Poème inspiré d'une photo : ICI
C’est un décor de désespoir, de pauvreté, d’aridité.
Le dénuement, la puanteur et la misère
Comme seuls les hommes savent faire...
Mais le miracle s’est accompli :
Au milieu de ce lieu, cerné par une ombre rapace,
L’enfant se tient dans la lumière.
Sinistres épousailles de la mort et la vie.
L’enfant joue, l’enfant rit.
L’enfant qui ne possède rien, joue quand même avec rien ;
Avec le don de la nature qu’on ne peut pas lui dérober.
De l’eau jetée dans le soleil
Et c’est pure merveille !
La cascade des gouttes irisées est parfaite.
C’est une gerbe étincelant,
Un trésor du Beau et de l’Enchantement.
Alors, l’enfant est richissime.
Elle est reine dans l’infini de cet instant.
Elle fait danser les gouttes aux éclats de son rire,
Et le rire de cristal ajoute à la magie.
Un parfum de bonheur s’est posé sur les choses...
L’enfant devenu Grand, l’enfant devenu Roi
Par sa fragilité, en toute nudité.
Parfait dépouillement.
Elle a trouvé la joie dans ce rien qui l’entoure.
Des gouttes de soleil éclairent sa faiblesse,
Sa touchante faiblesse en gouttes sans pareilles...
L’enfant connaît la Vie, mais elle ne le sait pas,
Et c’est là sa grandeur, et c’est là sa noblesse.
Dans le gratuit du Rien, elle possède le Tout.
Elle sait sans le savoir que le bonheur se cache,
Le vent dans ses cheveux,
Les perles du soleil,
Les gouttes sur la peau, la fraicheur de l’eau,
la musique du rire,
Le rire et l’eau mêlés,
La musique de l’eau et les gouttes du rire...
Le bonheur est donné. c’est le cadeau parfait :
Un don sans nulle trace qui passe et qui s’efface dès qu’on veut posséder.
L’enfant est jardinier
D’une petite graine il se fait un palais.
L’enfant est magicien
Avec de l’indicible il se fait des colliers
des colliers de poèmes...
L’enfant ne garde rien
Il est le Don Suprême.
Il a trouvé de l’eau et la jette au soleil
Et la Vie le lui rend sous forme de diamants
Et la Vie est complice de cet enchantement
Et la Vie se regarde dans les yeux de l’enfant
Avant que l’homme ne grignote
Bout par bout, doucement,
Ce sublime chef-d’œuvre venu du fond des temps.
Quand il aura fini de détruire sa planète,
La Vie pardonnera
Dans un tendre sourire, et retenant son souffle
La vie se souviendra
De l’enfant qui offrait cette sublime fête
Dessinant dans le ciel cette ultime Prière :
Une gerbe d’Amour en gouttes de lumière.
Commentaires
La poésie du « rien » avec trois fois rien !
Des gouttes de mots magiquement assemblées pour valider le merveilleux, au fond des yeux des enfants ivres de vie, où qu’elle soit !
Émouvant !
On reste sans voix, sous ces images poignantes jetées à nos visages adultes.
Au fond de nos yeux subsiste-t-il ces quelques paillettes enfantines pour avancer dans la vie avec bonheur ?
Un cœur fragile qui bat, voilà l’image que je « ressens ».
MERCI, de m’avoir chaviré avec tant de justesse.
« Oh tu sais, c’est si dur d’apprivoiser l’éphémère... »
Une forme et un fond époustouflants, un texte que je souhaite à beaucoup de lecteurs tant il irradie, c’est magnifique. Bravo A.Nonyme tu es pétrie de talent.
Magnifique poème parfaitement adapté à l'image donnée . Bonheur et tristesse mais joie intense, celle que seuls les enfant savent ressentir avec rien .
C'est bouleversant de beauté!
Vraiment très beau, vous évoquez la Vie, la vraie.
Votre poésie impressionniste décrit avec merveille cette magnifique photo.
Je suis submergée par ce parfum de bonheur qui éclabousse: le rire, les perles de soleil, les gouttes sur la peau, la musique de l'eau et les gouttes du rire...
C'est rafraîchissant, revigorant, positif.
Quand la poésie raconte une histoire et quand l’histoire se fait poésie. Un rien, juste quelques gouttes, une photo, la magie des mots... et le talent. « Le bonheur est donné. c’est le cadeau parfait ».