ont tout de même "retourné quelques pierres de leur museau glouton"

    Une bonne nuit de sommeil  aiderait sans doute à voir les choses autrement et à espérer un  voie de navigation vers l'estuaire souhaité.

      Merci pour  ce magnifique texte. Poétique, émouvant, profond.

 

 
 

brume
Portrait de brume
Bonjour

Histoire d'amour? Dérision? Même la dérision doit être de qualité, sur la forme et le fond. Bref je ne sais pas quoi en penser de votre prose poétique. Peut-être suis-je passée à côté du thème, de l'idée, de l'essence ou de je ne sais quoi. D'autres apprécieront peut-être.

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